Regardons les chiffres publiés par l’État-Major ukrainien le 12 novembre au matin, couvrant les pertes russes de la journée précédente. 1 000 soldats éliminés. Mais ce n’est pas tout. La Russie a également perdu 3 véhicules blindés de combat, 13 systèmes d’artillerie, 1 système de roquettes multiples, 1 système de défense aérienne, 162 drones de niveau opérationnel-tactique, 87 véhicules et camions-citernes, et 1 équipement spécial. Cent soixante-deux drones en un jour. C’est énorme. Ça montre l’intensité de la guerre électronique qui se joue au-dessus du champ de bataille. Chaque drone qui tombe, c’est un drone qui ne pourra plus frapper les positions ukrainiennes, qui ne pourra plus guider l’artillerie, qui ne pourra plus surveiller les mouvements ennemis. Les 13 systèmes d’artillerie détruits — c’est 13 canons qui ne bombarderont plus les villes ukrainiennes. Les 87 véhicules et camions-citernes — c’est la logistique russe qui se dégrade, mètre par mètre, convoi par convoi.
Mais revenons aux 1 000 soldats. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Selon les données compilées par BBC News Russian et Mediazona, qui ont documenté les décès de 145 258 soldats russes au 5 novembre 2025 en utilisant des sources ouvertes — nécrologies, réseaux sociaux, registres publics — environ 4,1% étaient des officiers, 9% des troupes d’infanterie motorisée, 2,7% des forces aéroportées VDV. De plus, 10,9% des soldats dont les décès ont été confirmés étaient des mobilisés, et 13% étaient des détenus recrutés dans les prisons. Des détenus. Moscou vide littéralement ses prisons pour alimenter la guerre. Des hommes condamnés pour vol, agression, parfois pour des crimes violents, à qui on offre une « rédemption » en échange de six mois de service au front. Beaucoup ne survivent pas aux six mois. Beaucoup meurent dans leurs premières semaines. Utilisés comme chair à canon dans les assauts les plus dangereux. Envoyés en première ligne pour absorber le feu ukrainien pendant que les unités « régulières » avancent derrière. C’est brutal. C’est inhumain. Mais c’est la réalité de la guerre menée par Moscou en novembre 2025.
Les chiffres cumulés : 1,15 million de pertes en 1 000 jours
Prenons du recul et regardons les chiffres cumulés depuis le début de l’invasion le 24 février 2022. Selon l’État-Major ukrainien, au 12 novembre 2025, les pertes russes totales s’élèvent à environ 1 154 180 soldats. Un million cent cinquante-quatre mille. C’est presque quatre fois la population de ma ville, Rennes, rayée de la carte. C’est l’équivalent de toute la population de Chypre. Disparu. Les pertes matérielles sont tout aussi stupéfiantes : 11 342 tanks, 23 556 véhicules blindés de combat, 34 379 systèmes d’artillerie, 1 540 systèmes de roquettes multiples, 1 240 systèmes de défense aérienne, 428 avions, 347 hélicoptères, 79 804 drones, 3 926 missiles de croisière, 28 navires et bateaux, 1 sous-marin, 67 123 véhicules et camions-citernes, et 3 994 équipements spéciaux. Pour mettre ces chiffres en perspective : au début de l’invasion, la Russie disposait d’environ 900 000 soldats actifs, 3 417 tanks actifs, 11 000 véhicules blindés de combat, et 5 000 systèmes d’artillerie actifs. En d’autres termes, la Russie a perdu plus de deux fois son armée entière de 2022. Deux fois. Elle a perdu plus de trois fois tous ses tanks. Plus de deux fois tous ses véhicules blindés. Plus de six fois tous ses systèmes d’artillerie. C’est un niveau d’attrition qu’aucune armée moderne n’avait jamais subi.
