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La nuit où les drones ont frappé le cœur nucléaire de la Russie
Crédit: Adobe Stock

750 kilomètres de la frontière, mais plus aucune sécurité

La base aérienne d’Engels, aussi connue sous le nom d’Engels-2, n’est pas une installation militaire ordinaire. Construite en 1952, en service depuis 1954, elle abrite le 184ème Régiment d’Aviation de Bombardiers Lourds et le 121ème Régiment de Garde d’Aviation de Bombardiers Lourds. C’est ici que la Russie stationne ses bombardiers stratégiques les plus puissants : les Tu-95, ces vieux chevaux de guerre soviétiques avec leurs moteurs à hélices qui peuvent voler jusqu’aux États-Unis sans ravitaillement. Les Tu-160, les plus grands bombardiers opérationnels au monde, entrés en service en 1987. Et les Tu-22, avec leurs missiles supersoniques Kh-22 que l’Ukraine ne peut pratiquement pas intercepter.

Ces avions ne sont pas de simples outils militaires. Ils sont le symbole de la puissance stratégique russe. Chaque Tu-95 peut transporter 16 missiles de croisière. Chaque Tu-160 peut en porter 12, plus 24 missiles Kh-15. Ce sont ces bombardiers qui, depuis le début de l’invasion, frappent les villes ukrainiennes. Kiev. Kharkiv. Dnipro. Odessa. Des frappes qui tuent des civils. Qui détruisent des infrastructures. Qui sèment la terreur. Et maintenant, ces mêmes bombardiers brûlent sur leurs pistes. La justice immanente, peut-être. Ou simplement la logique de la guerre : celui qui frappe finit toujours par être frappé en retour.

La distance de 750 kilomètres était censée offrir une protection. Une profondeur stratégique. Un sanctuaire où les bombardiers pouvaient se reposer entre leurs missions meurtrières. Mais cette distance ne signifie plus rien à l’ère des drones de longue portée. L’Ukraine a développé des capacités qui défient toutes les prédictions. Des drones qui peuvent voler pendant des heures. Qui peuvent naviguer à travers les défenses aériennes russes. Qui peuvent frapper avec une précision chirurgicale. Et qui transforment chaque base aérienne russe, aussi éloignée soit-elle, en cible potentielle. La géographie ne protège plus. La distance ne rassure plus. Le sanctuaire n’existe plus.

Il y a quelque chose de profondément satisfaisant dans cette inversion. Ces bombardiers qui terrorisaient les civils ukrainiens, qui détruisaient des hôpitaux et des écoles, qui tuaient des enfants dans leur sommeil, maintenant ils brûlent. Sur leur propre sol. Loin de la ligne de front. Dans ce qu’ils croyaient être leur refuge. Je ne vais pas prétendre que ça ne me procure pas une certaine satisfaction. Parce que c’est exactement ce que mérite un agresseur. Pas la pitié. Pas la compréhension. La riposte. Brutale. Implacable. Jusqu’à ce que chaque bombardier soit cloué au sol. Jusqu’à ce que chaque pilote comprenne que lancer des missiles sur des civils a un prix. Un prix qui se paie en feu et en destruction.

Une cible récurrente : Engels dans le viseur ukrainien depuis 2022

Ce n’est pas la première fois qu’Engels brûle. La première attaque remonte au 5 décembre 2022. Des drones ukrainiens avaient déjà frappé la base, endommageant deux Tu-95. À l’époque, le ministère britannique de la Défense avait qualifié cet événement de « l’un des échecs les plus stratégiquement significatifs de la protection des forces depuis l’invasion de l’Ukraine ». Deux autres tentatives avaient suivi le même mois, sans causer de dégâts majeurs. Puis, le silence pendant plus d’un an. Jusqu’au 10 janvier 2024, où deux drones avaient été abattus au-dessus de la base. Et le 20 mars 2024, une nouvelle frappe. Et maintenant, le 7 décembre 2024.

Chaque attaque apprend quelque chose aux Ukrainiens. Chaque échec les rend plus forts. Chaque succès les encourage à aller plus loin. C’est une guerre d’usure technologique. Une course entre les défenses russes qui tentent de s’adapter et les capacités ukrainiennes qui ne cessent d’évoluer. Et pour l’instant, l’Ukraine gagne cette course. Parce que les bombardiers continuent de brûler. Parce que les dépôts de carburant continuent d’exploser. Parce que la Russie ne peut pas protéger toutes ses installations stratégiques sur un territoire aussi vaste.

Les images satellites ne mentent pas. Après l’attaque du 20 mars, le projet Schemes de Radio Free Europe avait identifié 11 avions militaires russes sur la base, dont six Tu-95 et trois Tu-160. Aucun dommage confirmé cette fois-là. Mais l’attaque du 7 décembre semble avoir été plus dévastatrice. Les témoins locaux parlent d’explosions multiples. D’incendies qui ont duré des heures. De dégâts considérables. Les détails précis restent flous, comme toujours dans le brouillard de la guerre. Mais une chose est certaine : Engels n’est plus le sanctuaire qu’elle était censée être. Et chaque pilote russe qui décolle de cette base sait maintenant qu’il pourrait ne jamais revenir. Pas à cause de la défense aérienne ukrainienne. Mais parce que sa propre base pourrait être en flammes quand il tentera d’atterrir.

Sources

Sources primaires

UNITED24 Media, « Drone Attacks Reportedly Target Engels Air Base, Fuel Depot, and Power Grid in Russia », 7 décembre 2024. Kyiv Independent, « Locals report explosions near Engels airfield, oil depot in Russia’s Saratov Oblast amid overnight drone attacks », 7 décembre 2024. Ministère russe de la Défense, communiqué officiel sur les interceptions de drones, 7 décembre 2024. Gouverneur de Saratov Roman Busargin, déclarations sur Telegram, 7 décembre 2024. Gouverneur de Rostov Yury Slyusar, déclarations sur Telegram concernant les dommages aux pylônes électriques, 7 décembre 2024.

Sources secondaires

Kyiv Independent, « Source: Ukraine hits Russia’s Engels air base. Can it change how Russia attacks? », 5 avril 2024. UNITED24 Media, « Ukraine Strikes Russia’s Engels Strategic Bomber Base as Fires Break Out in Saratov », 28 novembre 2024. Militarnyi, « Drones hit strategic aviation fuel storage facility in Engels », dates diverses 2024. Radio Free Europe/Radio Liberty, projet Schemes, analyses d’images satellites de la base d’Engels, mars 2024. Ministère britannique de la Défense, évaluation de l’attaque du 5 décembre 2022 sur Engels. Exilenova Plus, rapports de témoins locaux et vidéos des attaques, 7 décembre 2024. ASTRA, canal Telegram russe, témoignages d’habitants de Saratov et Rostov, 7 décembre 2024.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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