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Chronique : Cent quarante-huit combats en vingt-quatre heures, Pokrovsk tient bon
Credit: Adobe Stock

Quarante-cinq assauts repoussés. Quarante-cinq. Dans le seul secteur de Pokrovsk. Les défenseurs ukrainiens ont stoppé les attaques russes dans les zones des localités de Shakhove, Novoe Shakhove, Chervonyi Lyman, Rodynske, Novoeokonomichne, Lysivka, Novopavlivka, Pokrovsk, Myroliubivka, Myrnohrad, Zvirove, Kotlyne, Udachne, Molodetsk, Dachne et Filiia. Quarante-cinq fois, des groupes d’assaut russes se sont lancés à l’attaque. Quarante-cinq fois, ils ont été décimés par les tirs d’artillerie, les drones FPV et les armes légères ukrainiennes. Le président Zelensky a confirmé le 27 octobre que les troupes russes surpassent numériquement les Ukrainiens huit contre un dans le secteur de Pokrovsk. « Imaginez combien de forces russes sont là-bas. Mais en même temps, ils n’ont pas atteint le résultat planifié », a-t-il déclaré aux journalistes selon le diffuseur public Suspilne. Cette supériorité numérique écrasante explique pourquoi la Russie parvient malgré tout à progresser centimètre par centimètre, maison par maison dans Pokrovsk et ses environs. L’État-major général a confirmé le 26 octobre qu’environ deux cents soldats russes ont pénétré à l’intérieur de la ville de Pokrovsk en petits groupes d’infanterie, engageant les troupes ukrainiennes dans des combats à l’arme légère et aux drones. Ces infiltrations représentent une menace majeure car les Russes ne cherchent pas à consolider leurs positions mais à avancer vers le nord pour disperser les forces de défense ukrainiennes et bloquer les corridors logistiques terrestres menant à la ville.

L’infiltration russe ou la tactique des petits groupes

Comment deux cents soldats russes ont-ils réussi à pénétrer dans Pokrovsk malgré la surveillance constante des drones ukrainiens? La réponse tient dans la méthodologie employée par Moscou. Selon DeepState, projet de cartographie open-source ukrainien considéré comme fiable, les Russes ont formé des groupes tactiques de cinquante hommes chacun pour infiltrer la ville. Il leur a fallu dix jours pour atteindre Pokrovsk depuis le village de Pishchane, progressant d’environ six cents mètres par jour pour éviter d’être détectés. Les ravitaillements étaient livrés par drones, et les groupes étaient bien coordonnés, conscients des positions de chacun. DeepState affirme que sur cent cinquante soldats initialement engagés dans cette opération d’infiltration, seulement trente ont réussi à atteindre la ville, les autres ayant été éliminés par des munitions larguées par des drones. Cette tactique d’infiltration par petits groupes est devenue la signature des assauts russes en 2025. Elle permet de contourner les « zones de mort » créées par les drones ukrainiens qui surveillent en permanence les approches des positions défensives. Un grand groupe de cinquante ou cent soldats progressant ensemble serait immédiatement repéré et anéanti. Mais de multiples groupes de cinq à dix hommes, avançant de nuit ou par temps de brouillard, profitant de chaque repli de terrain, exploitant chaque faiblesse dans les défenses ukrainiennes, parviennent à s’infiltrer progressivement. Une fois à l’intérieur d’une zone urbaine comme Pokrovsk, ces petits groupes se cachent dans les bâtiments, tendent des embuscades, posent des mines sur les routes et cherchent constamment de nouvelles voies d’infiltration. Les combats urbains qui en résultent sont chaotiques, brutaux, d’une violence inouïe.

Le défi logistique ukrainien face à l’étau qui se resserre

Le 7e Corps de réaction rapide des troupes d’assaut aérien ukrainiennes a déclaré dans un message Facebook que « les occupants qui sont entrés dans la ville n’essaient pas de s’installer, mais ont l’intention d’avancer plus au nord. Ce faisant, l’ennemi veut disperser nos forces de défense et bloquer les corridors logistiques terrestres ». Cette stratégie russe vise directement le talon d’Achille de la défense de Pokrovsk. La ville n’est plus reliée au reste du territoire ukrainien que par un corridor d’environ quinze kilomètres selon DeepState. Les Russes ont encerclé Pokrovsk de trois côtés, ne laissant qu’une ouverture étroite pour que l’armée ukrainienne achemine des troupes et des ravitaillements. Tous les ponts menant à Pokrovsk ont été détruits par l’armée russe, et l’évacuation des blessés est devenue une tâche quasi impossible selon la lieutenante senior Natalia Stoiko, responsable des services médicaux de la 5e brigade mécanisée lourde déployée dans le secteur de Pokrovsk. Les drones russes à fibre optique surveillent désormais toutes les routes d’approvisionnement terrestres autour de Pokrovsk selon Ukrainska Pravda. Ces drones, reliés par un câble de fibre optique, sont immunisés contre le brouillage électronique et fournissent des images en temps réel de qualité exceptionnelle. Chaque tentative de ravitaillement, chaque rotation de personnel, chaque évacuation médicale devient une opération périlleuse où la mort guette à chaque virage de route. Le commandement ukrainien a récemment renforcé les positions dans la ville avec de nouvelles unités, incluant des troupes d’assaut, de l’artillerie, des équipes de drones et d’autres composantes des forces de défense. Mais acheminer ces renforts sous le feu constant de l’artillerie et la surveillance omnipresente des drones russes relève de l’exploit quotidien.

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