Comment est-ce possible ? Comment la Russie peut-elle continuer à se battre après avoir perdu deux fois son armée initiale ? La réponse est simple et terrifiante : elle remplace les pertes. Selon le commandant en chef ukrainien Oleksandr Syrskyi, la Russie mobilise environ 9 000 nouveaux soldats par mois. Neuf mille. C’est 300 par jour. Et avec un taux de pertes moyen d’environ 1 000 par jour en 2025, ça signifie que la Russie perd environ 30 000 soldats par mois mais n’en remplace que 9 000. Mathématiquement, ça devrait être insoutenable. Mais Moscou compense de plusieurs façons : en vidant les prisons, en augmentant les primes pour attirer des volontaires (jusqu’à 300 000 roubles par mois, soit environ 3 000 dollars), en recrutant dans les régions les plus pauvres de Russie où ce salaire représente une fortune, et en faisant venir des combattants étrangers — notamment environ 12 000 soldats nord-coréens selon les renseignements américains et ukrainiens. La Russie a également augmenté la taille de son armée active. Elle vise maintenant 1,5 million de soldats d’ici 2029, contre environ 700 000 actuellement déployés en Ukraine. Elle recrute. Elle forme. Elle équipe. Et elle envoie ces hommes au front. Encore et encore. Sans relâche.
1 200 pertes par jour en mai-juin 2024 : un pic qui est maintenant la norme
Les renseignements occidentaux confirment les chiffres ukrainiens. Selon des responsables militaires de l’OTAN, environ 1 200 soldats russes étaient éliminés ou blessés chaque jour en moyenne en mai et juin 2024. En juillet 2024, le chef d’état-major de l’armée britannique Sir Roland Walker a déclaré qu’avec le rythme actuel de combat, il faudrait à la Russie cinq ans pour contrôler les quatre régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporizhzhia que Moscou revendique. Et ça coûterait à la Russie entre 1,5 et 1,8 million de pertes. Il a ajouté qu’il n’y a « pas de gagnants » dans l’invasion russe de l’Ukraine, qualifiant la situation de « dévastation totale pour les deux camps et de générations perdues ». En août 2024, un responsable occidental a confirmé que la moyenne quotidienne des pertes militaires russes était d’environ 1 000 soldats. Et ce chiffre est resté stable. Selon un rapport du renseignement britannique du 14 octobre 2025, la Russie a subi environ 1,118 million de pertes totales depuis le début de l’invasion à grande échelle, dont 332 000 pertes depuis le 1er janvier 2025. Le taux de pertes russes a atteint son pic en décembre 2024 avec 1 570 pertes par jour en moyenne. Il a ensuite diminué progressivement, tombant à 930 pertes quotidiennes en août. Mais depuis, il augmente régulièrement, dépassant à nouveau 1 000 pertes quotidiennes entre le 5 et le 12 octobre. Et maintenant, en novembre, nous voyons des journées à 1 000, parfois 1 020 comme le 11 novembre selon certains rapports.
Le président Zelensky : 25 000 pertes russes en octobre à Pokrovsk seul
Parlons de Pokrovsk. Cette ville qui concentre environ un tiers de tous les combats sur le front ukrainien. Le président Volodymyr Zelensky a révélé le 27 octobre que les forces russes ont subi 25 000 pertes — morts et blessés — rien qu’en octobre dans le secteur de Pokrovsk. Vingt-cinq mille en un mois. Dans un seul secteur. C’est plus de 800 pertes par jour rien qu’à Pokrovsk. Et ça correspond à ce que nous voyons sur le terrain. Selon Zelensky, environ 170 000 soldats russes sont concentrés dans la région de Pokrovsk. Cent soixante-dix mille. C’est presque un quart de toute la force russe en Ukraine. Et ils lancent assaut après assaut, vague après vague, malgré les pertes catastrophiques. Pourquoi ? Parce que Pokrovsk est un objectif stratégique vital. Si Pokrovsk tombe, les routes d’approvisionnement vers Kramatorsk, Sloviansk, Kostyantynivka — la « ceinture de forteresses » ukrainienne dans le Donbass — seront coupées. Toute la ligne défensive ukrainienne dans le Donbass occidental s’effondrera. Poutine le sait. C’est pourquoi il continue d’envoyer des hommes malgré les pertes. C’est pourquoi les commandants russes ordonnent assaut après assaut, acceptant un ratio de pertes qui serait inacceptable pour n’importe quelle autre armée moderne.
