750 kilomètres de la frontière, mais plus aucune sécurité
La base aérienne d’Engels, aussi connue sous le nom d’Engels-2, n’est pas une installation militaire ordinaire. Construite en 1952, en service depuis 1954, elle abrite le 184ème Régiment d’Aviation de Bombardiers Lourds et le 121ème Régiment de Garde d’Aviation de Bombardiers Lourds. C’est ici que la Russie stationne ses bombardiers stratégiques les plus puissants : les Tu-95, ces vieux chevaux de guerre soviétiques avec leurs moteurs à hélices qui peuvent voler jusqu’aux États-Unis sans ravitaillement. Les Tu-160, les plus grands bombardiers opérationnels au monde, entrés en service en 1987. Et les Tu-22, avec leurs missiles supersoniques Kh-22 que l’Ukraine ne peut pratiquement pas intercepter.
Ces avions ne sont pas de simples outils militaires. Ils sont le symbole de la puissance stratégique russe. Chaque Tu-95 peut transporter 16 missiles de croisière. Chaque Tu-160 peut en porter 12, plus 24 missiles Kh-15. Ce sont ces bombardiers qui, depuis le début de l’invasion, frappent les villes ukrainiennes. Kiev. Kharkiv. Dnipro. Odessa. Des frappes qui tuent des civils. Qui détruisent des infrastructures. Qui sèment la terreur. Et maintenant, ces mêmes bombardiers brûlent sur leurs pistes. La justice immanente, peut-être. Ou simplement la logique de la guerre : celui qui frappe finit toujours par être frappé en retour.
La distance de 750 kilomètres était censée offrir une protection. Une profondeur stratégique. Un sanctuaire où les bombardiers pouvaient se reposer entre leurs missions meurtrières. Mais cette distance ne signifie plus rien à l’ère des drones de longue portée. L’Ukraine a développé des capacités qui défient toutes les prédictions. Des drones qui peuvent voler pendant des heures. Qui peuvent naviguer à travers les défenses aériennes russes. Qui peuvent frapper avec une précision chirurgicale. Et qui transforment chaque base aérienne russe, aussi éloignée soit-elle, en cible potentielle. La géographie ne protège plus. La distance ne rassure plus. Le sanctuaire n’existe plus.
Il y a quelque chose de profondément satisfaisant dans cette inversion. Ces bombardiers qui terrorisaient les civils ukrainiens, qui détruisaient des hôpitaux et des écoles, qui tuaient des enfants dans leur sommeil, maintenant ils brûlent. Sur leur propre sol. Loin de la ligne de front. Dans ce qu’ils croyaient être leur refuge. Je ne vais pas prétendre que ça ne me procure pas une certaine satisfaction. Parce que c’est exactement ce que mérite un agresseur. Pas la pitié. Pas la compréhension. La riposte. Brutale. Implacable. Jusqu’à ce que chaque bombardier soit cloué au sol. Jusqu’à ce que chaque pilote comprenne que lancer des missiles sur des civils a un prix. Un prix qui se paie en feu et en destruction.
Une cible récurrente : Engels dans le viseur ukrainien depuis 2022
Ce n’est pas la première fois qu’Engels brûle. La première attaque remonte au 5 décembre 2022. Des drones ukrainiens avaient déjà frappé la base, endommageant deux Tu-95. À l’époque, le ministère britannique de la Défense avait qualifié cet événement de « l’un des échecs les plus stratégiquement significatifs de la protection des forces depuis l’invasion de l’Ukraine ». Deux autres tentatives avaient suivi le même mois, sans causer de dégâts majeurs. Puis, le silence pendant plus d’un an. Jusqu’au 10 janvier 2024, où deux drones avaient été abattus au-dessus de la base. Et le 20 mars 2024, une nouvelle frappe. Et maintenant, le 7 décembre 2024.
Chaque attaque apprend quelque chose aux Ukrainiens. Chaque échec les rend plus forts. Chaque succès les encourage à aller plus loin. C’est une guerre d’usure technologique. Une course entre les défenses russes qui tentent de s’adapter et les capacités ukrainiennes qui ne cessent d’évoluer. Et pour l’instant, l’Ukraine gagne cette course. Parce que les bombardiers continuent de brûler. Parce que les dépôts de carburant continuent d’exploser. Parce que la Russie ne peut pas protéger toutes ses installations stratégiques sur un territoire aussi vaste.
