Une bataille urbaine d’une intensité rare
Les images qui nous parviennent de Pokrovsk sont apocalyptiques. Des immeubles éventrés. Des rues jonchées de débris. Des incendies qui brûlent sans contrôle. La ville est devenue un champ de ruines où se joue une bataille urbaine d’une violence inouïe. Le six décembre, des soldats ukrainiens ont hissé leur drapeau sur l’allée Yakuba Kolasa dans le nord de la ville. Cette vidéo géolocalisée prouve que les forces de Kiev maintiennent des positions dans Pokrovsk malgré les affirmations russes. Le Kremlin a annoncé la capture complète de la ville le premier décembre. Le porte-parole Dmitri Peskov a déclaré que Krasnoarmeysk, l’ancien nom soviétique que Moscou continue d’utiliser, était tombée. Mais la réalité du terrain contredit cette propagande. Les combats continuent. Acharnés. Meurtriers. Sans merci. Le général Oleksandr Syrskyi, commandant en chef des forces armées ukrainiennes, a confirmé dans une interview à Sky News que ses troupes contrôlent toujours la partie nord de Pokrovsk le long de la ligne ferroviaire. Les Russes n’ont pas réussi à chasser complètement les défenseurs. Ils ont infiltré le centre-ville. Ils ont pris le contrôle de nombreux quartiers. Mais des poches de résistance subsistent.
La tactique russe est brutale dans sa simplicité. Ils avancent par petits groupes. Deux ou trois hommes au début. Maintenant quatre ou cinq. Ils s’infiltrent entre les positions ukrainiennes. Ils occupent des immeubles. Ils transforment chaque bâtiment en forteresse. Les Ukrainiens ripostent. Ils utilisent des drones pour frapper ces groupes d’assaut. Ils lancent des contre-attaques pour reprendre le terrain perdu. Mais les Russes reviennent. Toujours. Ils ont une concentration de troupes massive au sud de la ville. Les routes d’accès restent ouvertes pour eux. Ils peuvent acheminer des renforts, des munitions, du matériel. Les Ukrainiens, eux, ont des lignes de communication de plus en plus précaires. L’artillerie russe pilonne les routes d’évacuation. Les drones kamikazes traquent les véhicules de ravitaillement. La logistique ukrainienne est mise à rude épreuve. Roman Pohorily et Ruslan Mykula, analystes du projet DeepState, décrivent une situation où les positions ukrainiennes et russes sont entremêlées. Il n’y a plus de ligne de front claire. Les combats se déroulent d’immeuble en immeuble, de rue en rue, parfois de pièce en pièce. C’est une guerre urbaine dans toute son horreur.
Pokrovsk me hante. Cette ville que je ne connais pas, dont j’ignorais l’existence il y a encore quelques mois, est devenue le symbole de quelque chose de plus grand. Le symbole de la résistance face à l’écrasement. Du courage face à la terreur. De l’obstination face à la fatalité. Les soldats ukrainiens qui se battent là-bas savent qu’ils vont probablement mourir. Ils savent que les renforts ne viendront peut-être pas. Que les munitions s’épuisent. Que la situation est désespérée. Et pourtant ils tiennent. Ils hissent leur drapeau sur des ruines. Ils lancent des contre-attaques suicidaires. Ils refusent de céder. Il y a quelque chose de profondément humain dans cette résistance. Quelque chose qui nous rappelle que même dans les pires circonstances, l’esprit peut triompher de la matière. Que la volonté peut défier les probabilités. Mais à quel prix ? Combien de vies sacrifiées pour quelques rues détruites ? Combien de jeunes hommes fauchés pour retarder l’inévitable de quelques jours ?
Le piège de Myrnohrad se referme
À sept kilomètres de Pokrovsk se trouve Myrnohrad. Cette ville de taille moyenne est devenue le prochain objectif russe. Et la situation y est encore plus dangereuse qu’à Pokrovsk selon les experts militaires. La présence russe y est moins importante pour l’instant. Mais la ville est pratiquement encerclée. Les routes d’accès sont sous le feu constant de l’artillerie ennemie. Entrer ou sortir de Myrnohrad relève du suicide. Les forces ukrainiennes stationnées là-bas sont ravitaillées par drones et robots terrestres. Les véhicules traditionnels ne peuvent plus circuler. Trop dangereux. Trop exposés. Roman Pohorily explique que si Pokrovsk tombe, les Russes contrôleront tous les mouvements vers Myrnohrad. Les soldats ukrainiens seront piégés. Impossible de se replier. Impossible de recevoir des renforts. Impossible de tenir indéfiniment. Les Russes n’ont pas besoin de lancer un assaut frontal sur Myrnohrad. Ils avancent méthodiquement depuis le nord, le sud et l’est. Ils bombardent le centre-ville avec des bombes planantes et des roquettes. Ils cherchent à briser le moral des défenseurs. À les forcer à abandonner leurs positions. À les affamer. À les isoler complètement.
Les villages entre Pokrovsk et Myrnohrad sont déjà tombés ou sont en train de tomber. Rivne et Svitle ont été infiltrés à plusieurs reprises par des groupes russes. Ces localités servent de bases avancées pour les attaques contre Myrnohrad. Dans le sud-est de la ville, les Russes ont établi un point de lancement de drones. Cela signifie qu’ils contrôlent déjà une partie du territoire. Qu’ils ont réussi à s’implanter suffisamment pour installer des équipements. Les combats de rue sont rares à Myrnohrad pour l’instant. Mais cela ne durera pas. Une fois Pokrovsk tombée, toute la puissance de feu russe se concentrera sur cette ville. Des milliers de soldats pourront y être déployés. La logistique russe sera simplifiée. Pokrovsk deviendra une base arrière d’où partiront les assauts contre Myrnohrad. Roman Pohorily est pessimiste. Il dit qu’il faudrait un miracle pour sauver la situation. Que la priorité doit être de sauver des vies humaines. Ruslan Mykula ajoute que la capture de ces deux villes facilitera les attaques russes contre le reste de la région de Donetsk. Toute la logistique ennemie sera concentrée là. Des bases permanentes seront établies. Des milliers de soldats y seront stationnés. L’offensive russe gagnera en puissance et en efficacité.
La stratégie russe du rouleau compresseur
Une guerre d’attrition assumée
La Russie a choisi une stratégie simple mais terriblement efficace. Elle accepte de payer le prix du sang. Elle sacrifie ses soldats par milliers pour gagner quelques kilomètres. Elle utilise sa supériorité numérique pour submerger les défenses ukrainiennes. C’est une guerre d’attrition dans sa forme la plus brutale. Moscou envoie vague après vague d’assaillants. Beaucoup meurent. Mais certains passent. Ils s’infiltrent. Ils prennent position. Et la ligne de front recule. Lentement. Inexorablement. Les pertes russes sont colossales. Huit cent dix soldats tués en une journée. Mais la Russie continue. Elle mobilise. Elle recrute. Elle puise dans ses réserves démographiques. Elle fait venir des travailleurs migrants d’Inde pour compenser les pénuries de main-d’œuvre dans l’industrie. Elle s’appuie sur la Corée du Nord pour obtenir des obus d’artillerie, des missiles et même des soldats. Elle collabore avec la Chine pour produire des drones. Moscou a construit une économie de guerre. Une machine qui tourne à plein régime pour alimenter le front en hommes et en matériel. Les usines tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La production militaire a été multipliée. Les stocks soviétiques sont vidés et remis en état.
