Comparer l’incomparable
Lorsqu’un journaliste a demandé à Trump si les récentes attaques russes contre les villes ukrainiennes ne prouvaient pas que Poutine n’était pas sérieux concernant la paix, le président américain a répondu avec une désinvolture glaçante : « Non, il est très sérieux. Je crois que l’Ukraine a également mené des attaques très fortes, et je ne dis pas cela négativement. Je pense que vous devez probablement le faire. Je ne dis pas cela négativement. » Il a ensuite ajouté, avec un humour déplacé : « Mais il y a eu des explosions dans diverses parties de la Russie, et il me semble que… je ne pense pas que cela vienne du Congo. Je ne pense pas que cela vienne des États-Unis d’Amérique. Cela vient possiblement de l’Ukraine, mais je n’ai pas posé cette question. »
Cette équivalence morale est une insulte à l’intelligence et à la conscience. L’Ukraine n’a jamais nié sa campagne de frappes en profondeur contre le territoire russe. Le 28 décembre, l’état-major ukrainien a confirmé avoir frappé la raffinerie de pétrole de Syzran dans la région de Samara, en Russie. Cette installation fournit du carburant à la machine de guerre russe. C’est une cible militaire légitime. Les frappes ukrainiennes visent systématiquement des dépôts de carburant, des bases militaires, des installations de production d’armement. Elles ne ciblent pas délibérément des immeubles résidentiels. Elles ne cherchent pas à terroriser des populations civiles. Elles ne transforment pas des enfants en orphelins et des parents en cadavres.
Trump établit une équivalence entre celui qui frappe une raffinerie et celui qui bombarde un immeuble d’habitation. Entre celui qui détruit une infrastructure militaire et celui qui massacre des civils dans leur sommeil. Cette équivalence n’est pas seulement fausse. Elle est obscène. Elle efface la distinction fondamentale entre l’agresseur et la victime. Entre celui qui envahit et celui qui se défend. C’est exactement ce que Poutine veut. Brouiller les lignes. Noyer la vérité dans un océan de relativisme moral. Et Trump lui offre cette victoire sur un plateau d’argent.
La générosité de Poutine selon Trump
Mais Trump ne s’est pas arrêté là. Dans une déclaration qui a laissé Zelenskyy visiblement perplexe, le président américain a affirmé que Poutine, lors de leur conversation téléphonique avant la rencontre, « était très généreux dans ses sentiments envers le succès de l’Ukraine après la fin de la guerre, y compris la fourniture d’énergie, d’électricité et d’autres choses à des prix très bas. » Trump a ajouté : « Cela semble très étrange, mais la Russie veut aider l’Ukraine à se reconstruire. » Zelenskyy a levé les yeux au ciel, a ri nerveusement et a semblé déconcerté par cette suggestion, mais ne l’a pas contredite publiquement. Comment le pourrait-il ? Il dépend du soutien américain pour la survie de son pays.
Cette vision idyllique d’une Russie bienveillante prête à aider l’Ukraine à se reconstruire après l’avoir détruite est d’une naïveté confondante — ou d’un cynisme calculé. La Russie a systématiquement ciblé les infrastructures énergétiques ukrainiennes pendant près de quatre ans. Elle a transformé l’hiver en arme de guerre. Elle a privé des millions d’Ukrainiens de chauffage et d’électricité dans des températures glaciales. L’attaque du 27 décembre a coupé le chauffage à un tiers de Kyiv, affectant quatre mille immeubles résidentiels. Le PDG de Naftogaz, Serhii Koretskyi, a déclaré : « Il est clair que ces attaques sont synchronisées avec la chute des températures. L’ennemi essaie d’exploiter le temps glacial et la demande de pointe pour désactiver le système. »
Poutine va aider l’Ukraine à se reconstruire. Poutine est généreux. Poutine veut le succès de l’Ukraine. Ces phrases sortent de la bouche du président des États-Unis pendant que des Ukrainiens gèlent dans leurs appartements sans chauffage. Pendant que des hôpitaux fonctionnent avec des générateurs. Pendant que des écoles ferment faute d’électricité. La générosité de Poutine, c’est celle du pyromane qui propose de vendre des extincteurs après avoir incendié votre maison. C’est celle du bourreau qui offre un pansement après avoir tranché votre bras. Trump ne voit pas l’absurdité de ses propos. Ou pire, il la voit et s’en fiche.
Section 3 : les exigences russes inchangées
Le Donbass comme monnaie d’échange
Malgré l’optimisme affiché par Trump et Zelenskyy concernant les progrès des négociations de paix, des obstacles majeurs subsistent. Le président ukrainien a déclaré que les États-Unis et l’Ukraine étaient « à 90 % d’accord » sur le plan de paix révisé en vingt points et « à 100 % d’accord » sur les garanties de sécurité, bien que les détails n’aient pas été rendus publics. Mais Trump a reconnu qu’une impasse demeure concernant la région contestée du Donbass. Lorsqu’on lui a demandé s’il était d’accord avec Zelenskyy sur ce qui adviendrait de ce territoire, Trump a répondu : « Le mot ‘accord’ est trop fort. Je dirais pas ‘accord’, mais nous nous rapprochons d’un accord là-dessus. »
Zelenskyy a proposé que le Donbass soit laissé comme une zone économique libre, tandis que Poutine continue d’exiger le contrôle total de la région. Trump a suggéré qu’il pourrait être dans l’intérêt de l’Ukraine de conclure un accord rapidement avant que la Russie, qui dispose de ressources bien supérieures, ne capture davantage de territoire. « Une partie de cette terre est peut-être en jeu, mais elle pourrait être prise au cours des prochains mois », a déclaré Trump. « Et vous feriez mieux de conclure un accord maintenant. » Cette pression sur l’Ukraine pour qu’elle cède du territoire pendant que la Russie continue son agression est une capitulation déguisée en pragmatisme. C’est récompenser l’agresseur pour sa violence.
