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La Russie s’assèche : plus de la moitié des régions en pénurie d’essence
Credit: Adobe Stock

Quand le géant pétrolier manque de carburant

L’ironie est si cruelle qu’elle en devient presque comique. La Russie. L’un des plus grands producteurs de pétrole au monde. Le pays qui alimente la moitié de l’Europe en hydrocarbures. La nation qui a transformé ses réserves énergétiques en arme géopolitique. Ce pays-là… manque d’essence. Plus de la moitié de ses régions connaissent actuellement des pénuries de carburant. Des files d’attente interminables devant les stations-service. Des prix qui explosent. Des rationnements. Des citoyens qui font le plein à trois heures du matin dans l’espoir de trouver quelques litres. En octobre 2025, la Russie découvre une vérité inconfortable : posséder du pétrole brut ne suffit pas. Il faut pouvoir le raffiner. Le transporter. Le distribuer. Et quand toute votre économie est mobilisée pour une guerre sans fin, quand vos raffineries brûlent sous les frappes ukrainiennes, quand vos chaînes logistiques se disloquent… même un géant énergétique peut se retrouver à sec.

Les chiffres qui révèlent une crise systémique

Plus de la moitié des régions russes. Sur les quatre-vingt-trois entités fédérales que compte ce pays immense, au moins quarante-deux connaissent des difficultés d’approvisionnement en carburant. Ce n’est pas une crise localisée. Ce n’est pas un problème régional temporaire. C’est une défaillance systémique qui touche le cœur même de la Russie. Des régions aussi centrales que Moscou et Saint-Pétersbourg rapportent des tensions sur l’approvisionnement. L’Oural, bastion industriel, voit ses usines ralentir faute de carburant pour les transports. La Sibérie, qui flotte littéralement sur des océans de pétrole, découvre que ses habitants ne peuvent pas faire le plein. Et ce n’est pas juste une question d’essence. Le diesel — vital pour les camions, les trains, l’agriculture, l’armée — manque également. Les prix ont augmenté de trente à cinquante pour cent en quelques semaines dans certaines régions. Le gouvernement impose des contrôles de prix qui ne font qu’aggraver les pénuries. Parce qu’à quoi bon vendre à perte ? Les distributeurs préfèrent stocker. Attendre. Espérer que les prix officiels augmentent. Pendant ce temps, la Russie s’immobilise lentement.

La guerre comme révélateur des fragilités

Cette crise ne surgit pas du néant. Elle est l’aboutissement de trois ans de guerre qui ont disloqué l’économie russe de manière profonde et probablement irréversible à court terme. Les sanctions occidentales ont coupé l’accès aux technologies de raffinage avancées. Les frappes ukrainiennes ont détruit ou endommagé plusieurs raffineries majeures — on se souvient de Bashneft-UNPZ à Oufa, frappée à répétition. La mobilisation militaire a vidé les industries civiles de leur main-d’œuvre qualifiée — qui conduit les camions-citernes quand les chauffeurs sont au front ? L’effort de guerre absorbe des quantités colossales de carburant — les chars, les avions, les générateurs militaires consomment sans compter. Et maintenant, toutes ces tensions convergent. Explosent. Se matérialisent en files d’attente devant les stations-service. La guerre devait enrichir la Russie — les prix du pétrole ont grimpé pendant un temps. Au lieu de ça, elle l’appauvrit. La vide. L’épuise de l’intérieur. Et les citoyens russes ordinaires découvrent le prix réel du projet impérial de Poutine. Un prix qui se mesure en heures perdues à chercher de l’essence.

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