Cette stratégie a un coût humain effroyable. Plus d’un million de soldats russes ont été tués ou blessés depuis le début de la guerre. Des villes entières ont perdu leur jeunesse. Des régions se vident. Mais le Kremlin s’en moque. Vladimir Poutine a fait le pari qu’il pouvait tenir plus longtemps que l’Ukraine. Que la Russie, avec sa population de cent quarante millions d’habitants, pouvait absorber des pertes que Kiev ne pourrait jamais supporter. Que l’Occident finirait par se lasser. Que les livraisons d’armes diminueraient. Que le soutien politique s’éroderait. Et il avait raison sur certains points. L’aide occidentale a fluctué. Les débats politiques en Europe et aux États-Unis ont ralenti les décisions. Les restrictions sur l’utilisation des armes fournies ont limité l’efficacité ukrainienne. Pendant ce temps, la Russie avançait. Lentement mais sûrement. Elle grignotait le territoire. Elle détruisait les infrastructures. Elle épuisait l’adversaire. Le secteur de Pokrovsk illustre parfaitement cette stratégie. Les Russes attaquent sans relâche. Ils acceptent des pertes énormes. Mais ils progressent. Ils encerclent. Ils isolent. Ils étranglent.
Il y a quelque chose de monstrueux dans cette logique. Cette acceptation froide que des dizaines de milliers d’hommes vont mourir pour conquérir une ville. Cette indifférence totale à la souffrance humaine. Poutine joue aux échecs avec des vies. Il calcule. Il optimise. Il sacrifie des pions pour gagner la partie. Et le pire, c’est que ça marche. Sa stratégie fonctionne. Pokrovsk tombe. Myrnohrad va suivre. Le Donbass se vide de ses défenseurs. L’Ukraine saigne. Elle se bat avec un courage admirable. Mais elle saigne. Et nous, l’Occident, nous regardons. Nous envoyons des armes. Nous imposons des sanctions. Nous condamnons. Mais est-ce suffisant ? Quand je vois ces chiffres de pertes russes, je me dis que Moscou est prête à tout. Absolument tout. Même à sacrifier une génération entière. Comment combattre un adversaire qui ne recule devant rien ?
Le brouillard comme allié tactique
Les conditions météorologiques jouent un rôle crucial dans les combats actuels. Le brouillard épais qui recouvre le Donbass en cette saison empêche les drones ukrainiens de voler efficacement. Or, Kiev s’appuie massivement sur ces engins pour compenser son infériorité numérique. Les drones FPV ukrainiens ont causé des ravages dans les rangs russes pendant des mois. Ils traquaient les colonnes de véhicules. Ils frappaient les positions d’artillerie. Ils harcelaient les groupes d’assaut. Mais le brouillard change la donne. Les caméras des drones ne voient plus rien. Les pilotes sont aveugles. Les Russes l’ont compris. Ils ont adapté leur tactique. Ils attaquent maintenant principalement par temps de brouillard. Le colonel Viktor Trehubov, porte-parole de la Force opérationnelle conjointe ukrainienne, a confirmé que les forces russes près de Vovchansk exploitent le mauvais temps pour lancer leurs assauts. Elles profitent de la dégradation des opérations de drones ukrainiens pour utiliser leur supériorité numérique en infanterie. C’est une adaptation tactique intelligente. Les Russes ont appris de leurs erreurs. Ils ne lancent plus d’attaques massives en plein jour quand le ciel est dégagé. Ils attendent. Ils guettent la météo. Et quand le brouillard tombe, ils frappent.
Cette dépendance aux conditions météorologiques crée un rythme particulier dans les combats. Des périodes d’accalmie relative quand le temps est clair. Puis des explosions de violence quand le brouillard arrive. Les soldats ukrainiens vivent dans une tension permanente. Ils savent que chaque banc de brume peut amener une attaque. Ils scrutent l’horizon. Ils tendent l’oreille. Ils attendent. Un sous-officier d’une brigade ukrainienne opérant dans le secteur de Siversk a expliqué que les forces russes profitent du brouillard pour s’infiltrer entre les positions ukrainiennes. Elles doivent traverser un cordon de quinze kilomètres pour atteindre les lignes de défense. Mais dans la brume, elles y parviennent. Les Ukrainiens aussi utilisent le brouillard. Pour la logistique. Quand les drones russes ne peuvent pas voler, c’est le moment d’acheminer des munitions et des vivres. Les camions roulent dans la brume. Ils prennent des risques calculés. Ils savent que la menace des drones FPV est réduite. Mais l’artillerie reste active. Les obus continuent de pleuvoir. Le brouillard n’arrête pas les canons. Il ralentit juste les drones. C’est un répit partiel. Une fenêtre d’opportunité que les deux camps exploitent différemment.
L'effondrement des infrastructures ukrainiennes
Sept cents missiles en une nuit
La nuit du cinq au six décembre restera dans les mémoires comme l’une des plus violentes de cette guerre. Sept cent quatre missiles et drones ont frappé l’Ukraine. C’est un record. Un pic de violence qui dépasse tout ce qui avait été vu jusqu’alors. L’armée de l’air ukrainienne a détaillé cette attaque massive. Six cent cinquante-trois drones de type Shahed, Gerbera et autres ont été lancés depuis les régions de Koursk, Orel, Briansk, Millerovo dans l’oblast de Rostov, Primorsko-Akhtarsk dans le kraï de Krasnodar et le cap Chauda en Crimée occupée. Trois missiles aérobalistiques Kh-47M2 Kinzhal ont été tirés depuis l’espace aérien au-dessus des oblasts de Riazan et Tambov. Trente-quatre missiles de croisière Kh-101, Iskander-K et Kalibr ont été lancés depuis l’oblast de Rostov et la zone de la mer Noire. Quatorze missiles balistiques Iskander-M et KN-23 ont été tirés depuis les oblasts de Briansk et Rostov, le kraï de Krasnodar et la Crimée occupée. Les défenses aériennes ukrainiennes ont abattu cinq cent quatre-vingt-cinq drones, vingt-neuf missiles de croisière et un missile balistique. C’est un taux d’interception impressionnant. Mais insuffisant. Des missiles et soixante drones ont atteint leurs cibles. Ils ont frappé vingt-neuf localités. Des débris sont tombés sur trois autres.
Les cibles étaient principalement des infrastructures civiles. Des centrales électriques. Des sous-stations. Des lignes de transmission. Le ministère ukrainien de l’Énergie a confirmé que des installations de production, distribution et transmission d’électricité avaient été touchées à travers tout le pays. Les conséquences ont été immédiates. Des pannes de courant massives dans les oblasts d’Odessa, Tchernihiv, Kiev, Kharkiv, Dnipropetrovsk et Mykolaïv. Des restrictions énergétiques imposées. Des coupures tournantes organisées. Anatoliy Zamulko, chef adjoint de l’Inspection d’État ukrainienne pour la supervision de l’énergie, a expliqué que les frappes russes avaient touché des installations qui redistribuent l’électricité entre les régions ukrainiennes. Cela a forcé les centrales nucléaires à réduire leur capacité de production. Le réseau électrique ukrainien est interconnecté. Quand un nœud est détruit, tout le système est affecté. Les Russes le savent. Ils ciblent méthodiquement ces points névralgiques. Ils cherchent à plonger l’Ukraine dans le noir. À paralyser l’économie. À briser le moral de la population. L’hiver approche. Les températures chutent. Sans électricité, sans chauffage, la vie devient insupportable.
Sept cents missiles. Sept cents. Je répète ce chiffre et il me semble irréel. Comment peut-on lancer sept cents projectiles en une seule nuit ? Quelle logistique cela demande ? Quelle planification ? Quelle volonté de destruction ? Les Russes ne visent pas des cibles militaires. Ils visent des civils. Des centrales électriques qui alimentent des hôpitaux, des écoles, des maisons. Des gares ferroviaires où transitent des familles. Des entrepôts de nourriture et de médicaments. C’est une guerre totale. Une guerre qui ne fait plus de distinction entre combattants et non-combattants. Entre objectifs militaires et infrastructures civiles. Tout est cible. Tout peut être détruit. Et pendant ce temps, on parle de négociations. On parle de paix. Mais quelle paix peut-on construire sur de telles ruines ? Comment faire confiance à un adversaire qui bombarde des civils avec une telle systématicité ? Je suis en colère. Une colère froide qui monte du ventre. Contre cette guerre. Contre cette violence. Contre cette indifférence.