Le 7ème Corps d’assaut aérien ukrainien, qui défend une partie du secteur de Pokrovsk, a rapporté que depuis le début de novembre, les forces ukrainiennes ont éliminé 162 soldats russes et en ont blessé 39 autres rien qu’à Pokrovsk. C’est en dix jours. Seize éliminés par jour en moyenne. Le 10 novembre, selon le rapport quotidien de l’État-Major, les défenseurs ukrainiens dans le secteur de Pokrovsk ont éliminé 130 soldats russes, dont 66 éliminés. Ils ont également détruit 15 drones, 11 pièces d’équipement spécial, un poste de commande UAV, et six véhicules. Ce sont des pertes massives. En un jour. Dans un seul secteur. Et pourtant, le lendemain, les Russes reviennent avec de nouvelles troupes, de nouveaux véhicules, de nouveaux drones. Parce qu’ils ont les ressources. Parce qu’ils peuvent remplacer les morts. Parce que Moscou a décidé que Pokrovsk doit tomber, quel qu’en soit le prix en vies humaines. Les soldats russes infiltrent la ville par petits groupes — des équipes de trois, cinq, dix hommes qui avancent à pied ou sur des motos, exploitant le brouillard de novembre pour éviter les drones ukrainiens. Sur trois qui avancent, deux meurent. Mais le troisième arrive. Et ce troisième établit une tête de pont. C’est la tactique russe. Brutale. Archaïque. Mais elle fonctionne quand vous avez les hommes à perdre.
Mediazona et BBC : 145 258 morts confirmés par sources ouvertes
Les chiffres ukrainiens de plus d’un million de pertes incluent à la fois les morts et les blessés. Mais combien sont réellement morts ? Mediazona et BBC News Russian, qui ont mené un travail méticuleux de documentation des décès russes confirmés par sources ouvertes — nécrologies, réseaux sociaux, registres de succession — ont identifié 145 258 soldats russes dont la mort a été confirmée au 5 novembre 2025. Cent quarante-cinq mille. Et ce n’est que le minimum absolu. Parce que beaucoup de morts ne sont jamais annoncés publiquement. Beaucoup de familles ne publient pas de nécrologies. Beaucoup de soldats sont simplement déclarés « disparus » — un euphémisme qui signifie souvent que le corps n’a jamais été récupéré, qu’il est resté dans une tranchée quelque part, bombardé, brûlé, enterré sous les décombres. Selon l’analyse de Meduza publiée en novembre 2025, entre 200 000 et 220 000 Russes ont été effectivement éliminés dans la guerre à la mi-2025. Deux cent mille. Ce chiffre exclut les ressortissants étrangers, y compris les combattants ukrainiens des « républiques populaires » autoproclamées du Donbass et les mercenaires venus d’ailleurs. Si on inclut tout le monde, le nombre réel de morts côté russe et pro-russe dépasse probablement 250 000. Un quart de million. C’est la population d’une ville moyenne. Disparue.
Le ratio pertes russes/pertes ukrainiennes : 2 pour 1 selon le New York Times
Fin janvier 2025, The New York Times a rapporté que des analystes avaient conclu que les pertes russes — incluant les morts et les gravement blessés — étaient légèrement inférieures à deux soldats russes pour chaque soldat ukrainien éliminé ou gravement blessé. Deux pour un. C’est le ratio. Ça signifie que pour chaque Ukrainien qui meurt, deux Russes meurent. C’est un ratio favorable à l’Ukraine d’un point de vue tactique. Mais d’un point de vue stratégique, c’est problématique. Parce que la Russie a une population trois fois plus grande que l’Ukraine. Elle peut se permettre de perdre deux hommes pour chaque Ukrainien et quand même gagner la guerre d’attrition. Si l’Ukraine perd 500 soldats par jour et la Russie en perd 1 000, qui gagne à long terme ? La Russie. Parce qu’elle peut remplacer ses 1 000 plus facilement que l’Ukraine ne peut remplacer ses 500. C’est la mathématique brutale de la guerre d’attrition. Et Poutine le comprend. C’est pourquoi il continue. C’est pourquoi il accepte ces pertes horribles. Parce qu’il pense — probablement à juste titre — que le temps joue en sa faveur. Que l’Ukraine s’épuisera avant la Russie. Que l’aide occidentale diminuera. Que la fatigue de guerre s’installera en Europe et aux États-Unis. Et qu’à ce moment-là, il aura gagné. Pas par une victoire militaire éclatante. Mais par l’attrition. Par l’épuisement. Par le fait que l’Ukraine n’aura plus les hommes pour continuer à se battre.
Les régions qui saignent : d'où viennent les 1 000 morts quotidiens ?
