Chronique : L’Ukraine forge sa coalition énergétique sous les bombes russes
Auteur: Maxime Marquette
Retour en arrière. Septembre 2025. Les premières frappes commencent. La Russie lance des vagues massives de missiles Kalibr et Iskander contre les installations énergétiques ukrainiennes. Objectif : détruire la capacité de production électrique avant l’hiver. Les centrales thermiques tombent les unes après les autres. Kharkiv. Dnipro. Zaporizhzhia. Chaque frappe cause des coupures massives. Des millions d’Ukrainiens plongés dans le noir. Les hôpitaux fonctionnent sur générateurs. Les écoles ferment. Les systèmes de chauffage s’arrêtent. Et Zelensky l’admet publiquement : l’Ukraine devra importer de l’électricité depuis l’Union européenne pour survivre l’hiver. Parce que la production domestique ne suffira pas. Les infrastructures sont trop endommagées. Les réparations prennent des mois. Et pendant ce temps, la Russie continue de frapper. Le 28 octobre, les forces russes ont attaqué une installation clé d’approvisionnement électrique dans la région de Tchernihiv. Une équipe de réparation a même été prise pour cible. Les ingénieurs qui tentaient de restaurer le courant ont dû fuir sous les tirs russes. C’est méthodique. C’est calculé. C’est conçu pour briser l’Ukraine avant que l’hiver ne se termine.
Septembre-octobre : chaque semaine une nouvelle frappe massive
Les chiffres sont terrifiants. Depuis septembre, la Russie a lancé plus de 400 missiles contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Quatre cents. En deux mois. C’est une moyenne de sept missiles par jour. Chaque semaine, une nouvelle vague massive. Le 10 septembre, 80 missiles frappent cinq centrales thermiques. Le 22 septembre, 60 missiles détruisent trois transformateurs majeurs dans l’oblast de Dnipropetrovsk. Le 5 octobre, 90 missiles visent simultanément les réseaux de distribution dans six régions. Le 18 octobre, 70 missiles frappent les stations de pompage du gaz dans l’ouest de l’Ukraine. Reuters confirme que l’armée de l’air ukrainienne intercepte environ 60% de ces missiles. Mais les 40% restants passent. Et chaque missile qui atteint sa cible cause des dégâts catastrophiques. Parce que ces installations ne sont pas conçues pour résister à des explosions de 500 kilogrammes. Les turbines s’effondrent. Les transformateurs explosent. Les lignes haute tension tombent. Et les réparations coûtent des dizaines de millions de dollars par site. Argent que l’Ukraine n’a pas.
Le cauchemar hivernal approche
Novembre arrive dans quelques jours. Puis décembre. Puis janvier — le mois le plus froid en Ukraine. Les températures tombent régulièrement en dessous de -15°C. Parfois jusqu’à -25°C dans l’est du pays. Sans électricité, les systèmes de chauffage ne fonctionnent pas. Les appartements deviennent des glacières. Les tuyaux gèlent et éclatent. Les gens meurent de froid dans leurs maisons. Et Poutine le sait. C’est exactement ce qu’il veut. Il parie que le froid forcera les Ukrainiens à abandonner. À exiger de Zelensky qu’il négocie. Qu’il accepte n’importe quel accord dicté par Moscou juste pour que l’électricité revienne. Le gouvernement ukrainien a établi un Centre de coordination de protection technique pour accélérer les réparations. Il a pris plusieurs décisions pour renforcer la défense des infrastructures critiques. Mais ce n’est pas suffisant. Parce qu’on ne peut pas réparer une centrale thermique détruite en quelques semaines. Ça prend des mois. Parfois des années. Et pendant ce temps, l’hiver ne attend pas.