La destruction de Fastiv
La gare ferroviaire de Fastiv dans l’oblast de Kiev a été complètement détruite. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé que des drones russes avaient pulvérisé cette infrastructure cruciale. Fastiv était un nœud ferroviaire important. Elle connectait Kiev à ses banlieues. Des milliers de personnes l’utilisaient quotidiennement pour se rendre au travail. Pour rentrer chez elles. Pour vivre leur vie. Cette gare n’existe plus. Les bâtiments sont éventrés. Les quais sont détruits. Les voies sont tordues. Les trains de banlieue électriques qui stationnaient là ont été réduits en ferraille. Ukrzaliznytsia, l’opérateur ferroviaire ukrainien, a annoncé que les frappes avaient perturbé les lignes de banlieue et forcé les autorités à limiter les opérations ferroviaires. Oleksandr Pertsovsky, président d’Ukrzaliznytsia, a précisé que les frappes n’avaient pas touché les trains de marchandises mais bien la gare de Fastiv et les trains de banlieue électriques. C’est une distinction importante. Les Russes ont délibérément visé le transport de passagers. Ils ont voulu perturber la vie quotidienne des habitants de la région de Kiev. Les forcer à rester chez eux. Compliquer leurs déplacements. Créer du chaos et de la frustration.
Cette attaque s’inscrit dans une stratégie plus large de destruction des infrastructures de transport. Les Russes ciblent systématiquement les gares, les ponts, les dépôts ferroviaires. Ils veulent paralyser la mobilité ukrainienne. Empêcher le déplacement des troupes. Compliquer l’acheminement des munitions et du matériel vers le front. Mais ils frappent aussi les infrastructures civiles. Parce que tout est lié. Les mêmes voies ferrées qui transportent des soldats transportent aussi des civils. Les mêmes ponts qui permettent aux convois militaires de passer permettent aussi aux ambulances de circuler. En détruisant ces infrastructures, la Russie frappe à la fois l’effort de guerre ukrainien et la population civile. C’est une double peine. Une stratégie cynique mais efficace. Le ministre ukrainien de l’Intérieur Ihor Klymenko a également signalé que les forces russes avaient frappé des entrepôts de nourriture et de médicaments dans les oblasts de Kiev, Volyn et Dnipropetrovsk. Ces frappes visent à créer des pénuries. À affamer la population. À la priver de soins médicaux. C’est une guerre contre les civils autant que contre les militaires.
Les négociations dans l'ombre de la guerre
Washington et Kiev cherchent une issue
Pendant que les bombes pleuvaient sur l’Ukraine, les diplomates américains et ukrainiens se rencontraient. Les quatre et cinq décembre, des délégations se sont réunies pour discuter d’un éventuel processus de paix. Le Département d’État américain et Rustem Umerov, secrétaire du Conseil de sécurité et de défense nationale ukrainien, ont publié une déclaration conjointe. Ils ont affirmé que tout progrès vers des pourparlers de paix dépendait de la volonté de la Russie de démontrer un engagement de bonne foi envers une paix durable. Les délégations ont travaillé à trouver une voie crédible vers un règlement durable et juste en Ukraine. Umerov a réaffirmé la priorité de l’Ukraine d’obtenir un accord de paix qui protège l’indépendance et la souveraineté du pays, assure la sécurité des Ukrainiens et fournisse une base stable pour un avenir démocratique et prospère. Les délégations se sont mises d’accord sur le cadre des arrangements de sécurité. Elles ont discuté des capacités de dissuasion nécessaires pour une paix durable. Elles ont examiné l’agenda pour soutenir la reconstruction post-guerre de l’Ukraine, les initiatives économiques conjointes américano-ukrainiennes et les projets de relèvement à long terme. Des mots. Des intentions. Des promesses.
Le général Oleksandr Syrskyi a déclaré dans une interview à Sky News qu’il ne pouvait y avoir de paix juste que s’il y avait un cessez-le-feu le long des lignes de front actuelles, après quoi la Russie et l’Ukraine pourraient mener des négociations. C’est la position ukrainienne. Geler le conflit sur les positions actuelles. Puis négocier. Mais la Russie acceptera-t-elle ? Moscou a investi trop de ressources, sacrifié trop d’hommes pour accepter un simple gel du conflit. Poutine veut des gains territoriaux. Il veut pouvoir présenter cette guerre comme une victoire à son peuple. Il veut annexer officiellement les territoires occupés. Un cessez-le-feu sur les lignes actuelles ne lui suffirait pas. Il continuerait à pousser. À grignoter du terrain. À créer des faits accomplis. L’envoyé spécial américain Steve Witkoff s’est rendu à Moscou. Il a rencontré des officiels russes. Il a tenté de sonder leurs intentions. Mais les résultats de ces discussions restent flous. La Russie joue la montre. Elle continue son offensive pendant qu’elle discute. Elle négocie d’une main et bombarde de l’autre. C’est une tactique classique. Gagner le maximum de terrain avant un éventuel cessez-le-feu. Améliorer sa position de négociation par la force.
Ces négociations me laissent un goût amer. Elles se déroulent pendant que Pokrovsk brûle. Pendant que des civils meurent sous les bombes. Pendant que des soldats s’entretuent dans les ruines. Comment peut-on négocier sérieusement dans ces conditions ? Comment peut-on faire confiance à un interlocuteur qui massacre pendant qu’il parle de paix ? La Russie ne veut pas la paix. Elle veut la victoire. Elle veut imposer ses conditions. Elle veut que l’Ukraine capitule. Et l’Occident ? Que veut vraiment l’Occident ? La paix ou la tranquillité ? La justice ou la stabilité ? Je crains que nous soyons prêts à sacrifier l’Ukraine sur l’autel de nos intérêts. À accepter un accord bancal qui permettrait à Poutine de sauver la face. À abandonner Kiev à son sort. Parce que nous sommes fatigués. Parce que cette guerre coûte cher. Parce que nos opinions publiques veulent passer à autre chose. Mais on ne peut pas passer à autre chose quand l’injustice triomphe.
Le piège des cessez-le-feu prématurés
Un cessez-le-feu maintenant serait une catastrophe pour l’Ukraine. Il figerait les gains russes. Il permettrait à Moscou de consolider ses positions. De fortifier les territoires occupés. De les intégrer administrativement à la Russie. De déplacer les populations. D’effacer l’identité ukrainienne de ces régions. Un cessez-le-feu sans garanties de sécurité solides ne serait qu’une pause. Une respiration avant la prochaine offensive russe. L’histoire récente le prouve. Les accords de Minsk n’ont pas empêché l’invasion de deux mille vingt-deux. Ils ont juste donné du temps à la Russie pour se préparer. Pour moderniser son armée. Pour accumuler des stocks. Pour planifier l’offensive. Un nouveau cessez-le-feu suivrait probablement le même schéma. Moscou l’utiliserait pour reconstituer ses forces. Pour réparer son matériel. Pour former de nouvelles unités. Et dans quelques années, l’offensive reprendrait. Plus forte. Plus dévastatrice. L’Ukraine a besoin de garanties de sécurité réelles. Pas de promesses vagues. Pas de déclarations d’intention. Des garanties concrètes. Une adhésion à l’OTAN. Ou un traité de défense mutuelle avec les États-Unis et l’Europe. Quelque chose qui dissuaderait vraiment la Russie de recommencer.
Mais ces garanties, l’Occident est-il prêt à les donner ? L’OTAN acceptera-t-elle d’intégrer un pays en guerre ? Les États-Unis s’engageront-ils à défendre militairement l’Ukraine ? L’Europe trouvera-t-elle le courage politique de prendre position fermement ? Les doutes sont permis. Les signaux envoyés par Washington sont contradictoires. D’un côté, on parle de soutien indéfectible. De l’autre, on pousse à des négociations rapides. On suggère que l’Ukraine devrait faire des concessions territoriales. Que la paix vaut bien quelques sacrifices. Mais quels sacrifices ? Abandonner Pokrovsk ? Myrnohrad ? Toute la région de Donetsk ? La Crimée ? Où s’arrête-t-on ? À quel moment dit-on que c’est trop ? Que certaines lignes ne peuvent pas être franchies ? Le général Syrskyi a raison de dire qu’abandonner du territoire serait inacceptable. Ce serait récompenser l’agression. Légitimer la conquête par la force. Envoyer un message terrible au monde entier. Que la violence paie. Que les dictateurs peuvent envahir leurs voisins impunément. Que la communauté internationale ne fera rien pour les arrêter. Les conséquences dépasseraient largement l’Ukraine. Elles affecteraient l’ordre international tout entier.
