Netanyahu crache sa colère : l’ONU accusée de « mensonge éhonté » sur la famine à Gaza
Auteur: Maxime Marquette
Les mots claquent comme des gifles dans l’air saturé de tensions. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a publiquement qualifié le rapport de l’ONU, qui déclarait officiellement la famine à Gaza, de « mensonge éhonté ». Une attaque frontale, brutale, dirigée contre l’institution censée représenter la conscience mondiale. Là où l’ONU pointait du doigt une tragédie humanitaire, Netanyahu rejette, nie, accuse. Dans un climat déjà incendié par les bombes et la faim, ces mots ne sont pas une simple réaction. Ils sont un acte politique, une déclaration de guerre sémantique. Car s’attaquer au langage, c’est tenter de tuer la réalité elle-même. Et Gaza devient le théâtre d’une bataille des mots plus meurtrière que des obus.
Je le dis tout net : lorsque Netanyahu traite l’ONU de menteuse, il n’efface pas seulement un rapport. Il veut effacer la faim des enfants, les files interminables devant les hôpitaux sans pain, les slogans désespérés criés avec des ventres creux. Sa phrase n’est pas une opinion, elle est une arme. Une arme visant à détruire toute légitimité de ceux qui dénoncent. C’est la doctrine du pouvoir absolu : nier pour régner, même au prix de la vérité.
La dialectique de la négation

Un mot violent pour effacer des chiffres
En qualifiant le rapport de l’ONU de « mensonge éhonté », Netanyahu ne vise pas seulement à critiquer. Il tente de décrédibiliser toute la narration humanitaire. Un simple mot, « mensonge », et des milliers de données, de photos, de témoignages deviennent caducs aux yeux de ses partisans. La famine cesse alors d’être un fait, elle devient un sujet contestable, un récit politique. Voilà la stratégie : transformer la réalité en objet de débat. Ainsi, il n’y a plus d’évidence, plus de certitude. Seulement des versions, des « opinions ». Le doute remplace la vérité, et le mensonge proclamé devient un outil de domination discursive.
Car dans le monde de Netanyahu, nier la douleur est plus efficace que la soigner. Le langage n’est pas neutre : il est une arme de conquête.
L’inversion accusatoire
En accusant l’ONU d’être dans le mensonge, Netanyahu ne se contente pas de réfuter. Il renverse les rôles. Le coupable n’est plus Israël, mais l’ONU. Ce sont les institutions internationales, dit-il, qui falsifient, qui exagèrent, qui instrumentalisent. C’est une stratégie classique de l’autoritarisme politique : accuser l’accusateur, salir le témoin. Ainsi, le crime réel disparaît derrière la vitrine du doute. Peu importe que la famine soit visible, mesurable, documentée. Ce qui compte, c’est marquer une fracture dans la confiance collective. Si l’ONU ment, alors tout se réécrit, et Israël redevient non pas agresseur, mais victime d’une machination.
Voilà le cœur du poison rhétorique : inverser, jusqu’à ce que le monde ne sache plus qui ment et qui meurt.
Un mépris affiché des corps affamés
Les mots de Netanyahu résonnent avec une froideur glaciale. Dire « mensonge éhonté » à propos d’un rapport sur la famine, c’est en réalité dire à ceux qui meurent de faim que leur mort n’existe pas. C’est nier le squelette d’un enfant, ignorer les ventres gonflés des malnutris, refuser le témoignage même du corps brisé par la faim. L’insulte n’est pas dirigée seulement contre l’ONU, mais contre les victimes elles-mêmes. Parler ainsi, c’est leur voler deux fois la dignité : d’abord par la privation, ensuite par l’effacement symbolique. Les cadavres deviennent invisibles derrière un rideau de mots arrogants.
Un pouvoir qui nie la mort affamée de l’autre n’est plus dans le calcul. Il est dans le mépris pur, absolu, incandescent.
L’ONU mise en accusation