Trump dit à Zelenskyy : signez maintenant ou perdez plus tard. C’est le langage du chantage, pas de la diplomatie. C’est la logique du plus fort imposée au plus faible. L’Ukraine doit abandonner son territoire parce que la Russie a plus de soldats, plus de missiles, plus de capacité à tuer. Voilà le message. Voilà la « paix » que Trump propose. Une paix où la victime paie pour les crimes de son agresseur. Une paix où celui qui résiste est puni pour sa résistance. Une paix qui n’en est pas une, juste une pause avant la prochaine invasion.
Les garanties de sécurité fantômes
Lorsqu’un journaliste a demandé à Trump s’il était prêt à signer des garanties de sécurité pour l’Ukraine — une pierre angulaire des exigences de Kyiv — le président américain a répondu avec mépris : « Cela dépend de ce que dit l’accord de sécurité. Quelle question stupide. Personne ne sait même ce que dira l’accord de sécurité. Mais il y aura un accord de sécurité. Ce sera un accord solide. Et les nations européennes sont très impliquées dans cela. » Cette réponse évasive masque une réalité troublante : les États-Unis ne s’engagent à rien de concret. Les « garanties de sécurité » dont parle Trump restent floues, non contraignantes, et probablement insuffisantes pour dissuader une future agression russe.
Zelenskyy a insisté sur le fait que sans garanties de sécurité solides, l’Ukraine ne peut prendre aucune mesure vers la paix ni organiser d’élections présidentielles, que l’administration Trump a fait pression pour qu’elles soient mises en œuvre. Le président ukrainien a également demandé un cessez-le-feu de soixante jours avant tout référendum sur un accord de paix, une exigence que Poutine a rejetée. La Russie refuse catégoriquement tout cessez-le-feu qui ne soit pas accompagné d’une capitulation ukrainienne. Elle veut continuer à bombarder, à tuer, à détruire pendant les négociations. C’est sa stratégie. Négocier avec un pistolet sur la tempe de l’adversaire.
Les garanties de sécurité sont le cœur du problème. Sans elles, tout accord de paix n’est qu’un morceau de papier que Poutine déchirera dès qu’il aura reconstitué ses forces. L’Ukraine le sait. Zelenskyy le sait. Le monde entier le sait. Sauf Trump, apparemment, qui traite cette question cruciale avec une désinvolture insultante. « Quelle question stupide », dit-il au journaliste. Non, monsieur le président. La question stupide serait de croire que Poutine respectera un accord sans mécanismes d’application contraignants. La question stupide serait de penser que la paix peut exister sans justice.
Section 4 : le timing de l'horreur
Frapper avant de négocier
L’attaque massive du 27 décembre sur Kyiv n’était pas un hasard. Elle s’inscrit dans un schéma bien établi : la Russie intensifie ses bombardements avant chaque rencontre diplomatique importante. C’est une tactique de négociation par la terreur. Montrer sa force. Rappeler sa capacité de destruction. Affaiblir psychologiquement l’adversaire avant même que les discussions ne commencent. Poutine l’a fait avant chaque sommet, avant chaque appel téléphonique crucial, avant chaque tentative de médiation. Il frappe d’abord, négocie ensuite. Il tue d’abord, parle ensuite. Et Trump fait semblant de ne pas voir le lien.
Le Kyrylo Budanov, chef du renseignement militaire ukrainien, a révélé que la Russie prévoit de recruter plus de quatre cent neuf mille soldats en 2026. Elle a rempli ses objectifs de mobilisation en 2025 et se prépare à une guerre longue. Pendant ce temps, Trump parle de « phases finales » des négociations et suggère que tout pourrait être réglé en « quelques semaines ». Cette dissonance entre la réalité sur le terrain et le discours optimiste de Trump est vertigineuse. La Russie se prépare à la guerre. Trump se prépare à la photo de famille de la paix. Qui vit dans le déni ?
Chaque fois que je lis ces chiffres — quatre cent neuf mille soldats à recruter — je sens mon estomac se nouer. Ce ne sont pas des statistiques abstraites. Ce sont des vies. Des hommes qui seront envoyés mourir dans une guerre d’agression. Des Ukrainiens qui devront les affronter. Des familles qui seront brisées des deux côtés. Et pendant que Poutine mobilise son armée pour 2026, Trump parle de paix imminente. Il vit dans un monde parallèle où les mots ont plus de poids que les actes. Où les promesses de Poutine valent plus que ses missiles.
Le silence complice de l’Occident
Trump n’est pas seul dans sa complaisance envers la Russie. Une partie de l’Occident semble fatiguée de cette guerre. Fatiguée de soutenir l’Ukraine. Fatiguée de payer le prix de la résistance à l’agression. Cette fatigue morale est exactement ce que Poutine attend. Il sait qu’il ne peut pas vaincre l’Ukraine militairement tant que l’Occident la soutient. Alors il mise sur l’usure. Sur la lassitude. Sur l’oubli. Il bombarde, négocie, bombarde encore. Il tue, promet la paix, tue encore. Et il attend que l’Occident baisse les bras. Que Trump dise : « Assez. Signez ce que vous pouvez signer. Acceptez ce que vous pouvez accepter. Nous en avons assez. »
Le Canada a annoncé une aide économique de 1,8 milliard de dollars à l’Ukraine le 27 décembre. L’Europe continue de fournir des milliards en aide militaire et en garanties de sécurité. Mais cette solidarité est fragile. Elle dépend de la volonté politique de dirigeants qui peuvent changer. De budgets qui peuvent être coupés. D’opinions publiques qui peuvent se retourner. Poutine le sait. Il joue sur le temps. Il joue sur la fatigue. Il joue sur la division. Et Trump, consciemment ou non, joue son jeu.