L'aide occidentale à l'épreuve du temps
Les promesses et la réalité
L’Occident a promis de soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire. Les États-Unis ont fourni des dizaines de milliards de dollars d’aide militaire. L’Europe a fait de même. Des chars, des missiles, des systèmes de défense aérienne, des munitions. Un flot continu d’armements a traversé les frontières ukrainiennes. Mais ce soutien a toujours été accompagné de restrictions. Les armes fournies ne peuvent pas être utilisées pour frapper en profondeur le territoire russe. Les missiles à longue portée sont interdits de certaines cibles. Les avions de combat promis tardent à arriver. Les formations prennent du temps. Les livraisons sont échelonnées. Chaque nouvelle tranche d’aide doit être négociée, votée, approuvée. Les processus bureaucratiques ralentissent tout. Pendant ce temps, la Russie produit et déploie sans contrainte. Elle n’a pas de parlement à convaincre. Pas d’opinion publique à ménager. Pas de débats interminables sur l’opportunité de telle ou telle livraison. Poutine décide et les usines tournent. Les soldats sont mobilisés. Les offensives sont lancées. Cette asymétrie donne un avantage considérable à Moscou. Elle peut planifier sur le long terme. Elle sait que ses ressources, bien que limitées, sont garanties. L’Ukraine, elle, vit dans l’incertitude permanente.
Les élections américaines ont créé une nouvelle source d’inquiétude. Le retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche fait planer des doutes sur la continuité du soutien américain. Trump a déclaré à plusieurs reprises qu’il mettrait fin à la guerre en vingt-quatre heures. Comment ? En forçant l’Ukraine à accepter les conditions russes ? En coupant l’aide militaire ? En abandonnant Kiev à son sort ? Personne ne le sait vraiment. Mais la simple possibilité d’un retournement de la politique américaine affaiblit la position ukrainienne. Elle encourage la Russie à tenir bon. À continuer l’offensive. À parier que le soutien occidental finira par s’effriter. En Europe aussi, les fissures apparaissent. La Hongrie bloque certaines décisions. La Slovaquie hésite. L’Allemagne tergiverse sur les livraisons de Taurus. La France parle beaucoup mais agit peu. L’unité européenne, si forte au début de la guerre, se fissure sous le poids du temps et de la lassitude. Les opinions publiques occidentales sont fatiguées. Elles veulent passer à autre chose. Elles ne comprennent pas pourquoi leurs impôts financent une guerre lointaine. Les populistes exploitent ce sentiment. Ils promettent de couper l’aide à l’Ukraine. De se concentrer sur les problèmes domestiques. De laisser les Ukrainiens se débrouiller seuls.
Cette lassitude occidentale me révolte. Nous sommes fatigués ? Vraiment ? Nous qui dormons dans des lits chauds pendant que des Ukrainiens meurent dans les tranchées ? Nous qui nous plaignons de l’inflation pendant qu’ils perdent leurs maisons, leurs familles, leurs vies ? Notre fatigue est un luxe. Un privilège obscène. Les Ukrainiens n’ont pas le choix d’être fatigués. Ils doivent se battre ou mourir. Ils doivent résister ou disparaître. Et nous, nous débattons de savoir si nous devons continuer à les aider. Si ça vaut vraiment le coup. Si nos intérêts sont vraiment menacés. Mais bien sûr qu’ils le sont ! Si l’Ukraine tombe, qui sera le prochain ? Les pays baltes ? La Pologne ? Où s’arrêtera Poutine ? Quand comprendrons-nous que l’appeasement ne fonctionne jamais avec les dictateurs ? Qu’il faut les arrêter avant qu’il ne soit trop tard ? Munich devrait nous avoir appris quelque chose. Mais apparemment non. Nous sommes prêts à répéter les mêmes erreurs. À sacrifier les petits pays pour acheter une paix illusoire.
Les munitions, nerf de la guerre
Le problème le plus critique pour l’Ukraine reste les munitions. L’artillerie dévore des obus à un rythme effréné. Des milliers de projectiles sont tirés chaque jour. Les stocks s’épuisent plus vite qu’ils ne peuvent être reconstitués. L’industrie occidentale n’est pas dimensionnée pour une guerre de haute intensité. Elle produit pour des conflits limités. Pour des opérations de maintien de la paix. Pas pour une guerre totale comme celle qui se déroule en Ukraine. Les usines tournent à plein régime mais ne suffisent pas. Les commandes s’accumulent. Les délais de livraison s’allongent. L’Ukraine doit rationner ses tirs. Choisir ses cibles avec soin. Économiser chaque obus. Pendant ce temps, la Russie tire sans compter. Elle a hérité de stocks soviétiques gigantesques. Elle a relancé sa production. Elle reçoit des munitions de Corée du Nord et d’Iran. Elle peut se permettre de saturer les défenses ukrainiennes avec des tirs d’artillerie massifs. Cette asymétrie dans les munitions se traduit directement sur le champ de bataille. Les positions ukrainiennes sont pilonnées sans relâche. Les soldats vivent sous un déluge de feu constant. Ils ne peuvent pas riposter avec la même intensité. Ils doivent subir. Encaisser. Espérer survivre.
Les drones partiellement compensent ce déséquilibre. L’Ukraine a développé une industrie de drones impressionnante. Des milliers d’engins sont produits chaque mois. Des FPV kamikazes. Des drones de reconnaissance. Des drones de guerre électronique. Ces machines peu coûteuses permettent de frapper l’ennemi avec précision. De détruire des chars, des véhicules, des positions d’artillerie. Mais les drones ont leurs limites. Ils sont vulnérables au brouillage électronique. Ils ne peuvent pas voler par mauvais temps. Ils ne remplacent pas l’artillerie lourde pour les bombardements massifs. Et maintenant, la Russie développe ses propres capacités de drones. Elle apprend. Elle s’adapte. Elle copie les tactiques ukrainiennes. L’avantage technologique de Kiev s’érode. Le champ de bataille devient plus équilibré. Et quand les capacités s’équilibrent, c’est le nombre qui fait la différence. Or, la Russie a le nombre. Elle a plus d’hommes. Plus de matériel. Plus de ressources. L’Ukraine doit compenser par l’ingéniosité, le courage, la détermination. Mais combien de temps peut-on tenir sur ces seules qualités ? Combien de temps avant que l’épuisement ne gagne ? Avant que les lignes ne craquent ? Avant que la résistance ne s’effondre ?
Le coût humain invisible
Les soldats épuisés
Derrière les statistiques, il y a des hommes. Des soldats qui se battent depuis des mois, parfois des années. Qui ont vu leurs camarades mourir. Qui portent des blessures physiques et psychologiques. Qui sont épuisés jusqu’à la moelle. L’armée ukrainienne manque cruellement de rotations. Les mêmes unités restent au front pendant des périodes interminables. Elles ne peuvent pas se reposer. Se reconstituer. Récupérer. Les renforts manquent. La mobilisation ne suffit pas à combler les pertes. Les nouvelles recrues sont envoyées au front après des formations accélérées. Elles n’ont pas l’expérience. Elles font des erreurs. Elles meurent plus facilement. Les vétérans doivent compenser. Prendre plus de risques. Assumer plus de responsabilités. Ils tiennent par la force de la volonté. Par le sens du devoir. Par l’amour de leur pays. Mais la volonté a ses limites. Le corps humain a ses limites. L’esprit a ses limites. On ne peut pas demander à des hommes de se battre indéfiniment sans pause. Sans espoir de relève. Sans perspective de fin. Le moral s’érode. La fatigue s’accumule. Les erreurs se multiplient. Les lignes deviennent plus fragiles.