27 octobre : Zelensky annonce la Coalition énergétique
Lundi 27 octobre, Kiev. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, David van Weel, rencontre Zelensky. Et le président ukrainien fait l’annonce. « Récemment, après de nombreuses attaques massives sur l’Ukraine — sur notre secteur énergétique, notre logistique, notre approvisionnement en eau, notre approvisionnement en gaz — une décision a été prise d’organiser une coalition pour soutenir le secteur énergétique et la sécurité énergétique des Ukrainiens. » Une coalition. Pas une promesse vague. Pas une déclaration symbolique. Une structure formelle avec des membres identifiés, des engagements financiers concrets, des objectifs mesurables. Zelensky explique que la mission sera double. Premièrement, renforcer les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Construire de nouvelles installations. Réparer les anciennes. Protéger celles qui restent. Deuxièmement, mobiliser les ressources financières pour importer de l’électricité depuis l’Union européenne si nécessaire. Parce que l’Ukraine est connectée au réseau électrique européen. Elle peut techniquement importer de l’électricité depuis la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie. Mais ça coûte cher. Très cher. Et l’Ukraine ne peut pas se le permettre seule. D’où la coalition.
Les Pays-Bas ouvrent le bal avec 25 millions d’euros
David van Weel n’est pas venu les mains vides. Il a annoncé un paquet d’aide énergétique de 25 millions d’euros. Vingt-cinq millions. C’est un début. Ce n’est pas assez pour reconstruire une centrale thermique. Mais c’est assez pour acheter des générateurs d’urgence. Pour réparer des transformateurs endommagés. Pour installer des systèmes de défense aérienne autour des infrastructures critiques. Zelensky l’a remercié publiquement. « Nous avons immédiatement ressenti le soutien de la Norvège, des Pays-Bas et personnellement de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. » Immédiatement. Pas des promesses pour l’année prochaine. Du soutien maintenant. Aujourd’hui. Parce que l’hiver arrive dans quelques semaines. Il n’y a plus de temps pour les négociations bureaucratiques. Plus de temps pour les études de faisabilité. Plus de temps pour les rapports de comité. Il faut agir. Maintenant. Et la coalition agit.
L’Allemagne mobilise 450 millions, la Norvège 150 millions
Mais les Pays-Bas ne sont pas seuls. L’Allemagne a annoncé que sa contribution totale au Fonds de soutien énergétique pour l’Ukraine atteindra 450 millions d’euros. Quatre cent cinquante millions. C’est massif. Assez pour reconstruire plusieurs centrales thermiques. Assez pour acheter des centaines de transformateurs de rechange. Assez pour financer l’importation d’électricité pendant tout l’hiver. La ministre allemande de l’Économie et de l’Énergie, Katharina Reiche, l’a confirmé officiellement. Et la Norvège ? Elle a promis 150 millions de dollars pour l’achat de gaz hivernal. Cent cinquante millions. C’est le troisième paquet d’aide énergétique d’Oslo en 2025. Zelensky l’a révélé après sa visite en Norvège. Le gaz norvégien chauffera les maisons ukrainiennes cet hiver. Il alimentera les centrales électriques de secours. Il permettra à des millions d’Ukrainiens de survivre au froid. Et tout ça grâce à cette coalition.
La Coalition des volontaires se réunit : 30 pays promettent plus de pression sur Moscou
Mais la Coalition énergétique n’est qu’une partie de l’effort international. Le 24 octobre, une autre coalition s’est réunie. La Coalition des volontaires — un groupe de plus de 30 nations essentiellement européennes qui soutiennent l’Ukraine. Co-présidée par Emmanuel Macron et Keir Starmer. Elle s’est réunie virtuellement vendredi dernier. Et les dirigeants ont promis d’intensifier la pression sur la Russie. Sur le champ de bataille. Sur l’économie. Sur l’industrie de défense. Keir Starmer l’a dit clairement : « L’avenir de l’Ukraine est notre avenir. Ce qui se passe dans les semaines et mois à venir est crucial pour la sécurité du Royaume-Uni et de tous nos alliés de l’OTAN et au-delà. » L’avenir de l’Ukraine est notre avenir. Ce n’est pas de la rhétorique. C’est une reconnaissance stratégique. Si l’Ukraine tombe, la Pologne sera la prochaine. Puis les pays baltes. Puis toute l’Europe de l’Est. Poutine ne s’arrêtera pas à Kiev. Il ira aussi loin que l’Occident le laissera aller. Donc l’Occident ne le laissera pas aller plus loin.