La fatigue est l’arme la plus puissante de Poutine. Pas ses missiles. Pas ses tanks. Sa capacité à épuiser la volonté de résister. À transformer le soutien en indifférence. L’indignation en résignation. La solidarité en abandon. Je vois cette fatigue dans les discours politiques. Dans les commentaires sur les réseaux sociaux. Dans les sondages d’opinion. « Quand est-ce que ça va finir ? » demandent les gens. Comme si la paix dépendait de notre patience plutôt que de la justice. Comme si on pouvait mettre fin à une guerre en fermant les yeux sur elle.
Section 5 : les mensonges de Poutine
La propagande du Kremlin
Le 27 décembre, juste avant la rencontre Trump-Zelenskyy, la Russie a affirmé avoir capturé les villes stratégiques de Myrnohrad dans l’oblast de Donetsk et de Huliaipole dans l’oblast de Zaporijjia. L’état-major ukrainien a immédiatement démenti ces affirmations, les qualifiant d' »arme de désinformation ». Mais le mal était fait. Les médias russes ont diffusé ces « victoires » en boucle. Les trolls du Kremlin ont inondé les réseaux sociaux. Et une partie du monde a cru que la Russie gagnait du terrain, que l’Ukraine perdait, que la résistance était futile. C’est le but. Créer une réalité alternative où la Russie triomphe et l’Ukraine s’effondre.
Cette guerre de l’information est aussi importante que la guerre sur le terrain. Poutine ne cherche pas seulement à conquérir le territoire ukrainien. Il cherche à conquérir les esprits. À convaincre le monde que l’Ukraine ne peut pas gagner. Que la résistance est inutile. Que la capitulation est inévitable. Et Trump, en minimisant les crimes russes et en établissant des équivalences morales, devient un amplificateur involontaire de cette propagande. Chaque fois qu’il dit que Poutine veut la paix, il renforce le narratif du Kremlin. Chaque fois qu’il compare les frappes ukrainiennes aux massacres russes, il brouille la vérité.
La vérité est la première victime de la guerre. On le dit souvent. Mais ce qu’on dit moins, c’est que cette mort n’est pas accidentelle. Elle est planifiée. Orchestrée. La Russie ne ment pas par erreur. Elle ment par stratégie. Chaque fausse victoire annoncée. Chaque massacre nié. Chaque crime attribué à l’Ukraine. C’est un système. Une machine à fabriquer du mensonge. Et cette machine fonctionne d’autant mieux que des voix respectables — comme celle du président américain — répètent ses mensonges sans le savoir. Ou pire, en le sachant.
Le théâtre de Marioupol rouvert
Le 29 décembre 2025, la Russie a rouvert le théâtre dramatique de Marioupol, le même bâtiment qu’elle avait bombardé le 16 mars 2022, tuant environ six cents personnes — principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées qui s’y étaient réfugiés. Le mot « ENFANTS » était écrit en lettres géantes devant et derrière le bâtiment, visible depuis le ciel. La Russie a bombardé quand même. Puis elle a nié. Puis elle a accusé l’Ukraine. Maintenant, elle rouvre le théâtre comme si de rien n’était. Comme si ces six cents vies n’avaient jamais existé. Comme si ce crime de guerre n’avait jamais eu lieu.
Cette réouverture n’est pas un geste de normalisation. C’est un message au monde : nous pouvons tuer impunément, détruire impunément, mentir impunément. Nous pouvons effacer nos crimes et réécrire l’histoire. Et personne ne nous arrêtera. Personne ne nous punira. Le monde regardera ailleurs. Le monde oubliera. Et nous continuerons. C’est ce que dit la réouverture du théâtre de Marioupol. C’est ce que dit chaque déclaration de Trump minimisant les crimes russes. L’impunité engendre l’impunité. Le silence complice engendre plus de crimes.
Six cents personnes. Six cents. Je ne peux pas m’empêcher de répéter ce chiffre. De le laisser résonner. Six cents vies effacées en quelques secondes. Des mères. Des enfants. Des grands-parents. Ils cherchaient un abri. Ils avaient écrit « ENFANTS » pour se protéger. Ils croyaient encore aux règles. À l’humanité. À la décence minimale. Et la Russie les a tués. Puis elle a rouvert le théâtre. Comme si c’était un simple bâtiment. Comme si le sang ne tachait pas les murs. Comme si les fantômes ne hantaient pas les couloirs. Et Trump parle de la générosité de Poutine.
Section 6 : la résistance ukrainienne
Frapper là où ça fait mal
Pendant que Trump minimise la violence russe, l’Ukraine continue sa campagne de frappes stratégiques contre les infrastructures militaires russes. Le 28 décembre, les forces ukrainiennes ont confirmé avoir frappé la raffinerie de pétrole de Syzran dans la région de Samara, à plus de mille kilomètres de la frontière ukrainienne. Cette installation appartient à Rosneft et fournit du carburant à l’armée russe. L’attaque a provoqué plusieurs explosions et des incendies. Une sous-station électrique a également été touchée, provoquant des coupures de courant dans la ville. Ces frappes ne sont pas des actes de vengeance aveugle. Ce sont des opérations militaires calculées visant à affaiblir la capacité de la Russie à poursuivre la guerre.
L’Ukraine a systématiquement ciblé les raffineries de pétrole, les dépôts de carburant et les installations militaires russes depuis le début de l’invasion à grande échelle. Ces frappes ont un impact direct sur la machine de guerre russe. Elles réduisent sa capacité à alimenter ses tanks, ses avions, ses missiles. Elles forcent la Russie à détourner des ressources pour protéger son arrière. Elles montrent que l’Ukraine n’est pas une victime passive. Elle frappe. Elle résiste. Elle se bat. Et elle a le droit de le faire. Le droit international reconnaît le droit d’un pays attaqué à frapper les infrastructures militaires de l’agresseur. C’est de la légitime défense, pas du terrorisme.