Les témoignages des soldats sont poignants. Ils parlent de journées interminables sous les bombardements. De nuits sans sommeil dans les tranchées. De la peur constante. Du froid qui pénètre jusqu’aux os. De la faim quand les ravitaillements n’arrivent pas. De la soif quand l’eau manque. De l’odeur de la mort qui imprègne tout. Ils parlent de leurs camarades tombés. De ceux qu’ils ont dû laisser sur le champ de bataille parce qu’il était trop dangereux de récupérer les corps. De ceux qui ont été blessés et qu’ils n’ont pas pu évacuer à temps. De ceux qui sont devenus fous sous la pression. Qui ont craqué. Qui se sont enfuis. Qui se sont suicidés. La guerre détruit les hommes de mille façons. Pas seulement par les balles et les obus. Mais par l’usure. Par l’accumulation de traumatismes. Par la perte de tout ce qui fait qu’une vie vaut la peine d’être vécue. Ces soldats se battent pour leur pays. Pour leur liberté. Pour leur avenir. Mais à quel prix ? Combien d’entre eux survivront ? Et parmi les survivants, combien pourront reprendre une vie normale ? Combien seront hantés par ce qu’ils ont vu et fait ? Combien porteront ces cicatrices jusqu’à la fin de leurs jours ?
Je pense à ces hommes et mon cœur se serre. Je pense à leur courage. À leur sacrifice. À leur détermination. Mais je pense aussi à leur souffrance. À leur épuisement. À leur désespoir parfois. Ils méritent mieux que ce que nous leur donnons. Ils méritent un soutien sans faille. Des armes en quantité suffisante. Des munitions illimitées. Des rotations régulières. Des soins médicaux de qualité. Des perspectives d’avenir. Mais nous leur donnons des promesses. Des déclarations. Des débats parlementaires. Nous ergottons sur le type d’armes à envoyer pendant qu’ils meurent. Nous calculons le coût de l’aide pendant qu’ils paient le prix du sang. C’est indécent. C’est honteux. Ces hommes se battent pour nous aussi. Pour nos valeurs. Pour notre sécurité. Pour notre mode de vie. Ils sont le rempart entre la démocratie et l’autocratie. Entre la liberté et l’oppression. Et nous les laissons se débrouiller avec des moyens insuffisants. Nous devrions avoir honte.
Les civils pris au piège
Les soldats ne sont pas les seuls à souffrir. Les civils pris dans les zones de combat vivent un enfer quotidien. À Pokrovsk, ceux qui n’ont pas pu évacuer survivent dans des caves. Ils se terrent pendant les bombardements. Ils sortent entre deux attaques pour chercher de l’eau, de la nourriture. Ils vivent dans la peur permanente. Chaque sifflement d’obus les fait sursauter. Chaque explosion les fait trembler. Les enfants ne vont plus à l’école. Les hôpitaux fonctionnent au minimum. L’électricité est coupée. Le chauffage ne marche plus. L’hiver arrive et les températures chutent. Comment survivre dans ces conditions ? Comment garder espoir quand tout s’effondre autour de soi ? Les autorités ukrainiennes ont ordonné l’évacuation des zones de combat. Mais tout le monde ne peut pas partir. Les personnes âgées. Les malades. Ceux qui n’ont nulle part où aller. Ceux qui refusent d’abandonner leur maison. Ils restent. Ils s’accrochent. Ils espèrent que la guerre passera. Que leur ville sera libérée. Que la vie reprendra. Mais la réalité est cruelle. Pokrovsk est en train de tomber. Myrnohrad suivra. Ces villes seront détruites. Leurs habitants dispersés. Leurs histoires effacées.
Dans les territoires déjà occupés, la situation est encore pire. Les Russes imposent leur loi. Ils arrêtent ceux qui résistent. Ils déportent les populations. Ils russifient de force. Les écoles enseignent en russe. L’histoire ukrainienne est réécrite. Les symboles nationaux sont interdits. Ceux qui protestent disparaissent. Les prisons se remplissent. Les tortures sont monnaie courante. Les témoignages qui filtrent sont terrifiants. Des exécutions sommaires. Des viols systématiques. Des pillages organisés. La Russie ne se contente pas de conquérir du territoire. Elle veut effacer l’identité ukrainienne. Transformer ces régions en terre russe. Faire disparaître toute trace de ce qu’elles étaient. C’est un génocide culturel. Une tentative d’annihilation d’un peuple. Et le monde regarde. Il condamne. Il sanctionne. Mais il ne fait rien pour arrêter cette machine de destruction. Les civils ukrainiens sont abandonnés à leur sort. Ils subissent. Ils endurent. Ils espèrent. Mais l’espoir s’amenuise chaque jour un peu plus. Quand la communauté internationale interviendra-t-elle vraiment ? Quand dira-t-elle que ça suffit ? Qu’on ne peut plus tolérer ces atrocités ? Ou attendra-t-on que tout soit fini ? Que l’Ukraine soit rayée de la carte ? Que son peuple soit dispersé aux quatre vents ?
La machine de guerre russe
L’économie au service du conflit
La Russie a transformé son économie en machine de guerre. Toutes les ressources du pays sont mobilisées pour soutenir l’effort militaire. Les usines d’armement tournent vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les vieux chars soviétiques sont sortis des entrepôts et remis en état. Les stocks de munitions sont reconstitués. La production de drones explose. Moscou a signé des accords avec l’Inde pour importer de la main-d’œuvre et compenser les pénuries causées par la mobilisation. Le vice-Premier ministre russe Denis Manturov a annoncé que la Russie pourrait accepter un nombre illimité de travailleurs migrants indiens. Les industries manufacturières russes manquent de huit cent mille ouvriers. Le commerce, la construction et les services ont besoin d’un million cinq cent mille travailleurs supplémentaires. La guerre a vidé les usines. Les hommes sont au front. Il faut les remplacer. L’Inde fournit cette main-d’œuvre. En échange, la Russie partage sa technologie militaire. Elle aide New Delhi à produire localement des chars T-90, des avions Su-57, des missiles BrahMos. Sergueï Chemezov, patron du conglomérat d’État Rostec, a déclaré que la Russie discutait avec l’Inde de la localisation de la production de drones russes, y compris les munitions rôdeuses Lancet. Ces drones qui font des ravages en Ukraine pourraient bientôt être fabriqués en Inde.
La Corée du Nord joue également un rôle crucial. Pyongyang fournit des obus d’artillerie, des missiles et même des soldats. Des milliers de Nord-Coréens combattent aux côtés des Russes. Ils apprennent les tactiques modernes. Ils acquièrent une expérience de combat précieuse. En échange, la Russie partage sa technologie. Elle aide la Corée du Nord à développer ses programmes de missiles et de satellites. C’est un échange gagnant-gagnant pour les deux dictatures. La Chine aussi soutient l’effort de guerre russe. Pékin fournit des composants de drones. Elle aide à localiser la production de certains modèles. Les drones Garpiya sont maintenant fabriqués en Chine. Les composants chinois sont essentiels pour les drones russes. Ils permettent à Moscou d’adapter rapidement ses engins aux conditions du champ de bataille. D’intégrer de nouvelles technologies. De contrer les contre-mesures ukrainiennes. Cette coopération entre la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l’Inde crée un axe autoritaire. Un bloc de pays qui s’entraident pour défier l’Occident. Pour remettre en cause l’ordre international établi. Pour imposer leur vision du monde. Un monde où la force prime le droit. Où les dictateurs peuvent agir impunément. Où les petits pays sont à la merci des grands.