La Russie est immense. 144 millions d’habitants répartis sur le plus grand pays du monde. Mais les 1 000 soldats qui meurent chaque jour ne viennent pas de partout uniformément. Ils viennent principalement des régions les plus pauvres. De Sibérie. Du Caucase. Des républiques ethniques minoritaires. Selon des analyses démographiques, des régions comme le Daguestan, la Bouriatie, la Touva, la Sakha ont subi des pertes disproportionnées par rapport à leur population. Pourquoi ? Parce que les primes offertes pour s’engager — jusqu’à 300 000 roubles par mois — représentent une fortune dans ces régions où le salaire moyen est souvent inférieur à 30 000 roubles. Des jeunes hommes signent. Ils pensent qu’ils vont faire six mois, gagner assez d’argent pour acheter une maison ou une voiture, et rentrer chez eux. Beaucoup ne rentrent jamais. Leurs corps reviennent — quand ils reviennent — dans des sacs en zinc. Leurs familles reçoivent une compensation financière — environ 5 millions de roubles (environ 50 000 dollars) pour un soldat éliminé. C’est beaucoup d’argent dans ces régions. Assez pour que certaines familles acceptent le sacrifice. Assez pour que le système continue à fonctionner. C’est cynique. C’est exploitatif. Mais c’est efficace. Moscou vide les régions périphériques de leurs hommes pour alimenter la guerre. Et les grandes villes — Moscou, Saint-Pétersbourg — restent relativement épargnées. Ce qui signifie que les élites urbaines, celles qui pourraient protester, qui pourraient exiger la fin de la guerre, ne sentent pas directement les pertes. Leurs fils ne partent pas au front. Ce sont les fils des régions lointaines qui meurent. Et tant que c’est le cas, Poutine peut maintenir le soutien — ou au moins l’acquiescement — de la majorité de la population.
Les cimetières militaires en Russie s’agrandissent à un rythme terrifiant. Des images satellites montrent de nouvelles sections entières ajoutées aux cimetières dans des villes comme Krasnodar, Rostov-sur-le-Don, Volgograd. Des rangées et des rangées de tombes fraîches. Des croix en bois ou en métal, souvent avec juste un nom et une date. Certaines sans nom du tout — juste « Soldat inconnu ». Parce que le corps était tellement endommagé qu’il ne pouvait pas être identifié. Parce que l’identification ADN prend du temps et coûte de l’argent que Moscou préfère dépenser ailleurs. Les familles visitent ces tombes. Elles pleurent. Elles déposent des fleurs. Et la vie continue. Parce qu’à quoi d’autre peuvent-elles faire ? Protester ? Exiger des comptes ? C’est dangereux en Russie de Poutine. Les « mères de soldats » qui ont osé manifester contre la guerre ont été arrêtées, intimidées, parfois pire. Alors la plupart se taisent. Elles pleurent en silence. Et le cycle continue. Un millier de nouveaux morts chaque jour. Un millier de nouvelles tombes chaque jour. Jusqu’à quand ? Personne ne sait.
Les désertions et les mutineries : le moral qui s’effrite
Malgré la propagande officielle qui présente la guerre comme une « opération militaire spéciale » nécessaire pour protéger la Russie contre l’OTAN, le moral des troupes russes est au plus bas. Les rapports de désertions se multiplient. Des soldats qui fuient leurs unités, qui refusent de combattre, qui tentent de rentrer chez eux. Selon des sources ouvertes russes, plus de 10 000 cas de désertion ont été traités par les tribunaux militaires russes depuis le début de 2024. Dix mille. Et ce n’est que ceux qui ont été capturés et jugés. Beaucoup d’autres sont probablement en fuite, se cachant, essayant d’échapper aux autorités. Des mutineries ont également été rapportées, bien que rarement confirmées officiellement. Des unités entières qui refusent d’attaquer. Des soldats qui tirent sur leurs officiers. Des commandants battus par leurs propres hommes. Ces incidents sont rapidement étouffés. Les médias russes n’en parlent pas. Mais sur Telegram, sur les canaux de dissidents russes, les histoires circulent. Des unités envoyées au front sans équipement adéquat, sans formation suffisante, sans soutien d’artillerie. Des commandants qui ordonnent des assauts suicides pour atteindre des objectifs impossibles. Des soldats qui meurent par dizaines pour gagner quelques mètres. Et ceux qui survivent se demandent : pourquoi ? Pour quoi ? Pour prendre un village en ruines que personne ne veut ? Pour planter un drapeau russe sur des gravats ? Ça n’a aucun sens. Mais l’armée russe ne fonctionne pas sur la logique. Elle fonctionne sur l’obéissance. Sur la peur. Sur la discipline brutale. Et pour l’instant, ça suffit pour maintenir les hommes au front. Mais pour combien de temps encore ?
