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1405 jours de guerre : quand Moscou refuse de compter ses morts
Crédit: Adobe Stock

Les oubliés de Sibérie et du Caucase

Les pertes russes ne sont pas réparties uniformément à travers le pays. Certaines régions paient un tribut beaucoup plus lourd que d’autres. Les républiques du Caucase, la Bouriatie, les régions rurales de Sibérie fournissent proportionnellement beaucoup plus de soldats que Moscou ou Saint-Pétersbourg. C’est une guerre de pauvres, menée par les pauvres, pour enrichir les riches. Les fils des oligarques ne meurent pas en Ukraine. Ce sont les fils des ouvriers, des paysans, des chômeurs qui tombent sous les obus. Cette réalité crée une fracture sociale profonde en Russie, même si la censure et la répression empêchent toute contestation ouverte. Dans certains villages de Bouriatie ou du Daghestan, presque toutes les familles ont perdu un fils, un frère, un père. Les cimetières débordent de tombes fraîches, ornées de photos de jeunes hommes en uniforme.

Mais à Moscou, la vie continue presque normalement. Les restaurants sont pleins, les boutiques de luxe prospèrent, les théâtres affichent complet. Deux Russies coexistent : celle qui meurt en Ukraine, et celle qui fait semblant de ne rien voir. Cette dichotomie est insoutenable. Elle crée des tensions, des ressentiments, des colères sourdes qui ne demandent qu’à exploser. Les régions qui fournissent le plus de soldats sont aussi les plus pauvres, les plus isolées, les plus oubliées par le pouvoir central. Elles n’ont pas accès aux mêmes services, aux mêmes opportunités, aux mêmes perspectives d’avenir que les grandes métropoles. Et maintenant, on leur demande de sacrifier leurs fils pour une guerre dont elles ne comprennent ni les enjeux ni les objectifs. C’est une injustice criante, un scandale moral que le Kremlin préfère ignorer.

Mediazona et la comptabilité des morts

Mediazona, en collaboration avec la BBC russe et une équipe de volontaires, maintient une liste nominative des soldats russes tués, compilée à partir de sources publiques vérifiables. Au 19 décembre 2025, ils avaient confirmé le décès de 155 300 soldats russes dont l’identité a pu être établie. Ce chiffre, bien qu’impressionnant, ne représente qu’une fraction des pertes réelles. Tous les décès ne sont pas rendus publics. Beaucoup de familles, par peur ou par honte, ne publient rien sur les réseaux sociaux. Les autorités locales ne communiquent pas systématiquement. Et puis il y a tous ces soldats qui disparaissent simplement, avalés par le brouillard de la guerre, dont on ne retrouvera jamais les corps. Pour pallier ces limites, Mediazona a développé une méthode statistique basée sur l’excès de mortalité masculine enregistré dans le Registre russe des testaments.

Cette approche suggère que les pertes réelles sont au moins deux fois supérieures aux chiffres officiellement confirmés. Peut-être même trois fois. Personne ne sait vraiment. Et c’est peut-être ça le plus terrible : même le nombre exact de morts reste un mystère, une zone d’ombre que le Kremlin entretient soigneusement. Chaque jour, de nouveaux noms s’ajoutent à la liste. Chaque jour, de nouvelles familles plongent dans le deuil. Chaque jour, la Russie perd un peu plus de sa jeunesse, de sa vitalité, de son avenir. Et tout ça pour quoi ? Pour quelques kilomètres carrés de terres dévastées, pour des villages en ruines, pour des champs minés et inhabitables. Le calcul est simple, brutal, insoutenable : la Russie sacrifie son avenir pour un présent qui n’a aucun sens.

Quand je pense à ces op-rateurs de drones ukrainiens. Ils sont assis dans un bunker, à des kilomètres du front, les yeux rivés sur un écran. Ils voient un soldat russe avancer, peut-être un gamin de vingt ans qui ne voulait pas être là. Ils appuient sur un bouton. Le drone plonge. Explosion. Le soldat disparaît. Et l’opérateur passe à la cible suivante. C’est ça, la guerre moderne. Aseptisée, distante, mais tout aussi meurtrière. Peut-être même plus, parce qu’elle déshumanise complètement l’ennemi. Il n’est plus qu’un pixel sur un écran, une cible à éliminer. Pas un être humain avec une famille, des rêves, des peurs. Juste une cible.

Sources

Sources primaires

État-major des Forces armées ukrainiennes, rapport quotidien sur les pertes russes, publié le 29 décembre 2025. Defense Express, « 1405 Days of russia-Ukraine War – russian Casualties in Ukraine », publié le 29 décembre 2025. Mediazona en collaboration avec BBC Russian Service, « Russian losses in the war with Ukraine », mis à jour le 19 décembre 2025. Ministère de la Défense ukrainien, communiqués officiels, décembre 2025.

Sources secondaires

Zona Media, « Les pertes russes dans la guerre contre l’Ukraine. Le Kremlin cache — Mediazona atteste », publié le 19 décembre 2025. The Moscow Times, « Verified Russian Deaths in Ukraine War Surpass 150K », publié le 29 novembre 2025. Institute for the Study of War (ISW), « Russian Offensive Campaign Assessment », rapports de décembre 2025. Ukrinform, « Russia’s war casualty toll in Ukraine up by 1,180 over past day », publié le 29 décembre 2025. Mezha.net, « Russian Military Losses Update December 2025 », publié en décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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