Trump, Hamas et la dernière chance pour un cessez-le-feu à Gaza : l’attente sous tension
Auteur: Maxime Marquette
Une réponse attendue, le monde retient son souffle
En ce début juillet 2025, la bande de Gaza vit suspendue à une question : le Hamas acceptera-t-il la toute dernière proposition de cessez-le-feu négociée sous l’égide de Donald Trump ? Après plus de 21 mois de guerre, des dizaines de milliers de morts et une population épuisée par les bombardements, la perspective d’une trêve de 60 jours semble à portée de main. Mais tout repose sur la décision du mouvement islamiste, qui consulte en ce moment même les autres factions palestiniennes avant de remettre sa réponse officielle aux médiateurs égyptiens et qataris. Trump, qui a multiplié les pressions et les déclarations publiques, affirme que « nous saurons dans les prochaines 24 heures » si le Hamas accepte l’accord. L’urgence, aujourd’hui, c’est de comprendre les enjeux de cette proposition, les attentes de chaque camp et les risques d’un nouvel échec alors que les combats, eux, ne cessent pas.
La proposition sur la table : une trêve de 60 jours, mais après ?

La proposition de cessez-le-feu portée par les États-Unis et leurs alliés prévoit une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait la moitié des otages encore détenus à Gaza, en échange d’un retrait partiel de l’armée israélienne et d’un arrêt temporaire des opérations militaires. Cette période serait mise à profit pour négocier une sortie de crise durable, la libération progressive des otages restants et la mise en place d’une nouvelle administration pour Gaza, sans le Hamas ni l’Autorité palestinienne, mais avec l’appui de responsables locaux et d’États arabes. Israël, de son côté, a accepté « les conditions nécessaires » à ce cessez-le-feu, selon Trump, mais continue d’exiger le démantèlement total de la branche armée du Hamas, le départ en exil de ses chefs et la promesse que Gaza ne redevienne jamais une base pour des attaques contre l’État hébreu. Le Hamas, lui, réclame des garanties que la trêve conduira à la fin définitive de la guerre, ce qu’Israël refuse d’inscrire noir sur blanc.
Un contexte de violence extrême, la population prise au piège

Sur le terrain, la situation reste catastrophique. L’armée israélienne poursuit ses opérations dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza, démantelant tunnels, frappant des cibles qualifiées de « terroristes », alors que les bilans humains continuent de grimper : plus de 56 000 Palestiniens tués selon le ministère de la Santé local, des centaines de milliers de déplacés, des hôpitaux débordés, des cas de méningite en hausse chez les enfants, et une aide humanitaire qui peine à arriver. Les habitants de Gaza racontent un quotidien rythmé par les sirènes, les explosions, la peur et la faim. À chaque annonce de négociation, l’espoir renaît, mais il est vite douché par la reprise des combats ou par l’échec des pourparlers. Dans ce contexte, la moindre avancée diplomatique prend une importance démesurée, mais la lassitude et la méfiance dominent. Pour beaucoup, la paix semble encore hors de portée, tant les positions des deux camps restent inconciliables.
Les dessous d’une négociation sous haute tension

Trump, médiateur sous pression et calcul politique
Depuis plusieurs semaines, Donald Trump s’est personnellement impliqué dans la recherche d’un cessez-le-feu à Gaza. Il a multiplié les appels aux dirigeants israéliens, égyptiens, qataris et saoudiens, a reçu à la Maison Blanche des émissaires de toutes les parties et a fait de la paix au Proche-Orient une priorité affichée de son agenda international. Pour Trump, l’enjeu est double : obtenir une victoire diplomatique majeure à l’approche de la présidentielle américaine, et prouver qu’il peut faire mieux que ses prédécesseurs en arrachant un accord là où tous ont échoué. Il mise sur la pression publique, sur la promesse d’élargir les accords d’Abraham à de nouveaux pays arabes, et sur la menace d’une aggravation de la situation si le Hamas refuse la proposition. Mais cette stratégie comporte des risques : chaque revers, chaque relance des combats, chaque accusation de partialité peut se retourner contre lui et affaiblir sa crédibilité sur la scène internationale.
Le Hamas, divisé entre pragmatisme et radicalité

Du côté du Hamas, la situation est tout aussi complexe. Le mouvement, affaibli militairement par des mois de bombardements et de combats urbains, mais toujours influent dans la population de Gaza, doit composer avec la pression de ses alliés régionaux, la colère des familles d’otages, la lassitude de la population et la concurrence d’autres factions armées. Les dirigeants du Hamas ont laissé entendre qu’ils étaient ouverts à un accord, mais insistent sur la nécessité d’obtenir des garanties solides : la fin réelle de la guerre, le retrait total des troupes israéliennes, la levée du blocus et la reconstruction de Gaza. Pour certains cadres, accepter une trêve sans perspective politique claire serait une capitulation ; pour d’autres, c’est la seule façon de sauver ce qui peut l’être et de préserver une influence sur l’avenir de la bande de Gaza. Le mouvement consulte donc largement, retarde sa réponse officielle, et cherche à obtenir le maximum de concessions avant de s’engager.
Israël, entre acceptation tactique et lignes rouges stratégiques