Cet axe autoritaire me terrifie. Pas seulement pour l’Ukraine. Mais pour le monde entier. Si la Russie réussit en Ukraine, d’autres suivront. La Chine regardera Taïwan avec des yeux nouveaux. La Corée du Nord se sentira enhardies. L’Iran poussera ses pions au Moyen-Orient. Les dictateurs du monde entier comprendront qu’ils peuvent agir sans conséquences réelles. Que l’Occident est faible. Divisé. Incapable de réagir efficacement. Et ils auront raison. Nous sommes faibles. Nous débattons pendant qu’ils agissent. Nous sanctionnons pendant qu’ils conquièrent. Nous condamnons pendant qu’ils tuent. Notre indignation morale ne pèse rien face à leur détermination brutale. Nous devons nous réveiller. Comprendre que cette guerre en Ukraine n’est que le début. Que si nous ne l’arrêtons pas maintenant, nous devrons la combattre plus tard. Sur notre propre sol peut-être. Avec des conséquences bien plus graves. Le temps de l’hésitation est révolu. Il faut choisir son camp. Et agir en conséquence.
La propagande comme arme
La Russie ne se bat pas seulement sur le terrain militaire. Elle mène aussi une guerre de l’information. Une guerre de propagande. Elle manipule les faits. Elle déforme la réalité. Elle crée des récits alternatifs. L’annonce de la capture de Pokrovsk en est un exemple parfait. Le Kremlin a déclaré la ville prise alors que les combats continuaient. Il a diffusé des vidéos de soldats russes brandissant leur drapeau dans le centre-ville. Mais ces images ne prouvent rien. Elles peuvent avoir été tournées lors d’une infiltration temporaire. Ou même être d’anciennes images recyclées. Les experts militaires ukrainiens et occidentaux confirment que les forces de Kiev maintiennent des positions dans la ville. Que la bataille n’est pas terminée. Mais la Russie s’en moque. Elle a créé son récit. Pokrovsk est tombée. Point final. Ce récit sera répété dans les médias russes. Il sera cru par la population. Il renforcera le soutien à la guerre. Il justifiera les sacrifices. Peu importe que ce soit faux. Ce qui compte, c’est l’effet produit. Sur l’opinion publique russe. Sur les alliés de Moscou. Sur les négociateurs occidentaux. La propagande crée une réalité parallèle. Un monde où la Russie gagne. Où l’Ukraine s’effondre. Où l’Occident abandonne. Et cette réalité parallèle influence les décisions réelles.
Les réseaux sociaux amplifient cette propagande. Des milliers de comptes diffusent les messages du Kremlin. Ils inondent les plateformes de désinformation. Ils créent de la confusion. Ils sèment le doute. Ils démoralisent les Ukrainiens. Ils découragent le soutien occidental. C’est une guerre cognitive. Une bataille pour les esprits. Et la Russie y investit massivement. Elle a compris que gagner la guerre de l’information est aussi important que gagner sur le terrain. Peut-être même plus. Car si elle convainc le monde qu’elle a gagné, elle aura effectivement gagné. Peu importe la réalité militaire. L’Ukraine doit combattre sur ce front aussi. Elle doit contrer la désinformation. Rétablir les faits. Montrer la vérité. Mais c’est un combat inégal. La Russie a des moyens illimités. Elle contrôle des médias puissants. Elle dispose d’armées de trolls. L’Ukraine, elle, doit compter sur la bonne volonté des médias occidentaux. Sur la vigilance des fact-checkers. Sur la résistance des plateformes sociales. C’est insuffisant. La désinformation se propage plus vite que la vérité. Elle est plus séduisante. Plus simple. Plus rassurante parfois. Combattre la propagande russe demande une mobilisation constante. Une vigilance de tous les instants. Et des ressources que l’Ukraine n’a pas toujours.
L'hiver qui vient
Le froid comme arme
L’hiver approche et avec lui un nouveau défi pour l’Ukraine. Les températures chutent. La neige commence à tomber. Le gel durcit le sol. Ces conditions météorologiques changent la nature de la guerre. Les soldats doivent affronter le froid en plus de l’ennemi. Dans les tranchées, les températures peuvent descendre à moins vingt degrés. Sans chauffage. Sans abri adéquat. Avec des équipements parfois insuffisants. L’hypothermie devient un danger aussi mortel que les balles. Les engelures mutilent. Le froid épuise. Il sape le moral. Il rend chaque geste plus difficile. Charger une arme avec des doigts gelés. Marcher dans la neige profonde. Rester en alerte quand le corps réclame le sommeil. L’hiver est l’allié de celui qui peut l’affronter dans de meilleures conditions. Et la Russie a détruit les infrastructures énergétiques ukrainiennes précisément pour cela. Pour que l’hiver soit encore plus dur. Pour que les civils souffrent. Pour que le moral s’effondre. Pour que la pression sur le gouvernement ukrainien devienne insupportable. Sept cents missiles en une nuit. Des centrales électriques détruites. Des systèmes de chauffage hors service. Des millions d’Ukrainiens vont passer l’hiver dans le froid. Sans électricité. Sans chauffage. Comment tenir dans ces conditions ?
Le gouvernement ukrainien se prépare. Il distribue des générateurs. Il organise des points de chauffage collectifs. Il stocke du combustible. Mais ce sera insuffisant. On ne peut pas remplacer un réseau électrique national avec des générateurs. On ne peut pas chauffer des millions de foyers avec des poêles à bois. L’hiver sera terrible. Les plus vulnérables souffriront le plus. Les personnes âgées. Les malades. Les enfants. Certains mourront de froid. D’autres de maladies liées aux conditions de vie dégradées. Les hôpitaux seront débordés. Les services d’urgence saturés. Et pendant ce temps, la guerre continuera. Les bombardements ne s’arrêteront pas parce qu’il fait froid. Au contraire. La Russie intensifiera peut-être ses attaques. Elle profitera de la vulnérabilité ukrainienne. Elle poussera son avantage. L’hiver est traditionnellement une période de ralentissement des opérations militaires. Le terrain boueux rend les mouvements difficiles. Mais avec le gel, le sol durcit. Les chars peuvent à nouveau manœuvrer. Les offensives redeviennent possibles. La Russie pourrait lancer une nouvelle vague d’attaques. Profiter de l’épuisement ukrainien. Tenter de percer les lignes. De capturer de nouvelles villes. De créer de nouveaux faits accomplis avant d’éventuelles négociations.
L’hiver qui vient me glace le sang. Je pense à ces millions d’Ukrainiens qui vont souffrir du froid. À ces enfants qui trembleront dans des appartements glacés. À ces personnes âgées qui n’auront pas la force de tenir. À ces malades qui mourront faute de soins adéquats. Et je me demande comment nous pouvons laisser faire ça. Comment nous pouvons accepter que des civils soient délibérément ciblés. Que leurs infrastructures vitales soient détruites. Que l’hiver soit utilisé comme une arme. C’est un crime de guerre. C’est un crime contre l’humanité. Et nous ne faisons rien. Nous envoyons quelques générateurs. Nous exprimons notre solidarité. Mais nous ne stoppons pas les bombardements. Nous ne protégeons pas les centrales électriques. Nous laissons la Russie frapper impunément. Parce que nous avons peur. Peur de l’escalade. Peur de la confrontation directe. Peur de la guerre nucléaire. Mais cette peur nous paralyse. Elle nous rend complices. Complices de la souffrance de millions d’innocents.
La course contre la montre
L’Ukraine est dans une course contre la montre. Elle doit tenir jusqu’au printemps. Survivre à l’hiver. Résister aux offensives russes. Maintenir ses lignes de défense. Préserver son armée. Garder le soutien occidental. Tout cela en même temps. C’est un défi titanesque. Chaque jour qui passe use un peu plus les forces ukrainiennes. Chaque soldat tué est irremplaçable. Chaque char détruit manquera cruellement. Chaque obus tiré réduit les stocks. L’attrition joue contre Kiev. La Russie peut se permettre de perdre plus. Elle a plus de réserves. Plus de population. Plus de ressources. Elle peut continuer à attaquer même si les pertes sont énormes. L’Ukraine, elle, doit économiser ses forces. Choisir ses batailles. Éviter les pertes inutiles. C’est une position défensive par nature. Et dans une guerre d’attrition, la défense finit toujours par céder si elle n’est pas renforcée. L’Ukraine a besoin de renforts. De nouvelles brigades. De soldats frais. Mais la mobilisation est difficile. Impopulaire. Elle crée des tensions sociales. Des familles sont déchirées. Des vies sont bouleversées. Le gouvernement hésite à élargir la conscription. Il craint les réactions. Mais sans nouveaux soldats, comment tenir ?