Une organisation affaiblie
L’ONU, déjà critiquée pour son impuissance chronique, se retrouve désormais injuriée ouvertement. Ses mots, censés faire autorité, sont jetés dans la poussière par un chef de gouvernement. Et le pire, c’est que ce discrédit fonctionne. Parce que l’ONU a perdu son aura, usée par tant de résolutions inutiles, de conflits mal gérés. Netanyahu frappe là où ça fait mal : dans la fragilité de l’institution. Quand il accuse l’ONU de « mensonge », une partie du monde l’écoute, le croit, ou au moins doute. Le terreau est fertile pour cette insulte, et c’est pourquoi elle résonne si fort.
L’ONU, autrefois temple du droit international, apparaît aujourd’hui comme une cible facile, incapable de se défendre d’un mot brutal.
La fracture diplomatique
Cette phrase creuse aussi un gouffre entre Israël et une grande partie de la communauté internationale. Comment négocier, comment discuter, quand on accuse ses interlocuteurs d’être des menteurs effrontés ? Cette rhétorique enferme Israël dans une logique de confrontation permanente. Les diplomates européens, arabes, africains, tous observent cette montée verbale avec effroi. Car derrière les insultes de langage, se cache un refus clair : celui d’entendre la moindre critique. En dynamitant ainsi le discours onusien, Netanyahu coupe court à tout espoir de nuance. Il brandit son rejet comme un mur épais que personne ne peut franchir.
C’est une bombe diplomatique, lancée à froid, calculée pour blesser et diviser.
La complicité tacite des alliés
Mais cette attaque n’aurait pas d’impact si Israël était isolé. La force de Netanyahu vient du soutien, discret ou motivé, de certains alliés stratégiques. Les États-Unis, malgré leurs tensions, n’ont pas rompu le cordon avec Tel-Aviv. D’autres gouvernements occidentaux observent en silence, incapables de condamner frontalement de peur d’affaiblir leurs alliances. Ce silence complice nourrit l’arrogance israélienne. Car en l’absence de sanction symbolique forte, Netanyahu sait qu’il peut insulter l’ONU sans risque majeur. Sa phrase est un crachat lancé vers le ciel, mais avec l’assurance que personne n’osera le lui faire retomber dessus.
Le plus effrayant, c’est que cette complicité passive valide déjà l’insulte. L’ONU est laissée seule, nue, insultée, et abandonnée.
La guerre des récits

Vérité humanitaire contre propagande d’État
A Gaza, deux narrations s’affrontent. D’un côté, les organisations humanitaires, les caméras, les chiffres, les images terribles de corps faméliques. De l’autre, la propagande d’État israélienne qui crie que tout cela est un mensonge, une mise en scène, une manipulation. Le conflit dépasse les obus : il devient une guerre du récit. Chacun choisit le camp de sa vérité. Et dans cette guerre des mots, Israël sait qu’il dispose d’une machine communicationnelle efficace, financée, organisée. Une machine capable de transformer les cris de faim en montage, les preuves en intox. La famine devient alors un champ de bataille symbolique.
Et cette guerre-là, faite de storytelling agressif, est parfois aussi redoutable que les bombardements eux-mêmes.
La cible : l’opinion mondiale
Car au fond, tout cela se joue dans les esprits du monde. L’ONU ne parle pas aux bombes, elle parle aux peuples. Netanyahu, lui, attaque le rapport parce qu’il sait que l’opinion publique mondiale est une arme. Si les populations de l’Ouest pressent leurs gouvernements d’agir, Israël serait contraint de desserrer son étau. En discréditant l’ONU, il neutralise une partie de cette influence. C’est une prévention stratégique : tuer la compassion avant qu’elle n’atteigne les parlements. Le champ de bataille n’est pas seulement Gaza. Il est aussi dans nos écrans, nos journaux, nos émotions.
C’est une bataille des nerfs, où la vérité se marchande comme une marchandise politique.
L’usure de l’émotion
Mais il existe un danger : celui de l’usure. Plus les rapports s’accumulent, plus les morts se multiplient, plus l’humanité s’anesthésie. Le monde entier vit dans un flux constant d’images d’atrocités. Netanyahu joue sur cette fatigue émotionnelle. Si les peuples se lassent et ne croient plus personne, Israël peut continuer son œuvre sans être inquiété. Les victimes crient, mais les oreilles du monde se bouchent sous saturation. Le mensonge proclamé par Netanyahu s’inscrit dans cette logique : user les consciences, faire douter, provoquer un épuisement du cœur collectif.
C’est une stratégie implacable : attendre que la fatigue du monde vienne tuer les cris affamés.
Les conséquences sur le terrain