Israël, de son côté, a officiellement accepté la proposition américaine, mais ses dirigeants n’ont cessé de rappeler que toute trêve ne pourra être que temporaire tant que le Hamas ne sera pas totalement démantelé. Benjamin Netanyahou, attendu à Washington dans les prochains jours, doit jongler entre la pression de son opinion publique, la colère des familles d’otages, la défiance d’une partie de son gouvernement et la nécessité de répondre aux attentes américaines. Pour l’armée israélienne, la trêve est vue comme une pause tactique, utile pour réorganiser les forces, évacuer les blessés, préparer de nouvelles opérations si nécessaire. Mais pour beaucoup de responsables, il n’est pas question de renoncer à l’objectif de « détruire le Hamas » et d’empêcher tout retour à la situation d’avant le 7 octobre 2023. Cette ambiguïté rend toute négociation fragile, chaque engagement réversible, chaque promesse incertaine.
Les enjeux et risques d’un accord fragile

Un cessez-le-feu, mais pour quoi faire ?
Même si le Hamas accepte la proposition et qu’un cessez-le-feu de 60 jours entre en vigueur, de nombreuses incertitudes subsistent. La trêve n’est qu’un début : elle doit permettre la libération progressive des otages, l’acheminement de l’aide humanitaire, la reconstruction de Gaza et la mise en place d’une administration de transition. Mais chaque étape est semée d’embûches : les otages encore en vie sont dispersés, parfois entre les mains de groupes incontrôlés ; l’aide humanitaire risque d’être détournée ou entravée ; la reconstruction suppose des financements massifs et une coopération internationale difficile à obtenir. Surtout, la question du « jour d’après » reste entière : qui gouvernera Gaza ? Comment éviter le retour du chaos, des milices, des trafics ? Comment garantir la sécurité d’Israël sans condamner les Gazaouis à une nouvelle décennie de blocus et de pauvreté ?
Le spectre de la reprise des combats

L’histoire récente montre que chaque cessez-le-feu à Gaza est fragile, réversible, menacé par le moindre incident, la moindre provocation, le moindre calcul politique. Les précédentes trêves ont souvent volé en éclats après quelques jours ou semaines, sous l’effet d’un tir de roquette, d’une opération ciblée, d’une déclaration incendiaire. Cette fois, la pression internationale est plus forte, la lassitude des belligérants plus grande, mais les risques d’explosion restent élevés. Le Hamas redoute une opération israélienne surprise, Israël craint un réarmement clandestin, les médiateurs s’inquiètent de la capacité des extrémistes à saboter le processus. La moindre bavure, le moindre malentendu, la moindre surenchère peut tout faire basculer. La paix, ici, n’est jamais acquise : elle se gagne jour après jour, au prix de concessions, de compromis, de courage politique.
Un test pour la diplomatie américaine et régionale

Pour Donald Trump et son administration, ce cessez-le-feu est un test grandeur nature de leur capacité à peser sur le Proche-Orient. S’ils parviennent à arracher un accord durable, ils pourront se targuer d’avoir mis fin à l’un des conflits les plus meurtriers de la décennie, d’avoir relancé la dynamique des accords d’Abraham, d’avoir rétabli l’influence américaine dans une région en pleine recomposition. Mais s’ils échouent, ils risquent de voir leur crédibilité entamée, leur autorité contestée, leur leadership remis en cause. Pour les médiateurs égyptiens et qataris, l’enjeu est tout aussi crucial : ils jouent leur rôle de pont entre les camps, leur capacité à garantir la sécurité des otages, à superviser la reconstruction, à éviter la reprise des hostilités. Ce cessez-le-feu, s’il advient, sera le fruit d’un équilibre précaire, d’une diplomatie de funambule, d’une vigilance de chaque instant.
Conclusion – L’attente, l’espoir et la peur

Un accord fragile, un avenir incertain
Alors que le monde retient son souffle, le sort de Gaza et de ses habitants se joue dans les prochaines heures. La réponse du Hamas à la proposition de cessez-le-feu négociée par Trump pourrait ouvrir la voie à une trêve, à la libération des otages, à la reconstruction, à une paix encore fragile. Mais tout peut encore basculer : la méfiance, la lassitude, la peur, les intérêts contradictoires rendent chaque avancée réversible, chaque promesse incertaine. L’histoire de Gaza, marquée par la souffrance et la résilience, rappelle que la paix n’est jamais acquise, qu’elle se construit jour après jour, au prix de compromis, de courage, de vigilance. À chacun, décideur, citoyen, témoin, de prendre sa part de responsabilité, d’exiger la vérité, de refuser la fatalité. L’avenir de Gaza, et peut-être celui du Proche-Orient, se joue maintenant, dans l’attente d’une réponse, dans l’espoir d’un sursaut, dans la peur d’un nouvel échec. L’histoire, elle, ne s’arrête jamais. Mais elle n’attend personne.