Les images satellites ne mentent pas. Après l’attaque du 20 mars, le projet Schemes de Radio Free Europe avait identifié 11 avions militaires russes sur la base, dont six Tu-95 et trois Tu-160. Aucun dommage confirmé cette fois-là. Mais l’attaque du 7 décembre semble avoir été plus dévastatrice. Les témoins locaux parlent d’explosions multiples. D’incendies qui ont duré des heures. De dégâts considérables. Les détails précis restent flous, comme toujours dans le brouillard de la guerre. Mais une chose est certaine : Engels n’est plus le sanctuaire qu’elle était censée être. Et chaque pilote russe qui décolle de cette base sait maintenant qu’il pourrait ne jamais revenir. Pas à cause de la défense aérienne ukrainienne. Mais parce que sa propre base pourrait être en flammes quand il tentera d’atterrir.
Le dépôt de carburant : Frapper l'approvisionnement
Quand le carburant des bombardiers part en fumée
Pendant que les bombardiers brûlaient à Engels, un autre objectif était touché : le dépôt de carburant de la ville. Pas n’importe quel dépôt. Celui qui alimente directement la base aérienne. Celui qui permet aux Tu-95 et aux Tu-160 de décoller pour leurs missions meurtrières. Celui sans lequel ces bombardiers ne sont que des carcasses métalliques clouées au sol. L’Ukraine ne frappe pas au hasard. Elle frappe intelligemment. Méthodiquement. En ciblant non seulement les avions, mais aussi l’infrastructure qui les soutient. C’est une stratégie de guerre totale. Une guerre qui ne se contente pas de détruire les armes, mais qui vise à paralyser toute la chaîne logistique.
Les témoins locaux ont rapporté des explosions près du dépôt. Des flammes qui s’élevaient dans la nuit. Une lueur orange qui illuminait le ciel d’Engels. Le genre d’incendie qu’on ne peut pas cacher. Le genre de destruction qui se voit depuis des kilomètres. Et qui envoie un message clair : l’Ukraine peut frapper n’importe quelle installation russe, aussi stratégique soit-elle, aussi bien protégée soit-elle supposée être. Les dépôts de carburant. Les raffineries. Les pipelines. Tout ce qui alimente la machine de guerre russe est désormais une cible légitime. Et l’Ukraine a les moyens de les atteindre.
Ce n’est pas la première fois que l’Ukraine cible les installations pétrolières d’Engels. L’usine Kristal, une raffinerie qui fournit du carburant à la base aérienne, avait déjà été frappée auparavant. Chaque attaque affaiblit un peu plus la capacité opérationnelle de la base. Chaque litre de carburant détruit est un missile de moins qui sera lancé sur l’Ukraine. C’est une guerre d’attrition. Lente. Méthodique. Implacable. Et qui finit par porter ses fruits. Parce qu’on ne peut pas faire voler des bombardiers sans carburant. On ne peut pas maintenir une campagne de bombardement sans une logistique fonctionnelle. Et l’Ukraine le sait. Elle frappe là où ça fait mal. Là où ça compte vraiment.
La raffinerie de Saratov : Une cible récurrente
La région de Saratov n’est pas étrangère aux attaques de drones ukrainiennes. La raffinerie de Saratov elle-même a été frappée à plusieurs reprises en 2024. En février. En septembre. Chaque fois, les mêmes scènes se répètent. Les explosions. Les incendies. Les autorités russes qui minimisent. Et puis, quelques jours plus tard, les images satellites qui montrent l’ampleur réelle des dégâts. C’est devenu un rituel presque prévisible. L’Ukraine frappe. La Russie nie. Les preuves émergent. La vérité éclate.
Ces frappes répétées ne sont pas le fruit du hasard. Elles font partie d’une stratégie délibérée visant à affaiblir l’infrastructure énergétique russe. À réduire la capacité de la Russie à produire et à distribuer le carburant nécessaire à son effort de guerre. À créer des pénuries. À augmenter les coûts. À compliquer la logistique. C’est une guerre économique autant que militaire. Une guerre qui vise à rendre le conflit insoutenable pour la Russie. Pas seulement sur le plan militaire, mais aussi sur le plan économique et social. Parce qu’une guerre qu’on ne peut plus financer est une guerre qu’on finit par perdre.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, l’Ukraine a frappé 21 des 38 raffineries majeures russes. Environ 38% de la capacité de raffinage russe a été mise hors service à un moment ou à un autre. Les exportations de produits pétroliers ont chuté de 17% en septembre. Les prix de l’essence en Russie ont augmenté de 10%, la hausse la plus importante en 15 ans. Et tout ça, c’est avant de compter les dégâts de l’attaque du 7 décembre. Avant de calculer l’impact des frappes sur Engels et sur le dépôt de carburant. L’effet cumulatif de toutes ces attaques commence à se faire sentir. Dans les stations-service russes où les files d’attente s’allongent. Dans les budgets des ménages qui voient leurs coûts de transport exploser. Dans l’économie russe qui vacille sous le poids de cette guerre qu’elle ne peut plus vraiment se permettre.