L’économie de guerre qui compense — pour l’instant
Comment la Russie finance-t-elle cette guerre qui lui coûte environ 1 000 soldats par jour et des milliards de dollars en équipement ? Par une économie de guerre totale. Moscou a réorienté une grande partie de son industrie vers la production militaire. Les usines qui produisaient des voitures produisent maintenant des véhicules blindés. Les usines chimiques produisent des explosifs. Les chantiers navals construisent des navires militaires. Le budget de défense russe pour 2025 est d’environ 10 000 milliards de roubles (environ 100 milliards de dollars), soit environ 6% du PIB — le taux le plus élevé depuis la fin de la Guerre froide. Et ça ne compte pas les dépenses cachées, les budgets secrets, les fonds détournés d’autres secteurs. La Russie mobilise également des ressources de l’étranger. La Corée du Nord fournit des obus d’artillerie — selon les renseignements ukrainiens, 40 à 60% des obus tirés par la Russie sont de fabrication nord-coréenne. L’Iran fournit des drones Shahed. La Chine fournit des composants électroniques, des pièces détachées, de l’équipement à double usage qui peut être militarisé. Tout ça permet à Moscou de maintenir le rythme. De remplacer les pertes. De continuer à avancer. Lentement. Au prix du sang. Mais elle avance. Et tant qu’elle peut maintenir cette économie de guerre, tant qu’elle peut remplacer les 1 000 soldats perdus chaque jour, elle continuera. Jusqu’à ce que l’Ukraine s’effondre. Ou jusqu’à ce que l’économie russe elle-même s’effondre sous le poids de cette guerre. Pour l’instant, ni l’un ni l’autre ne s’est produit. Et le carnage continue.
Les pertes ukrainiennes : le prix défensif
Parlons des pertes ukrainiennes. Kyiv est beaucoup plus discret sur ses propres pertes que Moscou. Mais les estimations varient. Selon le ratio de 2 pour 1 mentionné par le New York Times, si la Russie a perdu environ 1,15 million d’hommes (morts et blessés), l’Ukraine aurait perdu environ 575 000. Mais d’autres estimations suggèrent des chiffres différents. Zelensky a mentionné en février 2025 que l’Ukraine avait perdu environ 31 000 soldats éliminés depuis le début de l’invasion. Mais ce chiffre semble sous-estimer considérablement la réalité. Des sources occidentales estiment les pertes ukrainiennes totales (morts et blessés) à environ 400 000 à 500 000 depuis le début de la guerre. Quatre à cinq cent mille. C’est énorme pour un pays de 40 millions d’habitants (avant la guerre, maintenant probablement moins avec tous les réfugiés qui sont partis). Chaque soldat ukrainien perdu est difficile à remplacer. La mobilisation est impopulaire. Les unités sont en sous-effectif. L’épuisement s’installe après presque quatre ans de guerre. Mais l’Ukraine n’a pas le choix. Elle se défend. Chaque village abandonné, c’est des familles ukrainiennes laissées sous occupation russe. Chaque kilomètre cédé rapproche l’ennemi des grandes villes. Alors les soldats continuent à se battre. Dans des conditions terribles. Sous-équipés parfois. Toujours en infériorité numérique. Mais ils tiennent. Parce qu’ils n’ont pas d’autre option. Parce que si ils ne tiennent pas, leur pays cesse d’exister.