Chaque raffinerie détruite est un missile de moins tiré sur Kyiv. Chaque dépôt de carburant en flammes est un tank de moins roulant vers le front. Chaque installation militaire neutralisée est une vie ukrainienne sauvée. C’est aussi simple que ça. L’Ukraine ne frappe pas pour le plaisir de frapper. Elle frappe pour survivre. Pour protéger ses citoyens. Pour défendre son territoire. Et Trump ose comparer ces frappes aux massacres de civils russes. Il ose établir une équivalence morale. C’est une insulte à la logique. À la justice. À la vérité.
Le prix de la résistance
La résistance ukrainienne a un coût terrible. Depuis le début de l’invasion à grande échelle le 24 février 2022, la Russie a perdu environ 1 204 510 soldats en Ukraine, selon l’état-major ukrainien au 28 décembre 2025. Ces chiffres sont vertigineux. Mais ils ne racontent qu’une partie de l’histoire. Derrière chaque statistique, il y a une vie brisée. Une famille détruite. Un avenir annulé. Et ce ne sont pas seulement les soldats russes qui meurent. Ce sont aussi les Ukrainiens. Les civils. Les enfants. Les personnes âgées. Tous ceux qui ont le malheur de se trouver sur le chemin de cette guerre absurde.
L’Ukraine paie le prix de sa résistance chaque jour. En vies. En souffrances. En destructions. Mais elle paie aussi le prix de l’indifférence occidentale. De la fatigue de la guerre. Des hésitations politiques. Des livraisons d’armes retardées. Des sanctions insuffisantes. Chaque fois qu’un dirigeant occidental suggère que l’Ukraine devrait faire des compromis territoriaux, il prolonge la guerre. Chaque fois qu’un président américain minimise les crimes russes, il encourage Poutine à continuer. La paix ne viendra pas de la capitulation. Elle viendra de la force. De la détermination. Du refus absolu de récompenser l’agression.
Je pense à tous ces Ukrainiens qui se battent. Qui résistent. Qui refusent de plier. Ils ne se battent pas pour des abstractions géopolitiques. Ils se battent pour leurs maisons. Leurs familles. Leur liberté. Leur dignité. Et le monde leur demande de faire des compromis. De céder du territoire. D’accepter l’inacceptable. Au nom de quoi ? De la paix ? Quelle paix peut exister quand l’agresseur garde ses conquêtes ? Quand le crime paie ? Quand la violence est récompensée ? Ce n’est pas la paix. C’est la capitulation déguisée en pragmatisme.
Section 7 : les alliés européens
L’Europe face à ses responsabilités
Pendant la rencontre à Mar-a-Lago, Trump et Zelenskyy ont parlé par téléphone avec plusieurs dirigeants européens. Le président américain a loué le groupe de chefs d’État européens pour leur soutien continu et leurs efforts pour fournir à l’Ukraine des milliards en aide militaire ainsi que des engagements d’après-guerre pour des garanties de sécurité visant à dissuader l’agression russe. Trump a suggéré qu’il pourrait accueillir Zelenskyy ainsi que des dirigeants européens à la Maison-Blanche dans les semaines à venir. Mais cette solidarité européenne, aussi importante soit-elle, reste fragile. Elle dépend de la volonté politique de dirigeants qui peuvent changer. De budgets qui peuvent être coupés.
L’Europe a compris, peut-être mieux que les États-Unis, que la guerre en Ukraine n’est pas seulement une guerre ukrainienne. C’est une guerre pour l’ordre international. Pour le principe que les frontières ne peuvent pas être changées par la force. Pour l’idée que l’agression ne paie pas. Si la Russie gagne en Ukraine, elle ne s’arrêtera pas là. Elle testera d’autres frontières. D’autres pays. D’autres limites. L’Europe de l’Est le sait. Les pays baltes le savent. La Pologne le sait. Ils ont vécu sous la domination soviétique. Ils connaissent le prix de l’apaisement. Ils refusent de répéter les erreurs du passé.
L’Europe a une responsabilité historique dans cette guerre. Pas parce qu’elle l’a causée, mais parce qu’elle peut l’arrêter. En fournissant les armes nécessaires. En maintenant les sanctions. En refusant tout compromis qui récompenserait l’agression. L’Europe a le pouvoir d’empêcher Poutine de gagner. Mais elle doit avoir le courage de l’utiliser. Le courage de dire non à la fatigue. Non à l’apaisement. Non aux fausses paix qui ne sont que des pauses avant la prochaine guerre. Ce courage existe. Je l’ai vu. Mais il doit être constant. Inébranlable. Jusqu’à la victoire.
La Pologne en première ligne
La Pologne a annoncé la construction d’une barrière anti-drones de deux milliards d’euros pour se protéger contre les futures incursions de drones russes. Cette décision montre que les pays frontaliers de la Russie ne se font aucune illusion sur les intentions de Poutine. Ils se préparent. Ils se protègent. Ils savent que la guerre en Ukraine pourrait s’étendre. Que les drones qui frappent Kyiv aujourd’hui pourraient frapper Varsovie demain. Cette lucidité contraste avec l’optimisme naïf de Trump. La Pologne vit dans la réalité. Trump vit dans l’illusion.
Les forces aériennes polonaises ont été mobilisées pendant l’attaque massive du 27 décembre sur Kyiv. Des avions militaires polonais ont décollé en réponse à la menace. C’est un rappel que cette guerre ne concerne pas seulement l’Ukraine. Elle concerne toute l’Europe. Toute la sécurité du continent. Tous les principes sur lesquels l’ordre international d’après-guerre a été construit. Si ces principes s’effondrent en Ukraine, ils s’effondreront partout. C’est pourquoi la Pologne se prépare. C’est pourquoi l’Europe doit rester unie. C’est pourquoi Trump a tort de minimiser la menace russe.