Le temps joue aussi contre l’Ukraine sur le plan diplomatique. Plus la guerre dure, plus l’Occident se lasse. Plus les opinions publiques veulent en finir. Plus les gouvernements sont tentés par des compromis. L’Ukraine doit gagner avant que ce soutien ne s’effondre complètement. Mais gagner comment ? Reconquérir les territoires perdus semble impossible à court terme. Les forces ukrainiennes n’ont pas les moyens de lancer une contre-offensive majeure. Elles peuvent tenir. Résister. Infliger des pertes. Mais pas reprendre l’initiative stratégique. Pas sans une aide occidentale massive. Pas sans des armes en quantité suffisante. Pas sans une supériorité aérienne. Or, tout cela tarde à venir. Les F-16 promis arrivent au compte-gouttes. Les systèmes de défense aérienne sont insuffisants. Les munitions manquent toujours. L’Ukraine se bat avec un bras attaché dans le dos. Elle pourrait faire tellement plus si on lui en donnait les moyens. Mais l’Occident hésite. Il calcule. Il tergiverse. Et pendant ce temps, Pokrovsk tombe. Myrnohrad est encerclée. Le Donbass se vide. L’Ukraine recule. Lentement mais sûrement. La course contre la montre est en train d’être perdue.
Les leçons ignorées de l'histoire
Munich, encore et toujours
L’histoire se répète. Nous sommes en train de revivre Munich. En mille neuf cent trente-huit, les démocraties occidentales ont sacrifié la Tchécoslovaquie pour acheter la paix avec Hitler. Elles ont cru qu’en cédant les Sudètes, elles éviteraient la guerre. Elles se sont trompées. Hitler a pris les Sudètes. Puis le reste de la Tchécoslovaquie. Puis la Pologne. Et la guerre mondiale a éclaté. L’appeasement n’a rien empêché. Il a juste donné du temps à l’agresseur pour se renforcer. Aujourd’hui, nous sommes tentés de faire la même erreur. De sacrifier l’Ukraine pour acheter la paix avec Poutine. De croire qu’en lui donnant le Donbass, il s’arrêtera. Mais il ne s’arrêtera pas. Il prendra le Donbass. Puis il voudra Odessa. Puis Kiev. Puis la Moldavie. Puis les pays baltes. Les dictateurs ne s’arrêtent jamais d’eux-mêmes. Ils ne comprennent que la force. Ils ne respectent que la détermination. Céder devant eux, c’est les encourager. C’est leur montrer que la violence paie. Que l’agression est récompensée. C’est les inviter à recommencer. Nous devrions avoir appris cette leçon. Mais apparemment non. Nous sommes prêts à répéter les mêmes erreurs. À sacrifier les mêmes principes. À abandonner les mêmes alliés. Parce que nous avons peur. Parce que nous sommes fatigués. Parce que nous voulons la tranquillité.
Mais la tranquillité achetée au prix de l’injustice n’est pas la paix. C’est juste un répit avant la prochaine crise. Poutine ne s’arrêtera pas à l’Ukraine. Il testera l’OTAN. Il provoquera. Il poussera les limites. Il cherchera à diviser l’alliance. À exploiter nos faiblesses. À nous faire douter. Et si nous cédons maintenant, nous céderons encore. Et encore. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Jusqu’à ce que nous n’ayons plus le choix. Jusqu’à ce que la guerre arrive chez nous. Les pays baltes le savent. La Pologne le sait. Tous les pays qui ont vécu sous la domination soviétique le savent. Ils comprennent la menace. Ils voient clair dans le jeu de Moscou. Ils supplient l’Occident de ne pas abandonner l’Ukraine. De tenir ferme. De montrer que l’agression ne paie pas. Mais leurs voix sont noyées dans le concert des appels à la négociation. Des demandes de compromis. Des calculs cyniques sur ce qu’on peut sacrifier pour avoir la paix. L’histoire nous jugera. Elle dira que nous avions le choix. Que nous aurions pu arrêter Poutine. Que nous avions les moyens. Mais que nous n’avons pas eu le courage. Que nous avons préféré le confort à la justice. La tranquillité à la liberté. Notre honte à leur survie.
Munich me hante. Cette conférence où les démocraties ont capitulé. Où elles ont trahi leurs alliés. Où elles ont cru acheter la paix en sacrifiant les faibles. Je vois les mêmes mécanismes à l’œuvre aujourd’hui. Les mêmes rationalisations. Les mêmes excuses. On nous dit qu’il faut être réaliste. Que l’Ukraine ne peut pas gagner. Qu’il vaut mieux négocier maintenant avant que ce soit pire. Qu’on ne peut pas risquer une guerre mondiale pour le Donbass. Mais c’est exactement ce qu’on disait en trente-huit. Qu’on ne pouvait pas risquer une guerre pour les Sudètes. Et on a eu la guerre quand même. Pire encore. Plus meurtrière. Plus dévastatrice. Parce qu’on avait laissé Hitler se renforcer. Parce qu’on lui avait montré qu’il pouvait agir impunément. Nous sommes en train de faire la même chose avec Poutine. Et nous le paierons. Peut-être pas tout de suite. Mais nous le paierons. Nos enfants le paieront. Nos petits-enfants le paieront. Parce que nous n’aurons pas eu le courage de dire non. De tracer une ligne rouge. De défendre nos valeurs. Notre lâcheté d’aujourd’hui sera leur cauchemar de demain.
Le prix de la liberté
La liberté a un prix. Elle se défend. Elle se protège. Elle se bat pour survivre. Les Ukrainiens le paient ce prix. Chaque jour. Avec leur sang. Avec leurs vies. Avec leurs maisons détruites. Avec leurs familles brisées. Ils se battent pour leur liberté. Mais aussi pour la nôtre. Car si l’Ukraine tombe, c’est tout l’ordre international qui s’effondre. C’est le principe que les frontières ne peuvent pas être changées par la force qui meurt. C’est l’idée que les petits pays ont le droit d’exister qui disparaît. C’est la loi du plus fort qui triomphe. Et dans un monde régi par la loi du plus fort, personne n’est en sécurité. Sauf les plus forts. Les dictateurs. Les autocrates. Ceux qui n’ont aucun scrupule à utiliser la violence. Les démocraties, elles, sont vulnérables. Elles ont des règles. Des principes. Des limites qu’elles s’imposent. Les dictateurs n’en ont pas. Ils peuvent tout faire. Tout oser. Tout détruire. C’est leur force. Et notre faiblesse. Sauf si nous décidons de défendre nos valeurs. De les protéger. De nous battre pour elles. Pas nécessairement avec des armes. Mais avec détermination. Avec constance. Avec courage. En soutenant ceux qui se battent. En leur donnant les moyens de résister. En ne les abandonnant jamais.
L’Ukraine nous donne une leçon de courage. Elle nous montre ce que signifie défendre sa liberté. Elle nous rappelle que certaines choses valent la peine de se battre. Que la dignité ne se négocie pas. Que la souveraineté n’est pas à vendre. Que l’identité nationale mérite d’être préservée. Ces valeurs semblent démodées dans notre monde cynique. Nous avons oublié ce qu’elles signifient. Nous vivons dans le confort. Dans la sécurité. Dans la paix. Nous tenons tout cela pour acquis. Nous ne réalisons pas à quel point c’est fragile. À quel point ça peut disparaître vite. Les Ukrainiens, eux, le savent. Ils ont vu leur monde s’effondrer en quelques jours. Ils ont vu la guerre arriver chez eux. Ils ont vu leurs villes détruites. Leurs proches tués. Leur vie bouleversée. Et ils se battent. Ils résistent. Ils refusent de céder. Ils nous donnent une leçon d’humanité. De dignité. De courage. Nous devrions être à la hauteur. Nous devrions les soutenir sans réserve. Leur donner tout ce dont ils ont besoin. Nous battre à leurs côtés. Pas avec nos soldats peut-être. Mais avec nos ressources. Notre technologie. Notre détermination. Nous leur devons au moins ça. Nous nous le devons à nous-mêmes.