Le coût humain global : une génération perdue des deux côtés
Si on additionne les pertes des deux côtés — environ 1,15 million pour la Russie et environ 450 000 pour l’Ukraine (estimation conservatrice) — on arrive à environ 1,6 million de pertes. Un million six cent mille. En moins de quatre ans. C’est plus que les pertes américaines dans toutes les guerres du 20ème siècle combinées. C’est comparable aux pertes de la Première Guerre mondiale sur le front de l’Est. C’est une catastrophe démographique. Pour la Russie, qui fait déjà face à une crise démographique avec une population vieillissante et un faible taux de natalité, perdre un million de jeunes hommes en âge de travailler et de procréer aura des conséquences pendant des décennies. Pour l’Ukraine, avec sa population beaucoup plus petite, l’impact sera encore plus dévastateur. Des villages entiers ont perdu tous leurs jeunes hommes. Des écoles sans enfants parce que les parents sont partis ou sont morts. Une génération entière traumatisée par la guerre. Des familles brisées. Des veuves. Des orphelins. Des parents qui enterrent leurs enfants. C’est le vrai coût de cette guerre. Pas juste les chiffres abstraits — 1 000 morts par jour, 1,15 million de pertes totales — mais les vies réelles derrière ces chiffres. Les histoires personnelles. Les rêves brisés. Les futurs qui n’existeront jamais. Sir Roland Walker avait raison : il n’y a « pas de gagnants » dans cette guerre. Seulement des perdants. Des deux côtés. Pour des générations.
Conclusion : mille morts par jour, jusqu'à quand ?
Mille. 1 000 soldats russes. Éliminés. Chaque jour. En moyenne. Parfois plus — 1 200 en mai et juin 2024, 1 570 en décembre 2024. Parfois un peu moins — 930 en août 2025. Mais la moyenne reste autour de 1 000. Jour après jour. Semaine après semaine. Mois après mois. Depuis presque quatre ans maintenant. Et le total continue de grimper. 1 154 180 au 12 novembre 2025. Bientôt 1,2 million. Puis 1,3 million. Jusqu’où ça ira ? Jusqu’à 1,5 million comme le prédit Sir Roland Walker si la guerre continue encore cinq ans ? Jusqu’à 2 millions ? À quel moment Moscou dira « assez » ? À quel moment le coût humain deviendra-t-il intolérable même pour un régime autoritaire comme celui de Poutine ? Personne ne sait. Ce qui est clair, c’est que pour l’instant, Poutine ne montre aucun signe d’arrêt. Il continue d’envoyer des hommes dans le hachoir à viande. Il continue d’accepter ces pertes catastrophiques. Parce qu’il pense pouvoir gagner. Parce qu’il croit que l’Ukraine s’effondrera avant la Russie. Parce qu’il parie que l’Occident se lassera de soutenir Kyiv. Et peut-être qu’il a raison. Peut-être que le temps joue effectivement en sa faveur.
Mais regardons ce que ces 1 000 morts par jour signifient concrètement. En un an — 365 jours — c’est 365 000 soldats. Presque autant que toute l’armée française. Disparus. En deux ans, c’est 730 000. Plus que toute l’armée britannique. En trois ans — le temps déjà écoulé depuis février 2022 — c’est plus d’un million. Et la Russie continue. Elle recrute 9 000 nouveaux soldats par mois. Elle vide ses prisons. Elle offre des primes colossales. Elle mobilise les régions périphériques. Elle fait venir des Nord-Coréens. Elle achète des obus à Pyongyang et des drones à Téhéran. Et elle envoie tout ça au front. Pour prendre Pokrovsk. Pour avancer de quelques kilomètres à Zaporizhzhia. Pour planter un drapeau russe sur des tas de gravats qui étaient autrefois des villes ukrainiennes. Est-ce que ça en vaut la peine ? Du point de vue humain, non. Évidemment non. Mais du point de vue de Poutine ? Peut-être. Si ça lui permet d’atteindre ses objectifs. Si ça lui permet de briser l’Ukraine. Si ça lui permet de prouver que l’Occident ne se battra pas vraiment pour défendre l’ordre international. Alors oui, du point de vue froid et calculateur d’un autocrate qui se soucie peu de la vie humaine, peut-être que les 1 000 morts par jour en valent la peine. C’est terrifiant. C’est inhumain. Mais c’est la réalité de la guerre en novembre 2025. Mille morts par jour. Et demain, il y en aura mille de plus. Et après-demain encore. Jusqu’à ce que quelque chose — l’épuisement russe, l’effondrement ukrainien, une intervention occidentale, un changement de régime à Moscou — mette fin à cette folie. Mais pour l’instant, rien de tout ça ne semble imminent. Et le carnage continue.
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