Gaza à l’aube d’un cessez-le-feu : le Hamas face à l’ultimatum, Trump et Netanyahou sous pression
Auteur: Maxime Marquette
Un accord à portée de main, la bande de gaza retient son souffle
La bande de Gaza vit une de ces heures où l’histoire hésite, où chaque rumeur, chaque déclaration, chaque silence peut faire basculer le destin de millions de vies. Après plus de vingt mois de guerre, de destructions, de deuils et de négociations avortées, le Hamas serait, selon plusieurs sources, « proche d’accepter » la dernière proposition de cessez-le-feu portée par les États-Unis et leurs alliés. Mais rien n’est encore joué : le mouvement islamiste exige des garanties plus solides sur la fin définitive de la guerre, alors que Benjamin Netanyahou s’apprête à rencontrer Donald Trump à Washington pour sceller, ou faire capoter, l’accord. Dans les ruines de Gaza, l’attente est insoutenable. Les familles comptent les heures, les otages espèrent, les diplomates s’activent, les combattants retiennent leur souffle. L’urgence, aujourd’hui, c’est de comprendre ce qui se joue dans ces ultimes tractations, ce que chaque camp attend, ce que la paix coûtera à ceux qui la réclament et à ceux qui la redoutent.
La proposition sur la table : une trêve, mais à quel prix ?
La proposition américaine, soutenue par l’Égypte et le Qatar, prévoit une trêve de 60 jours, la libération progressive des otages détenus par le Hamas, un retrait partiel de l’armée israélienne et l’acheminement massif d’aide humanitaire. Mais le cœur du désaccord reste le même : le Hamas exige que la trêve débouche sur la fin définitive de la guerre, la levée du blocus et la reconstruction de Gaza. Israël, de son côté, refuse d’inscrire noir sur blanc la promesse d’un arrêt total des hostilités tant que le Hamas n’est pas démantelé. Les négociateurs cherchent la formule magique, le mot qui permettra à chaque camp de sauver la face sans trahir ses lignes rouges. Mais le temps presse : chaque jour de négociation, c’est des morts de plus, des familles brisées, des hôpitaux débordés, une population à bout de souffle. La paix, ici, n’est jamais acquise : elle se gagne à la minute, au prix de mille compromis, de mille renoncements.
Un contexte de violence extrême, la population prise au piège
Sur le terrain, la situation reste apocalyptique. Les bombardements israéliens se poursuivent, les combats font rage dans plusieurs secteurs, les bilans humains s’alourdissent : plus de 57 000 morts selon les autorités locales, des centaines de milliers de déplacés, des infrastructures détruites, une aide humanitaire qui n’arrive qu’au compte-gouttes. Les habitants de Gaza racontent un quotidien rythmé par la peur, la faim, la maladie, l’attente. À chaque annonce de négociation, l’espoir renaît, mais il est vite douché par la reprise des combats ou par l’échec des pourparlers. Dans ce contexte, la moindre avancée diplomatique prend une importance démesurée, mais la lassitude et la méfiance dominent. Pour beaucoup, la paix semble encore hors de portée, tant les positions des deux camps restent inconciliables.
Les dessous d’une négociation sous haute tension

Trump, médiateur sous pression et calcul politique
Depuis plusieurs semaines, Donald Trump s’est personnellement impliqué dans la recherche d’un cessez-le-feu à Gaza. Il multiplie les appels aux dirigeants israéliens, égyptiens, qataris, reçoit des émissaires de toutes les parties et fait de la paix au Proche-Orient une priorité affichée de son agenda international. Pour Trump, l’enjeu est double : obtenir une victoire diplomatique majeure à l’approche de la présidentielle américaine, et prouver qu’il peut faire mieux que ses prédécesseurs en arrachant un accord là où tous ont échoué. Il mise sur la pression publique, sur la promesse d’élargir les accords d’Abraham à de nouveaux pays arabes, et sur la menace d’une aggravation de la situation si le Hamas refuse la proposition. Mais cette stratégie comporte des risques : chaque revers, chaque relance des combats, chaque accusation de partialité peut se retourner contre lui et affaiblir sa crédibilité sur la scène internationale.
Le Hamas, entre pragmatisme et radicalité
Du côté du Hamas, la situation est tout aussi complexe. Le mouvement, affaibli militairement par des mois de bombardements et de combats urbains, mais toujours influent dans la population de Gaza, doit composer avec la pression de ses alliés régionaux, la colère des familles d’otages, la lassitude de la population et la concurrence d’autres factions armées. Les dirigeants du Hamas ont laissé entendre qu’ils étaient ouverts à un accord, mais insistent sur la nécessité d’obtenir des garanties solides : la fin réelle de la guerre, le retrait total des troupes israéliennes, la levée du blocus et la reconstruction de Gaza. Pour certains cadres, accepter une trêve sans perspective politique claire serait une capitulation ; pour d’autres, c’est la seule façon de sauver ce qui peut l’être et de préserver une influence sur l’avenir de la bande de Gaza. Le mouvement consulte donc largement, retarde sa réponse officielle, et cherche à obtenir le maximum de concessions avant de s’engager.
Israël, entre acceptation tactique et lignes rouges stratégiques
Israël, de son côté, a officiellement accepté la proposition américaine, mais ses dirigeants n’ont cessé de rappeler que toute trêve ne pourra être que temporaire tant que le Hamas ne sera pas totalement démantelé. Benjamin Netanyahou, attendu à Washington dans les prochains jours, doit jongler entre la pression de son opinion publique, la colère des familles d’otages, la défiance d’une partie de son gouvernement et la nécessité de répondre aux attentes américaines. Pour l’armée israélienne, la trêve est vue comme une pause tactique, utile pour réorganiser les forces, évacuer les blessés, préparer de nouvelles opérations si nécessaire. Mais pour beaucoup de responsables, il n’est pas question de renoncer à l’objectif de « détruire le Hamas » et d’empêcher tout retour à la situation d’avant le 7 octobre 2023. Cette ambiguïté rend toute négociation fragile, chaque engagement réversible, chaque promesse incertaine.
Les enjeux et risques d’un accord fragile