La Pologne construit des barrières anti-drones. Pensez à ça. Un pays européen, membre de l’OTAN, se prépare à une guerre avec la Russie. Ce n’est pas de la paranoïa. C’est du réalisme. La Pologne sait ce que Trump refuse de voir : Poutine ne s’arrêtera pas en Ukraine. Il testera d’autres frontières. D’autres limites. D’autres pays. La seule chose qui peut l’arrêter, c’est la force. La détermination. Le refus absolu de céder. La Pologne l’a compris. L’Europe l’a compris. Quand est-ce que Trump le comprendra ?
Section 8 : les fausses promesses de paix
Les phases finales qui n’en finissent pas
Trump a déclaré que les négociations de paix étaient dans leurs « phases finales » et qu’un accord pourrait être conclu en « quelques semaines ». Il a dit la même chose il y a des mois. Et des mois avant ça. Ces « phases finales » n’en finissent pas. Parce que la Russie ne veut pas la paix. Elle veut la victoire. Elle veut que l’Ukraine capitule. Elle veut garder les territoires conquis. Elle veut que l’Occident lève les sanctions. Elle veut que le monde oublie ses crimes. Et tant que ces conditions ne seront pas remplies, il n’y aura pas de paix. Juste des négociations sans fin. Des promesses creuses. Des espoirs déçus.
Trump a confirmé qu’il appellerait Poutine après sa rencontre avec Zelenskyy et que les négociations continueraient. Il a dit qu’il croyait que les deux présidents voulaient conclure un accord. Mais vouloir un accord ne suffit pas. Il faut vouloir le même accord. Et clairement, Trump, Zelenskyy et Poutine ne veulent pas la même chose. Trump veut une victoire diplomatique rapide. Zelenskyy veut la survie de son pays. Poutine veut la capitulation de l’Ukraine. Ces objectifs sont incompatibles. Aucune quantité de négociations ne peut les réconcilier. La seule chose qui peut forcer Poutine à accepter une vraie paix, c’est la défaite militaire. Ou la menace crédible d’une défaite militaire.
Les « phases finales » de Trump me rappellent ces mirages dans le désert. Plus on s’en approche, plus ils s’éloignent. La paix est toujours à quelques semaines. Toujours à portée de main. Toujours imminente. Mais elle ne vient jamais. Parce qu’elle n’existe pas. Pas dans les termes que Trump imagine. Poutine ne négocie pas de bonne foi. Il ne l’a jamais fait. Il ne le fera jamais. Il utilise les négociations comme une arme. Pour gagner du temps. Pour diviser l’Occident. Pour affaiblir l’Ukraine. Et Trump tombe dans le piège à chaque fois.
Le piège du cessez-le-feu
Zelenskyy a demandé un cessez-le-feu de soixante jours avant tout référendum sur un accord de paix. C’est une demande raisonnable. Comment peut-on organiser un vote démocratique pendant que des missiles pleuvent sur les villes ? Comment peut-on demander aux citoyens de se prononcer sur leur avenir pendant qu’ils se cachent dans des abris anti-bombes ? Mais Poutine a rejeté cette demande. Il refuse tout cessez-le-feu qui ne soit pas accompagné d’une capitulation ukrainienne. Il veut continuer à bombarder pendant les négociations. À tuer pendant les discussions de paix. À détruire pendant qu’on parle de reconstruction. C’est sa stratégie. Négocier avec un pistolet sur la tempe de l’adversaire.
Un cessez-le-feu sans garanties solides serait un piège pour l’Ukraine. La Russie l’utiliserait pour reconstituer ses forces. Pour repositionner ses troupes. Pour préparer la prochaine offensive. C’est exactement ce qui s’est passé après les accords de Minsk en 2014 et 2015. La Russie a signé, puis a violé les accords. Elle a utilisé le cessez-le-feu pour se renforcer. Puis elle a attaqué à nouveau. L’histoire se répète parce que personne n’apprend ses leçons. Parce que l’Occident préfère croire aux promesses de Poutine plutôt qu’à ses actes. Parce que Trump préfère l’illusion de la paix à la réalité de la guerre.
Un cessez-le-feu sans garanties, c’est comme un pansement sur une plaie ouverte. Ça cache le problème sans le résoudre. Ça donne l’illusion de la guérison sans traiter l’infection. Poutine sait exactement comment exploiter ces pauses. Il l’a fait avant. Il le refera. Et pendant ce temps, l’Ukraine paiera le prix. Ses soldats baisseront leur garde. Ses alliés réduiront leur soutien. Et quand Poutine attaquera à nouveau — parce qu’il attaquera à nouveau — l’Ukraine sera plus faible. Plus isolée. Plus vulnérable. C’est le piège. Et Trump ne le voit pas.
Section 9 : la question des actifs gelés
Qui paiera la reconstruction ?
Lorsqu’on a demandé à Trump si les milliards d’actifs russes gelés détenus par l’Europe iraient à Moscou ou à l’Ukraine pour la reconstruction après la guerre, le président américain est resté évasif. Cette question est cruciale. L’Ukraine a besoin de centaines de milliards de dollars pour reconstruire ce que la Russie a détruit. Les infrastructures énergétiques. Les hôpitaux. Les écoles. Les maisons. Les routes. Les ponts. Tout. La Russie devrait payer pour ces destructions. C’est le principe de base de la justice : celui qui cause le dommage doit le réparer. Mais Trump semble hésiter. Comme s’il envisageait de rendre ces actifs à la Russie. Comme si l’agresseur méritait d’être récompensé.