Certains diront que c’est cruel. Que frapper l’infrastructure énergétique affecte les civils. Qu’il faut faire preuve de retenue. À ceux-là, je pose une question simple : où était cette retenue quand les missiles russes pleuvaient sur les villes ukrainiennes ? Où était cette compassion quand les bombardiers d’Engels lançaient leurs frappes sur des hôpitaux, des écoles, des immeubles résidentiels ? La guerre n’est pas un jeu de salon où l’on respecte des règles de bienséance. C’est une lutte pour la survie. Et dans cette lutte, l’Ukraine fait ce qu’elle doit faire. Elle frappe les sources de financement de l’agression. Elle détruit les moyens qui permettent à la Russie de continuer sa guerre. C’est brutal ? Oui. C’est nécessaire ? Absolument.
Rostov : Quand le réseau électrique s'effondre
250 foyers plongés dans le noir
Pendant que Engels brûlait, la région voisine de Rostov subissait ses propres attaques. Des drones ukrainiens ont frappé des pylônes électriques dans le district de Sholokhovsky. Les structures métalliques se sont effondrées. Les câbles se sont rompus. Et 250 foyers se sont retrouvés sans électricité. Le gouverneur Yury Slyusar a confirmé les dégâts, tout en assurant qu’aucune victime n’était à déplorer. Une petite consolation pour ceux qui se sont réveillés dans le noir, sans chauffage en plein hiver russe, sans moyen de cuisiner, sans connexion au monde extérieur.
Ces attaques sur le réseau électrique ne sont pas anodines. Elles visent à perturber la vie quotidienne. À créer des désagréments. À faire ressentir à la population russe le coût réel de la guerre menée par leur gouvernement. Parce que tant que la guerre reste lointaine, tant qu’elle ne touche que les soldats au front, tant qu’elle n’affecte pas le quotidien des Russes ordinaires, il est facile de l’ignorer. De la soutenir, même. Mais quand l’électricité est coupée, quand les stations-service sont vides, quand les prix explosent, la guerre devient soudainement très réelle. Très personnelle. Très présente.
L’Ukraine applique la même stratégie que la Russie a utilisée contre elle pendant des mois. Frapper l’infrastructure énergétique. Créer des pannes. Plonger les gens dans le noir et le froid. Sauf que l’Ukraine le fait en représailles, en légitime défense, après avoir subi des mois de bombardements russes sur ses propres centrales électriques et ses réseaux de distribution. C’est le retour du bâton. La loi du talion. Œil pour œil, pylône pour pylône. Et si certains trouvent ça excessif, qu’ils se souviennent de l’hiver 2022-2023, quand des millions d’Ukrainiens vivaient sans électricité, sans chauffage, sans eau courante, parce que la Russie avait systématiquement détruit leur infrastructure énergétique. La mémoire est courte, parfois. Mais les Ukrainiens, eux, n’oublient pas.
Une attaque coordonnée sur plusieurs fronts
Ce qui frappe dans l’attaque du 7 décembre, c’est sa coordination. Engels. Le dépôt de carburant. Rostov. Trois cibles différentes. Trois régions différentes. Mais une seule opération. Synchronisée. Planifiée. Exécutée avec une précision militaire. Ce n’est pas le travail d’amateurs. C’est une opération de guerre moderne, utilisant des drones de longue portée, des systèmes de navigation sophistiqués, et une intelligence militaire de premier ordre. L’Ukraine ne se contente plus de réagir. Elle prend l’initiative. Elle frappe quand elle veut, où elle veut, comment elle veut.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir intercepté 77 drones. Mais si c’est vrai, combien de drones l’Ukraine a-t-elle réellement lancés ? 100 ? 150 ? 200 ? Parce que les dégâts observés suggèrent que beaucoup de drones ont atteint leurs cibles. Les bombardiers touchés à Engels. Le dépôt de carburant en flammes. Les pylônes électriques détruits à Rostov. Tout ça ne peut pas être le résultat de drones qui ont été « interceptés ». La mathématique ne fonctionne pas. Soit la Russie ment sur le nombre de drones abattus, soit l’Ukraine en a lancé tellement que même en intercepter 77 n’a pas suffi à empêcher des dégâts massifs. Dans les deux cas, le message est clair : la défense aérienne russe ne peut pas arrêter les attaques de drones ukrainiennes.