Un cessez-le-feu, mais pour quoi faire ?
Même si le Hamas accepte la proposition et qu’un cessez-le-feu de 60 jours entre en vigueur, de nombreuses incertitudes subsistent. La trêve n’est qu’un début : elle doit permettre la libération progressive des otages, l’acheminement de l’aide humanitaire, la reconstruction de Gaza et la mise en place d’une administration de transition. Mais chaque étape est semée d’embûches : les otages encore en vie sont dispersés, parfois entre les mains de groupes incontrôlés ; l’aide humanitaire risque d’être détournée ou entravée ; la reconstruction suppose des financements massifs et une coopération internationale difficile à obtenir. Surtout, la question du « jour d’après » reste entière : qui gouvernera Gaza ? Comment éviter le retour du chaos, des milices, des trafics ? Comment garantir la sécurité d’Israël sans condamner les Gazaouis à une nouvelle décennie de blocus et de pauvreté ?
Le spectre de la reprise des combats
L’histoire récente montre que chaque cessez-le-feu à Gaza est fragile, réversible, menacé par le moindre incident, la moindre provocation, le moindre calcul politique. Les précédentes trêves ont souvent volé en éclats après quelques jours ou semaines, sous l’effet d’un tir de roquette, d’une opération ciblée, d’une déclaration incendiaire. Cette fois, la pression internationale est plus forte, la lassitude des belligérants plus grande, mais les risques d’explosion restent élevés. Le Hamas redoute une opération israélienne surprise, Israël craint un réarmement clandestin, les médiateurs s’inquiètent de la capacité des extrémistes à saboter le processus. La moindre bavure, le moindre malentendu, la moindre surenchère peut tout faire basculer. La paix, ici, n’est jamais acquise : elle se gagne jour après jour, au prix de concessions, de compromis, de courage politique.
Un test pour la diplomatie américaine et régionale
Pour Donald Trump et son administration, ce cessez-le-feu est un test grandeur nature de leur capacité à peser sur le Proche-Orient. S’ils parviennent à arracher un accord durable, ils pourront se targuer d’avoir mis fin à l’un des conflits les plus meurtriers de la décennie, d’avoir relancé la dynamique des accords d’Abraham, d’avoir rétabli l’influence américaine dans une région en pleine recomposition. Mais s’ils échouent, ils risquent de voir leur crédibilité entamée, leur autorité contestée, leur leadership remis en cause. Pour les médiateurs égyptiens et qataris, l’enjeu est tout aussi crucial : ils jouent leur rôle de pont entre les camps, leur capacité à garantir la sécurité des otages, à superviser la reconstruction, à éviter la reprise des hostilités. Ce cessez-le-feu, s’il advient, sera le fruit d’un équilibre précaire, d’une diplomatie de funambule, d’une vigilance de chaque instant.
Conclusion – L’attente, l’espoir et la peur

Un accord fragile, un avenir incertain
Alors que le monde retient son souffle, le sort de Gaza et de ses habitants se joue dans les prochaines heures. La réponse du Hamas à la proposition de cessez-le-feu négociée par Trump pourrait ouvrir la voie à une trêve, à la libération des otages, à la reconstruction, à une paix encore fragile. Mais tout peut encore basculer : la méfiance, la lassitude, la peur, les intérêts contradictoires rendent chaque avancée réversible, chaque promesse incertaine. L’histoire de Gaza, marquée par la souffrance et la résilience, rappelle que la paix n’est jamais acquise, qu’elle se construit jour après jour, au prix de compromis, de courage, de vigilance. À chacun, décideur, citoyen, témoin, de prendre sa part de responsabilité, d’exiger la vérité, de refuser la fatalité. L’avenir de Gaza, et peut-être celui du Proche-Orient, se joue maintenant, dans l’attente d’une réponse, dans l’espoir d’un sursaut, dans la peur d’un nouvel échec. L’histoire, elle, ne s’arrête jamais. Mais elle n’attend personne.