Conclusion : L'heure des choix
Que restera-t-il de Pokrovsk ?
Pokrovsk va tomber. C’est probable. Peut-être même inévitable à ce stade. Les forces russes sont trop nombreuses. Trop déterminées. Trop bien approvisionnées. Les défenseurs ukrainiens se battent avec un courage admirable. Mais le courage ne suffit pas toujours. Pas face à une supériorité numérique écrasante. Pas quand les munitions manquent. Pas quand les renforts n’arrivent pas. Pokrovsk tombera. Et avec elle, une partie de l’âme ukrainienne. Cette ville qui a résisté si longtemps. Qui a tenu contre vents et marées. Qui est devenue le symbole de la résistance. Elle rejoindra la longue liste des villes martyres. Marioupol. Bakhmout. Avdiivka. Toutes ces villes qui ont été détruites. Dont il ne reste que des ruines. Dont les habitants ont été tués ou dispersés. Dont l’histoire a été effacée. Pokrovsk subira le même sort. Les Russes la transformeront en base militaire. Ils y stationneront des troupes. Ils y installeront de l’artillerie. Ils en feront un tremplin pour attaquer le reste du Donbass. Et dans quelques années, quand la guerre sera finie, que restera-t-il ? Des décombres. Des souvenirs. Des fantômes. Les survivants raconteront ce qu’était Pokrovsk avant. Ils parleront de leurs maisons. De leurs rues. De leur vie d’avant. Mais personne ne pourra revenir. Parce qu’il n’y aura plus rien à quoi revenir.
La chute de Pokrovsk aura des conséquences stratégiques. Elle facilitera l’offensive russe vers l’ouest. Elle mettra en danger d’autres villes. Elle forcera les Ukrainiens à reculer. À abandonner des positions défensives préparées depuis des mois. À se replier sur de nouvelles lignes. Moins solides. Moins favorables. La dynamique du conflit changera. La Russie gagnera en confiance. Elle intensifiera ses attaques. Elle poussera son avantage. L’Ukraine devra encaisser. Résister. Espérer tenir jusqu’à ce que quelque chose change. Mais quoi ? Une aide occidentale massive ? Une contre-offensive surprise ? Un effondrement russe ? Rien de tout cela ne semble probable à court terme. L’Ukraine est condamnée à une guerre défensive. À une lutte pour la survie. À un combat d’arrière-garde. Elle peut encore gagner. Mais le chemin sera long. Douloureux. Incertain. Et il passera par la perte de Pokrovsk. Par le sacrifice de cette ville. Par l’abandon de ses habitants. C’est le prix de la guerre. Un prix terrible. Injuste. Insupportable. Mais inévitable quand on affronte un ennemi qui ne recule devant rien.
Pokrovsk me brise le cœur. Cette ville que je ne connais pas. Dont j’ignorais l’existence il y a peu. Est devenue pour moi le symbole de tout ce qui ne va pas dans ce monde. De l’injustice qui triomphe. De la violence qui l’emporte. Du courage qui ne suffit pas. Je pense à ses habitants. À ceux qui sont morts. À ceux qui ont fui. À ceux qui sont restés et qui vont mourir ou être déportés. Je pense à leurs vies brisées. À leurs rêves anéantis. À leur avenir volé. Et je me sens impuissant. Que puis-je faire ? Écrire. Témoigner. Crier ma colère. Mais ça ne sauvera pas Pokrovsk. Ça ne ramènera pas les morts. Ça ne reconstruira pas les maisons. Ça ne rendra pas leur vie aux survivants. Je suis juste un observateur. Un témoin lointain. Confortablement installé devant mon écran. Pendant qu’eux meurent. Pendant qu’eux souffrent. Pendant qu’eux perdent tout. Ma honte est immense. Notre honte collective devrait l’être aussi.
Le monde d’après
Cette guerre changera le monde. Elle est déjà en train de le changer. L’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale s’effrite. Les règles qui régissaient les relations entre États sont remises en cause. La force redevient le principal argument. Les frontières peuvent être changées par la violence. Les petits pays sont à la merci des grands. Les alliances se recomposent. Un axe autoritaire émerge. Russie, Chine, Corée du Nord, Iran. Ces pays s’entraident. Ils partagent leurs technologies. Ils coordonnent leurs actions. Ils défient l’Occident. Ils testent sa détermination. Ils exploitent ses divisions. Et ils gagnent du terrain. Pas seulement en Ukraine. Mais partout dans le monde. En Afrique. En Asie. En Amérique latine. L’influence occidentale recule. Les valeurs démocratiques sont contestées. L’autoritarisme progresse. C’est une révolution silencieuse. Un basculement du monde. Et nous ne semblons pas en mesurer l’ampleur. Nous continuons à vivre comme si rien ne changeait. Comme si l’ordre ancien allait perdurer. Mais il est en train de mourir. Sous nos yeux. Et nous ne faisons rien pour le sauver. Nous débattons. Nous hésitons. Nous calculons. Pendant que nos adversaires agissent. Décident. Conquièrent.
Le monde d’après sera différent. Plus dangereux. Plus instable. Plus violent. Les conflits se multiplieront. Les guerres deviendront plus fréquentes. Les règles internationales seront ignorées. Chacun fera ce qu’il veut. Ce qu’il peut. Sans se soucier des conséquences. Sans craindre les sanctions. Sans respecter les traités. Ce sera un retour au dix-neuvième siècle. À l’époque des empires. Des conquêtes coloniales. De la loi du plus fort. Sauf qu’aujourd’hui, nous avons des armes nucléaires. Des missiles hypersoniques. Des drones autonomes. Des cyberattaques. La technologie moderne rend la guerre encore plus meurtrière. Encore plus dévastatrice. Encore plus incontrôlable. Un conflit entre grandes puissances pourrait anéantir l’humanité. Et pourtant, nous nous dirigeons vers ce scénario. Nous laissons les tensions monter. Les crises s’accumuler. Les conflits se multiplier. Sans chercher vraiment à les résoudre. Sans investir dans la diplomatie. Sans construire des mécanismes de sécurité collective. Nous sommes comme des somnambules marchant vers le précipice. Inconscients du danger. Incapables de changer de direction. L’Ukraine est un avertissement. Un signal d’alarme. Une dernière chance de nous réveiller. De comprendre où nous allons. De changer de cap. Mais l’écouterons-nous ? Ou continuerons-nous à dormir jusqu’à ce qu’il soit trop tard ?
Sources
Sources primaires
État-major général des Forces armées d’Ukraine, rapport opérationnel du 8 décembre 2025, publié sur Facebook. Ministère ukrainien de l’Énergie, communiqué sur les frappes contre les infrastructures énergétiques, 6 décembre 2025. Force aérienne ukrainienne, rapport sur l’attaque massive de drones et missiles du 5-6 décembre 2025. Déclaration conjointe du Département d’État américain et du secrétaire du Conseil de sécurité et de défense nationale ukrainien Rustem Umerov, 5 décembre 2025. Interview du général Oleksandr Syrskyi à Sky News, publiée le 6 décembre 2025. Ukrzaliznytsia, communiqué sur la destruction de la gare de Fastiv, 6 décembre 2025.
Sources secondaires
Ukrinform, « War update: 164 combat engagements on frontline over past day, 53 in Pokrovsk sector », 8 décembre 2025. Institute for the Study of War, « Russian Offensive Campaign Assessment », 6 décembre 2025. Deutsche Welle, « Heavy fighting for Pokrovsk: Is Ukraine losing the city? », 5 décembre 2025. The Telegraph, « Pokrovsk: The city that changed the war in Ukraine », 6 décembre 2025. Projet DeepState, analyses de Roman Pohorily et Ruslan Mykula sur la situation à Pokrovsk et Myrnohrad, décembre 2025. Agence Tass, déclarations du vice-Premier ministre russe Denis Manturov sur l’immigration indienne, 5 décembre 2025.
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