Les actifs russes gelés représentent environ trois cents milliards de dollars. C’est une somme considérable. Suffisante pour financer une grande partie de la reconstruction ukrainienne. Mais l’Occident hésite à les saisir définitivement. Par peur des représailles russes. Par respect pour le droit international. Par crainte de créer un précédent. Ces hésitations sont compréhensibles. Mais elles sont aussi moralement inacceptables. Comment peut-on hésiter à utiliser l’argent de l’agresseur pour réparer les dommages qu’il a causés ? Comment peut-on envisager de rendre cet argent à Poutine pendant que des Ukrainiens vivent dans des ruines ?
Trois cents milliards de dollars. C’est l’argent de Poutine. L’argent qu’il a volé au peuple russe. L’argent qu’il a caché dans les banques occidentales. Et maintenant, l’Occident hésite à l’utiliser pour réparer ce que Poutine a détruit. Cette hésitation est une insulte aux victimes. Une gifle aux survivants. Un cadeau à l’agresseur. Si nous ne saisissons pas ces actifs, nous envoyons un message clair : vous pouvez détruire un pays, tuer des milliers de personnes, et garder votre argent. Vous pouvez commettre des crimes de guerre et rester riche. C’est inacceptable. Moralement. Juridiquement. Humainement.
La générosité russe selon Trump
Trump a suggéré que la Russie aiderait à reconstruire l’Ukraine après la guerre. Que Poutine fournirait de l’énergie et de l’électricité « à des prix très bas ». Cette vision idyllique ignore une réalité fondamentale : la Russie a systématiquement détruit les infrastructures énergétiques ukrainiennes pendant près de quatre ans. Elle a transformé l’hiver en arme de guerre. Elle a privé des millions d’Ukrainiens de chauffage et d’électricité. Et maintenant, elle va les aider ? Elle va leur fournir de l’énergie à bas prix ? C’est comme si un pyromane proposait de vendre des extincteurs après avoir incendié votre maison. C’est obscène. C’est insultant. C’est une réécriture de l’histoire en temps réel.
La reconstruction de l’Ukraine ne peut pas dépendre de la « générosité » russe. Elle doit être financée par les actifs russes gelés. Par les réparations de guerre. Par la justice internationale. Pas par la charité de l’agresseur. Pas par les promesses creuses de Poutine. L’Ukraine a le droit d’être reconstruite. Pas comme une faveur. Pas comme un cadeau. Mais comme une réparation. Comme une compensation. Comme un acte de justice. Et cette justice ne peut pas venir de celui qui a causé la destruction. Elle doit venir de la communauté internationale. De l’Occident. De tous ceux qui prétendent défendre l’ordre international.
Trump parle de la générosité de Poutine pendant que des Ukrainiens gèlent dans leurs appartements sans chauffage. Pendant que des hôpitaux fonctionnent avec des générateurs. Pendant que des écoles ferment faute d’électricité. Cette « générosité » est une insulte. Une moquerie. Une réécriture de l’histoire qui efface les crimes et transforme le bourreau en sauveur. Je refuse cette réécriture. Je refuse d’oublier qui a détruit l’Ukraine. Je refuse de croire que celui qui a causé la souffrance va maintenant l’alléger. C’est un mensonge. Et nous devons le dénoncer.
Section 10 : le coût humain
Les visages derrière les statistiques
Liubov Chernenko, soixante-treize ans, a vécu toute sa vie dans l’immeuble de la rue Oleny Telihy à Kyiv. Le 27 décembre, cet immeuble a été touché par une attaque russe. Sa cuisine a été détruite. Ses portes arrachées. Son balcon endommagé. Elle peut à peine marcher et dépend de son fils pour prendre soin d’elle. « C’était horrifiant, comme un tremblement de terre », dit-elle. « Ils nous bombardaient toute la nuit. J’ai entendu des explosions toute la nuit. La plupart semblaient loin, mais j’ai à peine dormi. » Voilà le visage de cette guerre. Voilà la réalité que Trump minimise. Une femme âgée, vulnérable, terrorisée dans son propre appartement. Une vie brisée par la violence gratuite.
Tetiana Donets raconte : « Quand il semblait que cette nuit terrible était terminée, nous nous sommes réveillés avec une explosion terrifiante à huit heures du matin. Nous ne comprenions pas ce qui s’était passé. Toute la rue est couverte de débris et de verre. Ça a été émotionnellement difficile. » Puis elle a appris que l’attaque avait brisé les fenêtres de son bureau dans une autre partie de Kyiv. Elle a dû y aller pour nettoyer. Voilà ce que signifie vivre sous les bombardements russes. Pas de répit. Pas de sécurité. Pas de normalité. Juste la peur constante. L’épuisement. Le traumatisme qui s’accumule jour après jour, nuit après nuit.
Je pense à Liubov. À Tetiana. À tous ces Ukrainiens dont les noms ne seront jamais connus. Dont les histoires ne seront jamais racontées. Ils ne sont pas des statistiques. Ils ne sont pas des dommages collatéraux. Ce sont des êtres humains. Avec des vies. Des rêves. Des peurs. Des espoirs. Et Trump les efface d’un revers de main. Il parle de négociations et de compromis pendant qu’ils tremblent dans leurs abris. Il parle de la générosité de Poutine pendant qu’ils pleurent leurs morts. Cette indifférence est une violence en soi. Une violence silencieuse mais dévastatrice.
Les enfants de la guerre
Parmi les trente-deux blessés de l’attaque du 27 décembre sur Kyiv, il y avait deux enfants. Deux. Leurs noms n’ont pas été révélés. Leurs visages n’ont pas été montrés. Mais ils existent. Ils ont été blessés. Traumatisés. Marqués à vie par une guerre qu’ils n’ont pas choisie. Une guerre qu’ils ne comprennent pas. Une guerre qui leur volera leur enfance. Combien d’enfants ukrainiens ont été tués depuis le début de cette invasion ? Combien ont été blessés ? Combien ont perdu leurs parents ? Combien ont vu des choses qu’aucun enfant ne devrait jamais voir ? Ces questions n’ont pas de réponses précises. Mais elles hantent chaque discussion sur la paix.