Une famine toujours plus réelle
Peu importe ce que dit Netanyahu, la famine ne disparaît pas parce qu’on la nie. Elle continue de ronger, de tuer, de transformer Gaza en champ de cadavres affamés. Les silos sont vides, les routes fermées, l’aide internationale bloquée aux frontières. Les témoignages se multiplient, les photos hurlent. Le corps humain est une réalité impossible à falsifier. Et Gaza, aujourd’hui, est une arche de corps abîmés par la faim. Peu importe les insultes venues du sommet. La terre, elle, continue de porter les sépultures creusées par le manque de pain.
Le réel, implacablement, pulvérise les mots. Même si les mots tentent de pulvériser le réel.
Une population doublement écrasée
Pour la population de Gaza, la négation israélienne est une double peine. Déjà condamnés par la faim, les habitants se voient nier leur propre souffrance. Ce n’est pas seulement une mort lente, mais une invisibilisation de cette mort. Comme si leurs cris d’agonie devenaient des sophismes politiques. Les Gazaouis sont ainsi broyés à la fois physiquement et symboliquement. Ils meurent, et on nie leur mort. C’est l’ultime humiliation, l’ultime écrasement. Être effacés, non seulement du monde physique, mais aussi de la mémoire collective.
Voilà la cruauté absolue : tuer le corps et enterrer ensuite la vérité de ce corps.
L’embrasement possible
Une telle déclaration de Netanyahu n’est pas neutre. Elle alimente la haine, l’indignation. Elle donne des munitions rhétoriques à ses ennemis. Elle enflamme encore un peu plus les rues du Moyen-Orient, où Gaza est déjà devenue un symbole incandescent. Chaque insulte israélienne est une étincelle de plus dans la poudrière. En traitant l’ONU de menteuse, Netanyahu radicalise non seulement les Palestiniens, mais aussi tout un arc régional prêt à exploser. Le prix de ce cynisme verbal pourrait être bien plus lourd qu’il ne l’imagine. Peut-être le commencement d’un incendie encore plus vaste que Gaza elle-même.
L’arrogance du mot peut tuer autant qu’un missile. Et parfois même, allumer bien plus de guerres.
Conclusion : les morts ne mentent pas

La sortie brutale de Netanyahu contre l’ONU est plus qu’une phrase polémique. C’est une stratégie de négation. En qualifiant le rapport de « mensonge éhonté », il tente d’effacer la réalité d’une famine qui dévore Gaza. Mais les corps des enfants amaigris, les ventres qui se collent aux colonnes, les cimetières qui s’emplissent, eux, ne mentent pas. L’ONU peut être contestée. Mais la chair humaine, elle, reste la preuve ultime. On ne peut pas insulter des cadavres pour les effacer. On peut nier, mais on ne peut pas ressusciter ceux qui meurent.
Moi, je dis que cette phrase restera comme une honte gravée dans l’histoire. Car les morts ne mentent pas. Et si le monde accepte que la famine soit traitée comme une fiction, alors ce n’est pas seulement Gaza qui s’effondre. C’est notre humanité à nous tous qui se consume dans les flammes du mensonge