Cette capacité à mener des attaques coordonnées sur plusieurs fronts simultanément démontre la maturité opérationnelle de l’Ukraine. Au début de la guerre, les frappes ukrainiennes en territoire russe étaient sporadiques. Opportunistes. Maintenant, elles sont systématiques. Planifiées. Intégrées dans une stratégie globale visant à affaiblir la capacité de la Russie à mener la guerre. C’est une évolution remarquable. Une transformation d’une armée qui se défendait en une force capable de projeter sa puissance à des centaines de kilomètres en territoire ennemi. Et cette transformation change la donne. Parce qu’une Ukraine capable de frapper Engels peut frapper n’importe où en Russie. Y compris Moscou. Y compris le Kremlin. Et ça, c’est une perspective qui doit terrifier les dirigeants russes.
La montée en puissance ukrainienne : Des drones qui changent la guerre
De la défense à l’offensive : L’évolution des capacités ukrainiennes
Il y a deux ans, l’Ukraine luttait pour sa survie. Ses forces aériennes étaient largement inférieures à celles de la Russie. Ses capacités de frappe à longue distance étaient limitées. Elle dépendait des armes fournies par l’Occident, avec toutes les restrictions d’utilisation que cela impliquait. Aujourd’hui, l’Ukraine produit ses propres drones de longue portée. Des drones capables de voler pendant des heures. De naviguer à travers les défenses aériennes russes. De frapper avec une précision remarquable. Et de transformer chaque installation militaire russe en cible potentielle.
Cette transformation ne s’est pas faite du jour au lendemain. Elle est le résultat d’investissements massifs dans l’industrie de défense ukrainienne. D’une mobilisation de l’expertise technologique du pays. D’une coopération entre le secteur public et privé. Et d’une détermination sans faille à développer les capacités nécessaires pour gagner cette guerre. Le président Zelenskyy l’a dit clairement : « Nous avons des drones, et nous savons comment les produire. » Ce n’est pas de la vantardise. C’est un constat. Une réalité que la Russie découvre à ses dépens, attaque après attaque, nuit après nuit.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, l’Ukraine a frappé 21 des 38 raffineries majeures russes. Elle a détruit ou endommagé des dizaines de dépôts de carburant. Elle a frappé des bases aériennes situées à plus de 1000 kilomètres de la frontière. Elle a créé une crise énergétique en Russie, avec des pénuries de carburant et des hausses de prix qui affectent directement la population. Tout ça avec des drones. Des drones produits localement. Des drones qui coûtent une fraction du prix des missiles de croisière. Des drones qui changent fondamentalement l’équilibre de cette guerre.
C’est fascinant de voir comment la technologie peut niveler le terrain de jeu. La Russie a des milliers de chars, des centaines d’avions, une armée massive. Mais tout ça ne sert à rien quand des drones à quelques dizaines de milliers de dollars peuvent détruire des bombardiers à plusieurs dizaines de millions. Quand une petite équipe d’ingénieurs ukrainiens peut créer des armes qui paralysent l’infrastructure énergétique d’une superpuissance nucléaire. C’est la revanche des petits. La victoire de l’intelligence sur la force brute. Et c’est magnifique à observer. Parce que ça prouve qu’on n’a pas besoin d’être le plus fort pour gagner. On a juste besoin d’être le plus intelligent.
La stratégie Zelenskyy : « C’est leur argent de guerre »
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a été clair sur la logique derrière ces frappes. « C’est leur argent de guerre – du raffinage du pétrole. C’est pourquoi nous le ciblons. » Une justification simple. Directe. Implacable. L’industrie pétrolière russe génère les revenus qui financent la guerre. Chaque baril raffiné, chaque litre vendu, chaque dollar gagné se transforme en armes, en munitions, en salaires pour les soldats russes. En ciblant cette source de revenus, l’Ukraine vise à tarir le financement de l’agression dont elle est victime. C’est une guerre économique autant que militaire.