Les enfants ukrainiens grandissent dans des abris anti-bombes. Ils apprennent à reconnaître le son des sirènes. Ils savent où se cacher quand les missiles arrivent. Ils dessinent des tanks et des avions de guerre au lieu de fleurs et d’arc-en-ciel. C’est leur normalité. C’est leur enfance. Et Trump parle de compromis territoriaux. De phases finales. De générosité russe. Comme si ces enfants n’existaient pas. Comme si leur souffrance ne comptait pas. Comme si on pouvait construire la paix sur leurs traumatismes. On ne peut pas. Une paix qui ignore la souffrance des victimes n’est pas une paix. C’est une capitulation déguisée en pragmatisme.
Deux enfants blessés. Je ne peux pas m’empêcher de penser à eux. Qui sont-ils ? Comment vont-ils ? Quelles cicatrices porteront-ils ? Physiques. Psychologiques. Émotionnelles. Ces cicatrices ne guériront jamais complètement. Elles feront partie d’eux pour toujours. Et Trump veut que l’Ukraine fasse des compromis. Qu’elle cède du territoire. Qu’elle accepte une paix imparfaite. Au nom de quoi ? De la stabilité ? De la realpolitik ? De la fatigue occidentale ? Non. Mille fois non. On ne construit pas la paix sur le dos des enfants. On ne négocie pas leur avenir. On ne compromet pas leur sécurité. Jamais.
Section 11 : l'illusion de la neutralité
Il n’y a pas de milieu
Trump essaie de se positionner comme un médiateur neutre entre l’Ukraine et la Russie. Il parle des deux côtés. Il établit des équivalences. Il suggère que les deux parties doivent faire des compromis. Mais cette neutralité est une illusion. Pire, c’est une imposture. Il n’y a pas de milieu entre l’agresseur et la victime. Entre celui qui envahit et celui qui se défend. Entre celui qui tue et celui qui meurt. La neutralité dans ce contexte n’est pas de la diplomatie. C’est de la complicité. C’est prendre le parti du plus fort contre le plus faible. C’est abandonner les principes au nom du pragmatisme.
Zelenskyy l’a dit clairement avant son départ pour la Floride : « Nous voulons la paix, et la Russie démontre un désir de continuer la guerre. Si quelqu’un — que ce soit les États-Unis ou l’Europe — est du côté de la Russie, cela signifie que la guerre continuera. » C’est une vérité simple mais fondamentale. Il n’y a pas de position neutre dans cette guerre. Soit on soutient l’Ukraine, soit on aide la Russie. Soit on défend l’ordre international, soit on le détruit. Soit on choisit la justice, soit on choisit l’impunité. Trump essaie de se tenir au milieu. Mais ce milieu n’existe pas. C’est un mirage. Une illusion. Un mensonge qu’on se raconte pour éviter de faire des choix difficiles.
La neutralité est un luxe que seuls les puissants peuvent se permettre. Ceux qui ne risquent rien. Ceux qui ne perdent rien. Ceux qui regardent de loin pendant que d’autres meurent. Trump peut se permettre d’être neutre. Il vit à Mar-a-Lago. Il dort dans un lit confortable. Il ne craint pas les missiles. Mais les Ukrainiens n’ont pas ce luxe. Ils vivent la guerre. Ils la subissent. Ils en meurent. Pour eux, la neutralité n’existe pas. Il y a seulement la survie ou la mort. La liberté ou l’esclavage. La résistance ou la capitulation. Et Trump leur demande de choisir la capitulation. Au nom de la paix. Au nom du pragmatisme. Au nom de rien.
Le poids des mots
Chaque mot prononcé par le président des États-Unis a un poids. Une portée. Une conséquence. Quand Trump dit que Poutine est « sérieux » concernant la paix, il légitime le narratif russe. Il donne du crédit aux mensonges du Kremlin. Il affaiblit la position ukrainienne. Quand il établit une équivalence entre les frappes ukrainiennes et les massacres russes, il brouille la vérité. Il confond l’agresseur et la victime. Il rend la justice impossible. Ces mots ne sont pas anodins. Ils ont un impact réel. Ils influencent l’opinion publique. Ils façonnent les politiques. Ils déterminent qui reçoit du soutien et qui est abandonné.
Trump ne semble pas comprendre — ou refuse de comprendre — le pouvoir de ses mots. Il parle avec désinvolture. Il improvise. Il dit ce qui lui passe par la tête sans réfléchir aux conséquences. Mais ses mots ont des conséquences. Ils encouragent Poutine. Ils découragent Zelenskyy. Ils divisent l’Occident. Ils affaiblissent l’Ukraine. Chaque déclaration minimisant les crimes russes est un cadeau au Kremlin. Chaque suggestion que l’Ukraine devrait faire des compromis est une victoire pour Poutine. Trump ne le voit pas. Ou il s’en fiche. Dans les deux cas, le résultat est le même : il aide la Russie à gagner cette guerre. Pas avec des armes. Avec des mots.
Les mots tuent. Pas aussi directement que les missiles. Pas aussi visiblement que les bombes. Mais ils tuent quand même. Ils tuent l’espoir. Ils tuent la résistance. Ils tuent la volonté de se battre. Quand Trump dit que Poutine veut la paix, il tue un peu de l’espoir ukrainien. Quand il suggère que l’Ukraine devrait céder du territoire, il tue un peu de sa résistance. Quand il minimise les crimes russes, il tue un peu de la vérité. Ces morts sont silencieuses. Invisibles. Mais elles sont réelles. Et elles s’accumulent. Mot après mot. Déclaration après déclaration. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
Conclusion : le choix de l'histoire
Nous sommes à un tournant
La rencontre du 28 décembre 2025 à Mar-a-Lago n’était pas une simple réunion diplomatique. C’était un moment de vérité. Un test. Une révélation. Elle a montré qui est vraiment Donald Trump. Pas le négociateur brillant qu’il prétend être. Pas le faiseur de paix qu’il s’imagine. Mais un homme qui ne comprend pas — ou refuse de comprendre — la différence entre la paix et la capitulation. Entre la diplomatie et la complicité. Entre la neutralité et la trahison. Trump veut une victoire rapide. Une photo de famille. Un accord qu’il pourra brandir comme un trophée. Peu importe si cet accord récompense l’agresseur. Peu importe s’il abandonne la victime. Peu importe s’il détruit les principes sur lesquels l’ordre international est construit.
