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Chronique : L’Europe au pied du mur, 120 milliards ou la capitulation
Credit: Adobe Stock

Le tournant est brutal. Jusqu’en juillet 2025, l’aide militaire américaine coulait régulièrement vers l’Ukraine. Missiles Patriot. Obus d’artillerie. Systèmes HIMARS. Blindés Bradley. Mais depuis la fin de l’été, le robinet s’est fermé. Progressivement. Discrètement. Trump ne l’annonce pas publiquement — il nie même parfois. Mais sur le terrain, les livraisons ralentissent. Les délais s’allongent. Les stocks américains restent à Ramstein. Et l’Ukraine commence à manquer. Pas encore catastrophiquement. Mais suffisamment pour inquiéter. Eric Chol le rappelle dans son édito : depuis 2022, Europe et États-Unis ont fourni à parts égales un volume annuel de 60 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine. Soixante chacun. Cent vingt au total. Cette parité a permis à Kiev de tenir. De résister. De lancer des contre-offensives. Mais maintenant, cette symétrie se brise. L’Amérique se retire. Et l’Europe doit décider : compense-t-elle seule les 60 milliards manquants ? Ou laisse-t-elle l’Ukraine combattre avec la moitié des ressources ? La réponse conditionne tout. Parce qu’avec 60 milliards, l’Ukraine peut tenir les lignes. Avec 120, elle peut contre-attaquer. Avec 30, elle s’effondre. C’est aussi simple que ça. Et aussi brutal.

François Heisbourg : « Doubler la mise ou perdre »

François Heisbourg ne mâche pas ses mots. Conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique, il analyse froidement l’équation. « Le défi, pour les Européens, consiste à doubler la mise s’ils veulent maintenir le niveau d’aide à Kiev. » Doubler. Passer de 60 à 120 milliards par an. C’est énorme. C’est l’équivalent du budget militaire annuel de l’Allemagne. Ou presque trois fois celui de la France. Mais c’est nécessaire. Parce que sans cette aide, l’Ukraine ne peut pas produire assez d’obus. Elle ne peut pas acheter assez de drones. Elle ne peut pas payer ses soldats. Elle ne peut pas importer l’électricité nécessaire après que la Russie a détruit 60% de sa production gazière. Elle ne peut pas survivre. Et si l’Ukraine tombe, c’est toute l’architecture de sécurité européenne qui s’effondre avec elle. Les garanties de l’OTAN perdent leur crédibilité. Les frontières de 1991 ne valent plus rien. Et Poutine comprend qu’il peut prendre ce qu’il veut par la force. Donc l’Europe doit doubler. Maintenant. Immédiatement. Avant que l’Ukraine ne commence à reculer dangereusement. Avant que Pokrovsk ne tombe. Avant que Kharkiv ne soit encerclée. Avant qu’il ne soit trop tard.

La Suède promet 150 Gripen, la France livre des Mirage

Mais l’Europe ne reste pas inactive. Au contraire. Elle accélère. La Suède vient de promettre 150 avions Gripen à l’Ukraine. Cent cinquante. C’est massif. Les Gripen sont des chasseurs multirôles de quatrième génération. Capables de défense aérienne. D’attaque au sol. De reconnaissance. Ils peuvent porter des missiles AIM-120 pour abattre les avions russes. Des bombes guidées par GPS pour frapper les concentrations de troupes. Des missiles antinavires pour protéger la mer Noire. Et la Suède en donne 150. C’est plus que toute l’aviation de chasse de plusieurs pays européens combinés. La France s’est engagée à livrer de nouveaux Mirage — probablement des Mirage 2000-5 modernisés — et des missiles Aster pour les systèmes de défense aérienne SAMP/T. Les Aster peuvent intercepter les missiles balistiques russes. Les Iskander. Les Kalibr. Même certains missiles hypersoniques si les conditions sont optimales. C’est exactement ce dont l’Ukraine a besoin pour protéger ses villes. Pour défendre Kiev. Pour sécuriser Kharkiv. Pour empêcher Poutine de terroriser les civils avec des frappes nocturnes constantes. Mais tout ça coûte cher. Très cher. Et il faut le financer. Maintenant.

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