Trump et l’Europe sanctionnent simultanément Rosneft et Lukoil
Et la pression fonctionne. La semaine dernière, Donald Trump a annoncé de nouvelles sanctions contre Rosneft et Lukoil — les deux plus grandes compagnies pétrolières russes. Le Royaume-Uni a immédiatement suivi. Puis l’Union européenne. Les trois sanctions se sont synchronisées parfaitement. Zelensky l’a dit dans son adresse nocturne : « Les sanctions mondiales et notre précision chirurgicale sont pratiquement synchronisées pour mettre fin à cette guerre dans des conditions équitables pour l’Ukraine. » Synchronisées. C’est le mot clé. Parce que si seulement les États-Unis sanctionnent, la Russie vend son pétrole à la Chine et l’Inde. Si seulement l’Europe sanctionne, Moscou contourne via le Moyen-Orient. Mais quand tout le monde sanctionne simultanément, les options russes s’épuisent. Lukoil a déjà annoncé qu’elle vendrait tous ses actifs internationaux. Rosneft subit des pertes massives. L’économie russe saigne. Et Poutine sent la pression monter.
140 milliards d’euros depuis les avoirs russes gelés
Mais le coup le plus dur vient des avoirs russes gelés. Environ 300 milliards d’euros d’actifs souverains russes sont immobilisés en Europe depuis 2022. Bloqués. Inaccessibles à Moscou. Et maintenant, l’Union européenne veut utiliser ces avoirs pour financer l’Ukraine. Elle propose d’emprunter 140 milliards d’euros auprès d’Euroclear — l’institution basée à Bruxelles qui détient ces actifs. Prêter cette somme à l’Ukraine. Et laisser l’Ukraine ne rembourser que si la Russie paie des réparations de guerre. C’est brillant. C’est audacieux. C’est légalement complexe. Mais ça fonctionne. Ursula von der Leyen l’a dit mardi lors du sommet nordique : « J’aime beaucoup l’idée que la Russie paie pour les dommages qu’elle a causés en Ukraine. Pour moi, il n’y a pas d’alternative au prêt de réparation. » Aucune alternative. Donc ça va se faire. Le Conseil européen se réunit en décembre pour finaliser les détails. Et d’ici janvier, l’Ukraine aura accès à 140 milliards d’euros. Financés par les avoirs de Poutine. C’est de la justice poétique.
Conclusion
27 octobre 2025. L’Ukraine forge sa Coalition énergétique. Pendant que les missiles russes tombent sur Tchernihiv. Pendant que les centrales thermiques brûlent. Pendant que des millions d’Ukrainiens se préparent à un hiver dans le noir. Mais maintenant, ils ne sont plus seuls. Les Pays-Bas donnent 25 millions d’euros. L’Allemagne mobilise 450 millions. La Norvège promet 150 millions pour le gaz. L’Union européenne prépare un prêt de 140 milliards financé par les avoirs russes gelés. La Coalition des volontaires — 30 nations unies — intensifie les sanctions contre Rosneft et Lukoil. Trump, le Royaume-Uni et l’Europe frappent simultanément l’économie russe. Et pendant ce temps, Zelensky construit. Il construit des alliances. Il construit des coalitions. Il construit l’infrastructure diplomatique qui permettra à l’Ukraine de survivre. De résister. De vaincre. Poutine pensait que l’hiver briserait l’Ukraine. Qu’il forcerait Zelensky à capituler. Mais il a sous-estimé quelque chose. La résilience ukrainienne. Et la solidarité européenne. Parce que quand l’Ukraine brûle, l’Europe n’attend pas. Elle agit. Elle finance. Elle protège. Elle forge des coalitions sous le feu russe. Et ces coalitions tiendront. Elles garantiront que les Ukrainiens auront lumière et chaleur cet hiver. Elles garantiront que Poutine ne pourra pas gagner par l’attrition. Elles garantiront que — peu importe combien de missiles Moscou lance — l’Ukraine survivra. La Coalition énergétique n’est que le début. Bientôt, il y aura d’autres coalitions. Coalition de défense aérienne. Coalition de reconstruction. Coalition de justice. Chacune dédiée à un aspect de la survie ukrainienne. Et ensemble, elles formeront un mur infranchissable. Un mur que les missiles russes ne pourront jamais briser.