L’histoire jugera ce moment. Elle jugera Trump. Elle jugera l’Occident. Elle jugera tous ceux qui ont choisi la facilité plutôt que la justice. Le pragmatisme plutôt que les principes. La paix à tout prix plutôt que la paix juste. Et ce jugement sera sévère. Parce que nous savons. Nous savons ce que fait la Russie. Nous savons ce que veut Poutine. Nous savons ce que signifie céder à l’agression. Nous l’avons vu avant. En Tchécoslovaquie. En Pologne. Partout où l’apaisement a été essayé. Et nous savons comment ça finit. Pas avec la paix. Avec plus de guerre. Plus de souffrance. Plus de morts. Parce que l’agression récompensée est une agression encouragée.
Je regarde Trump serrer la main de Zelenskyy et je vois deux hommes dans des mondes différents. L’un vit dans la réalité de la guerre. L’autre vit dans l’illusion de la paix. L’un porte le poids de son peuple. L’autre porte le poids de son ego. L’un se bat pour la survie. L’autre se bat pour une victoire diplomatique. Ces deux mondes ne peuvent pas se rencontrer. Ils ne peuvent pas se comprendre. Et pourtant, l’avenir de l’Ukraine dépend de cette rencontre impossible. De ce dialogue de sourds. De cette négociation entre celui qui sait ce qu’est la guerre et celui qui croit savoir ce qu’est la paix.
Le prix de l’indifférence
Si l’Occident abandonne l’Ukraine maintenant, les conséquences seront catastrophiques. Pas seulement pour l’Ukraine. Pour le monde entier. Chaque dictateur, chaque autocrate, chaque régime autoritaire regardera et apprendra. Ils apprendront que l’agression paie. Que la violence fonctionne. Que l’Occident parle beaucoup mais agit peu. Que les principes sont négociables. Que la justice est optionnelle. Et ils agiront en conséquence. La Chine regardera et pensera à Taïwan. L’Iran regardera et pensera à ses voisins. Tous les prédateurs du monde regarderont et verront une proie facile. Un Occident fatigué. Divisé. Indifférent. Prêt à sacrifier les petits pays pour acheter une paix temporaire.
Mais cette paix ne durera pas. Elle ne peut pas durer. Parce qu’elle est construite sur l’injustice. Sur l’abandon. Sur la trahison. Et ces fondations sont pourries. Elles s’effondreront. Peut-être pas aujourd’hui. Peut-être pas demain. Mais elles s’effondreront. Et quand elles s’effondreront, nous nous demanderons comment nous avons pu être si aveugles. Comment nous avons pu croire que nous pouvions acheter la paix en sacrifiant l’Ukraine. Comment nous avons pu penser que Poutine s’arrêterait là. Nous nous demanderons tout ça. Mais il sera trop tard. Le mal sera fait. L’ordre international sera détruit. Et nous n’aurons personne à blâmer sauf nous-mêmes.
Je termine cet article avec un sentiment de colère. De frustration. De désespoir presque. Parce que je vois ce qui se passe. Je vois Trump minimiser les crimes russes. Je vois l’Occident fatigué de soutenir l’Ukraine. Je vois Poutine gagner du terrain, pas sur le champ de bataille, mais dans les esprits. Dans les discours. Dans les négociations. Et je me demande : comment en sommes-nous arrivés là ? Comment avons-nous pu oublier si vite les leçons de l’histoire ? Comment pouvons-nous regarder Kyiv brûler et parler de compromis ? Je n’ai pas de réponse. Juste cette colère. Cette frustration. Ce refus absolu d’accepter que la justice soit sacrifiée sur l’autel du pragmatisme. L’Ukraine mérite mieux. Le monde mérite mieux. Nous méritons mieux.
Sources
Sources primaires
Euromaidan Press, « Trump still claims Putin is ‘serious about peace’ and downplays Russian strikes », 28 décembre 2025, https://euromaidanpress.com/2025/12/28/trump-still-claims-putin-is-serious-about-peace-and-downplays-russian-strikes/
Politico, « After more cordial meeting, Trump and Zelenskyy suggest peace deal could be close », 28 décembre 2025, https://www.politico.com/news/2025/12/28/trump-zelenskyy-peace-talks-putin-00707152
The Kyiv Independent, « ‘It was horrifying, like an earthquake’ – Kyiv recovering from mass Russian attack that left 2 killed, 32 injured, ahead of peace talks », 27 décembre 2025, https://kyivindependent.com/russias-mass-missile-attack-targets-kyiv-ahead-of-upcoming-trump-zelensky-meeting/
Sources secondaires
BBC News, « Trump and Zelensky meet for Ukraine war talks », 28 décembre 2025
CNN, « Live updates: Trump and Zelensky meet for Ukraine war talks », 28 décembre 2025
Al Jazeera, « Trump, Zelenskyy hail progress towards Russia-Ukraine peace deal », 28 décembre 2025
Bloomberg, « Ukraine Says It Struck Rosneft’s Syzran Oil Refinery in Samara », 28 décembre 2025
ABC News, « Kyiv hit by some of the heaviest overnight attacks in months ahead of Trump-Zelenskyy meeting », 27 décembre 2025
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