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Chronique : 8 contre 1, mais Pokrovsk tient toujours, l’impossible résistance
Credit: Adobe Stock

Zelensky ne cache rien. Il ne peut pas. Parce que les soldats le savent. Les commandants le vivent. Les familles le redoutent. L’infériorité numérique est catastrophique. Huit soldats russes pour un Ukrainien. Le Kyiv Independent confirme cette déclaration présidentielle. Suspilne l’a rapportée directement. Dagens, un média international, titre : « La Russie surpasse l’Ukraine 8 contre 1 à Pokrovsk mais peine toujours. » Peine toujours. Parce que malgré cette supériorité numérique délirante, la Russie n’a pas pris Pokrovsk. Pourquoi ? Comment ? Plusieurs facteurs. Premièrement, la fortification. Pokrovsk n’est pas juste une ville. C’est un hub logistique majeur. Un nœud ferroviaire et routier qui ravitaille tout le front du Donbass. Donc depuis des mois, l’Ukraine y a construit des défenses en profondeur. Bunkers. Tranchées. Positions fortifiées dans chaque immeuble. Mines antipersonnel et antichars partout. Chaque rue est un piège mortel. Deuxièmement, les drones. L’Ukraine possède maintenant des capacités de frappe par drone qui rivalisent avec celles de la Russie. Chaque fois qu’un groupe russe émerge d’un abri, les drones FPV ukrainiens fondent sur eux. Troisièmement, l’artillerie de précision. L’Ukraine ne peut pas égaler le volume russe — 4 000 obus par jour russes contre peut-être 1 000 ukrainiens. Mais elle compense par la précision. Guidage GPS. Coordination avec les drones de reconnaissance. Chaque obus ukrainien frappe une cible identifiée. Chaque obus russe sature une zone.

L’État-major confirme : 200 soldats russes dans la ville

Mais ne nous voilons pas la face. La Russie progresse. L’État-major général ukrainien l’a admis le 26 octobre. Environ 200 soldats russes ont pénétré dans Pokrovsk. Deux cents. Infiltrés en petits groupes d’infanterie. Cinq hommes par ici. Dix par là. Ils se faufilent à travers les lignes ukrainiennes pendant la nuit. Ils se cachent dans les sous-sols pendant le jour. Et ils émergent pour frapper par surprise. Le Kyiv Independent rapporte que ces infiltrations se font par « tactiques d’infiltration totale » — des groupes de sabotage et de reconnaissance qui se glissent entre les positions ukrainiennes et s’accumulent progressivement dans différentes parties de la ville. L’État-major ukrainien dit qu’ils ne peuvent pas « prendre pied ou se consolider ». Qu’ils sont localisés et détruits dès qu’ils tirent. Mais le problème, c’est qu’ils continuent d’arriver. Chaque nuit, de nouveaux groupes infiltrent. Chaque jour, l’Ukraine doit les traquer. Et pendant ce temps, les combats urbains s’intensifient. Fusillades dans les ruelles. Grenades lancées entre les immeubles. Drones FPV qui explosent dans les fenêtres. La 7e unité de réaction rapide des forces aéroportées ukrainiennes l’a dit sur Facebook : « Les occupants qui sont entrés dans la ville ne tentent pas de s’installer, mais veulent avancer plus au nord. » Ils ne défendent pas. Ils attaquent. Ils poussent. Ils testent chaque faiblesse.

Les ponts détruits : évacuation des blessés presque impossible

Et il y a un détail que personne ne mentionne assez. Les ponts. Tous détruits. Natalia Stoiko, lieutenant-senior et chef des services médicaux de la 5e brigade mécanisée lourde déployée dans le secteur de Pokrovsk, l’a révélé lors de la conférence « Une personne dans l’armée » tenue à Kiev en octobre. « Tous les ponts vers Pokrovsk ont été détruits par l’armée russe et l’évacuation des blessés est presque une tâche impossible. » Presque impossible. Parce que sans ponts, comment évacuer un soldat blessé ? Tu dois prendre des chemins détournés. Des routes secondaires boueuses. Sous le feu constant de l’artillerie russe. Sous la menace permanente des drones. Un trajet qui prenait 20 minutes en prend maintenant deux heures. Et pendant ces deux heures, le blessé saigne. S’affaiblit. Meurt parfois avant d’atteindre l’hôpital. C’est calculé. La Russie sait que détruire les ponts ne coupe pas seulement la logistique militaire. Ça coupe aussi l’évacuation médicale. Ça décourage les soldats. Parce que quand tu sais que si tu es blessé, tu as peu de chances de survie, tu hésites. Tu recules. Tu abandonnes. Mais à Pokrovsk, les soldats ukrainiens ne reculent pas. Ils tiennent. Malgré tout.

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