Cette stratégie a ses détracteurs. Certains pays occidentaux ont exprimé des réserves sur les frappes contre l’infrastructure énergétique russe, craignant une escalade ou des répercussions sur les marchés mondiaux de l’énergie. Mais Zelenskyy ne cède pas. Il sait que cette guerre ne se gagnera pas seulement sur le champ de bataille. Elle se gagnera aussi en rendant le conflit économiquement insoutenable pour la Russie. En créant des pressions internes. En faisant ressentir à la population russe le coût réel de la guerre menée par leur gouvernement. C’est une stratégie à long terme. Patiente. Méthodique. Et qui commence à porter ses fruits.
Les résultats sont là. 38% de la capacité de raffinage russe hors service. Une chute de 17% des exportations de produits pétroliers. Une hausse de 10% des prix de l’essence en Russie. Des files d’attente aux stations-service. Des pénuries. Un mécontentement croissant. Tout ça, c’est l’œuvre de la stratégie ukrainienne. Une stratégie qui vise non pas à détruire la Russie, mais à la forcer à mettre fin à son agression. À lui faire comprendre que cette guerre a un coût. Un coût qui augmente chaque jour. Un coût qui finira par devenir insupportable. Et quand ce jour viendra, quand la Russie réalisera qu’elle ne peut plus se permettre de continuer, alors peut-être, peut-être, la paix deviendra possible.
Conclusion : La nouvelle réalité de la guerre moderne
Quand les drones redéfinissent la puissance militaire
L’attaque du 7 décembre 2024 sur Engels n’est pas un événement isolé. C’est un symbole. Le symbole d’une nouvelle ère dans la conduite de la guerre. Une ère où les drones de longue portée peuvent frapper n’importe où, n’importe quand. Où la distance ne protège plus. Où les sanctuaires n’existent plus. Où une nation plus petite, moins puissante sur le papier, peut tenir tête à une superpuissance nucléaire. Non pas en l’affrontant directement, mais en exploitant ses vulnérabilités. En frappant là où ça fait mal. En transformant chaque installation stratégique en cible potentielle.
Cette nouvelle réalité change tout. Les concepts traditionnels de défense territoriale, de profondeur stratégique, de zones arrière sécurisées, tout ça appartient au passé. Dans le monde des drones, il n’y a plus de ligne de front claire. Plus de distinction nette entre l’avant et l’arrière. Tout est potentiellement une cible. Tout est potentiellement vulnérable. Et cette vulnérabilité universelle redéfinit la nature même de la puissance militaire. Parce qu’avoir des milliers de chars et des centaines d’avions ne sert à rien si on ne peut pas les protéger. Si on ne peut pas protéger le carburant qui les alimente. Si on ne peut pas protéger l’infrastructure qui les soutient.
L’Ukraine l’a compris. Elle a adapté sa stratégie. Elle a développé les capacités nécessaires. Et maintenant, elle les utilise avec une efficacité redoutable. Chaque nuit, des drones ukrainiens traversent le ciel russe. Chaque nuit, des installations stratégiques brûlent. Chaque nuit, la Russie découvre un peu plus l’ampleur de sa vulnérabilité. Et chaque nuit, le mythe de l’invincibilité russe s’effrite un peu plus. Parce que la vérité, c’est que la Russie ne peut pas gagner cette guerre. Elle peut la prolonger. Elle peut causer plus de destructions. Elle peut tuer plus de gens. Mais elle ne peut pas gagner. Pas contre une Ukraine qui refuse de se soumettre. Pas contre une Ukraine qui a appris à frapper au cœur du territoire russe. Pas contre une Ukraine qui a transformé la guerre en un cauchemar pour l’agresseur.
Je pense souvent à ces pilotes russes qui décollent d’Engels. Qui montent dans leurs bombardiers. Qui lancent leurs missiles sur des villes ukrainiennes. Qui tuent des civils. Qui détruisent des vies. Et je me demande ce qu’ils ressentent maintenant. Maintenant qu’ils savent que leur propre base peut être frappée. Que leurs propres avions peuvent brûler. Que leur propre sanctuaire n’en est plus un. Est-ce qu’ils ont peur ? Est-ce qu’ils réalisent que chaque mission pourrait être la dernière ? Pas parce qu’ils seraient abattus au-dessus de l’Ukraine, mais parce que leur base pourrait ne plus exister quand ils reviendront ? J’espère qu’ils ont peur. J’espère que cette peur les empêche de dormir. Parce que c’est exactement ce que ressentent les Ukrainiens chaque nuit depuis le début de cette guerre. La peur. L’incertitude. La terreur de ne pas savoir si on verra le lendemain. Maintenant, les Russes commencent à comprendre. Et c’est bien. C’est juste. C’est mérité.