Encadré de transparence du chroniqueur
Je ne suis pas journaliste, mais chroniqueur, je suis analyste, observateur des coalitions internationales de soutien et des stratégies de résilience énergétique qui permettent aux nations en guerre de survivre aux campagnes de destruction systématique. Mon travail consiste à décortiquer les mécanismes de solidarité multilatérale, à comprendre l’impact des frappes sur les infrastructures civiles critiques, à anticiper l’évolution des alliances diplomatiques face aux guerres d’usure hivernales.
Ce texte respecte la distinction fondamentale entre faits vérifiés et commentaires interprétatifs. Les informations factuelles présentées dans cet article proviennent de sources officielles et vérifiables, notamment les déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky du 27 octobre 2025 annonçant la création de la Coalition énergétique internationale lors de sa rencontre avec le ministre néerlandais David van Weel, l’annonce par les Pays-Bas d’un paquet d’aide énergétique de 25 millions d’euros, les déclarations de Zelensky confirmant le soutien de 150 millions de dollars de la Norvège pour l’achat de gaz hivernal, l’annonce de la ministre allemande Katharina Reiche concernant une contribution de 450 millions d’euros au Fonds de soutien énergétique, les rapports concernant l’attaque russe du 28 octobre contre une installation électrique clé dans la région de Tchernihiv, les déclarations du premier ministre britannique Keir Starmer lors de la réunion de la Coalition des volontaires du 24 octobre 2025, les annonces de sanctions coordonnées contre Rosneft et Lukoil par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, les déclarations d’Ursula von der Leyen du 27 octobre concernant le prêt de réparation de 140 milliards d’euros financé par les avoirs russes gelés, les rapports d’agences de presse internationales reconnues telles que Reuters, Anadolu Agency, RBC Ukraine, CNN, Le Monde, TF1Info, ainsi que les communiqués officiels de l’Élysée, du gouvernement britannique et de la Commission européenne. Les statistiques concernant les 300 milliards d’euros d’avoirs russes gelés et la proposition de prêt de 140 milliards proviennent de ces sources vérifiables.
Les analyses et interprétations contextuelles présentées dans les sections analytiques de cet article représentent une synthèse critique basée sur l’évaluation de la stratégie russe de destruction systématique des infrastructures énergétiques ukrainiennes avant l’hiver, l’analyse de la réponse internationale coordonnée via la création de coalitions spécialisées, et les commentaires d’experts en sécurité énergétique et diplomatie multilatérale cités dans les sources consultées. Mon rôle est d’interpréter cette mobilisation internationale sans précédent, de contextualiser son impact sur la capacité de survie ukrainienne face aux campagnes de bombardement hivernales, et de donner un sens à la synchronisation des efforts diplomatiques, financiers et militaires occidentaux. Toute évolution ultérieure de la situation — nouvelles frappes massives, élargissement de la Coalition énergétique, finalisation du prêt de 140 milliards — pourrait modifier les perspectives présentées ici. Cet article sera mis à jour si de nouvelles informations officielles majeures concernant la Coalition énergétique ou le financement par les avoirs russes gelés sont publiées par les gouvernements européens, ukrainien ou les institutions de l’Union européenne.