L’avenir de cette guerre : Plus de frappes, plus de pression, plus de coûts
L’attaque du 7 décembre ne sera pas la dernière. Elle ne sera même pas la plus dévastatrice. Parce que l’Ukraine continue d’améliorer ses capacités. Ses drones deviennent plus sophistiqués. Plus précis. Plus difficiles à intercepter. Et ses cibles deviennent plus ambitieuses. Aujourd’hui, c’est Engels. Demain, ce sera peut-être une autre base aérienne. Ou une raffinerie encore plus importante. Ou une installation militaire encore plus stratégique. L’Ukraine a compris qu’elle ne peut pas gagner cette guerre en se contentant de défendre son territoire. Elle doit porter la guerre en Russie. Elle doit faire payer à l’agresseur le prix de son agression.
Et ce prix ne cesse d’augmenter. Chaque bombardier détruit coûte des dizaines de millions de dollars. Chaque dépôt de carburant en flammes représente des millions de litres de carburant perdus. Chaque raffinerie hors service réduit les revenus de l’État russe. Chaque pylône électrique effondré crée du mécontentement parmi la population. L’effet cumulatif de toutes ces attaques commence à se faire sentir. Dans l’économie russe qui vacille. Dans les budgets militaires qui se tendent. Dans la capacité de la Russie à maintenir son effort de guerre. Et plus cette pression augmente, plus la fin de cette guerre se rapproche.
Parce que toutes les guerres finissent. Toutes. Même les plus longues. Même les plus sanglantes. Elles finissent quand l’un des belligérants réalise qu’il ne peut plus continuer. Qu’il ne peut plus se permettre de continuer. Que le coût est devenu trop élevé. Et l’Ukraine fait tout pour que ce moment arrive le plus vite possible. Elle frappe. Elle détruit. Elle perturbe. Elle rend cette guerre insoutenable pour la Russie. Pas par vengeance. Pas par cruauté. Mais par nécessité. Parce que c’est la seule façon de mettre fin à cette agression. La seule façon de sauver des vies ukrainiennes. La seule façon de retrouver la paix. Une paix qui ne viendra pas de la diplomatie. Pas de la bonne volonté russe. Mais de la force. De la détermination. De la capacité de l’Ukraine à rendre cette guerre si coûteuse que même le Kremlin finira par comprendre qu’il doit y mettre fin.
Sources
Sources primaires
UNITED24 Media, « Drone Attacks Reportedly Target Engels Air Base, Fuel Depot, and Power Grid in Russia », 7 décembre 2024. Kyiv Independent, « Locals report explosions near Engels airfield, oil depot in Russia’s Saratov Oblast amid overnight drone attacks », 7 décembre 2024. Ministère russe de la Défense, communiqué officiel sur les interceptions de drones, 7 décembre 2024. Gouverneur de Saratov Roman Busargin, déclarations sur Telegram, 7 décembre 2024. Gouverneur de Rostov Yury Slyusar, déclarations sur Telegram concernant les dommages aux pylônes électriques, 7 décembre 2024.
Sources secondaires
Kyiv Independent, « Source: Ukraine hits Russia’s Engels air base. Can it change how Russia attacks? », 5 avril 2024. UNITED24 Media, « Ukraine Strikes Russia’s Engels Strategic Bomber Base as Fires Break Out in Saratov », 28 novembre 2024. Militarnyi, « Drones hit strategic aviation fuel storage facility in Engels », dates diverses 2024. Radio Free Europe/Radio Liberty, projet Schemes, analyses d’images satellites de la base d’Engels, mars 2024. Ministère britannique de la Défense, évaluation de l’attaque du 5 décembre 2022 sur Engels. Exilenova Plus, rapports de témoins locaux et vidéos des attaques, 7 décembre 2024. ASTRA, canal Telegram russe, témoignages d’habitants de Saratov et Rostov, 7 décembre 2024.
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